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Hollande aux armées : "La France restera en mesure de peser dans la gestion des crises"
Le 09.01.2013 à 19h14 • Mis à jour le 09.01.2013 à 20h21
François Hollande a présenté ses vœux aux armées, le 9 janvier 2013, à Olivet (Loiret).
La stratégie de défense de la France est en cours de redéfinition, et les grandes lignes du projet commencent à se dessiner, telles que tracées par le président de la République lors de ses vœux aux armées, mercredi 9 janvier, devant les militaires du 12e Régiment de cuirassiers, à Olivet, près d'Orléans (Loiret).Le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale sera prêt d'ici la fin février ; le précédent datait de 2008 et cette feuille de route stratégique du pays – soit l'analyse qu'il fait de ses menaces et les moyens qu'il se donne pour s'en protéger sur les quinze prochaines années – devait être revue.
"L'enjeu, pour la France, sera de rester en mesure de peser dans la gestion et le règlement des crises mettant en cause la sécurité internationale ou nos intérêts stratégiques", a indiqué le chef de l'Etat. Le pays continuera d'intervenir dans des
"conflits armés de haute intensité, des guerres".
TERRORISME ET PROLIFÉRATION NUCLÉRAIRELa hiérarchie des menaces est claire : d'abord, le terrorisme – avec en ligne de mire la situation au Sahel, où l'implantation des groupes islamiques extrémistes est analysée comme relevant d'un projet politique durable ; ensuite les attaques informatiques et les intrusions à partir du cyber espace ; enfin, la prolifération nucléaire dans le monde, avec la question iranienne et nord-coréenne en tête.
En ce qui concerne les moyens pour y répondre, la dissuasion gardera sa place, a redit M. Hollande :
"La loi de programmation réaffirmera le maintien de notre stratégie de dissuasion nucléaire avec ses deux composantes, sous-marine et aéroportée", pour lui,
"un consensus fondé sur la certitude que la dissuasion nous protège et nous permet de peser dans le concert mondial." La France, explique-t-on dans les milieux de défense, devra aussi garder une capacité à
"entrer en premier" dans une guerre (ce qui suppose des moyens de renseignement, de détection, et des armements de précision), mais aussi des capacités (pas seulement militaires) de stabilisation de crise, en vue d'engagements longs sur le terrain, comme en Afrique.
BAISSE [b]DES EFFECTIFS DE 17% Avant une nouvelle loi de programmation budgétaire 2013-2019 que les militaires attendent comme très mauvaise, M. Hollande a répété que
"le ministère de la défense participera à l'effort national au même niveau que les autres ministères, pas plus pas moins" et qu'il
"ne saurait être question d'en faire une variable d'ajustement du budget de l'Etat".
Les raisons invoquées sont au nombre de trois :
"C'est un élément de notre souveraineté ; nous sommes dans un système d'alliances que nous servons ; la défense joue un rôle décisif dans l'économie de notre pays", avec 4000 entreprises et 150 000 emplois directs, a-t-il précisé.
Mais les armées sortent d'une profonde réforme qui a prévu de diminuer les effectifs de 17% entre 2009 et 2014, et il manque déjà autour de 4 milliards d'euros pour assumer les ambitions fixées sous la précédente mandature. Les lois de programmation sont
"souvent des affichages peu respectés dans le temps. Ayons des objectifs plus réalistes mais soyons sûrs de les atteindre", a souhaité le président. Le Livre blanc affichera donc des ambitions réduites, avec un
"contrat opérationnel" – le nombre de soldats prêts à être envoyés dans une opération – revu à la baisse.
"ASSUMER PLEINEMENT" LA PRÉSENCE DANS L'OTANAutre changement, évoqué dans le discours présidentiel : un renforcement des alliances et des coopérations de défense. La France va
"assumer pleinement" sa présence dans l'OTAN comme l'a préconisé le rapport de l'ancien ministre Hubert Védrine. Elle cherchera aussi, expliquent les conseillers ministériels, à contractualiser plus précisément avec ses partenaires européens.
Ceci vaut aussi au plan national : l'effort de sécurité sera davantage interministériel. Dans les territoires et départements d'outre-mer, l'on s'oriente ainsi vers des
"contrats opérationnels" passés avec d'autres ministères, l'intérieur bien sûr, mais pas seulement, pour garantir un niveau de moyens suffisants en cas de crise. Dans les opérations de maintien de la paix, même logique, avec le ministère des affaires étrangères et les agences de développement.
Mais c'est un autre sujet qui a provoqué des murmures dans le hangar où le président tenait son discours : Louvois, du nom de ce logiciel de paie qui entraîne
"des défaillances graves dans le paiement des soldes" depuis plus d'un an dans l'armée de terre.
"Il n'est pas possible de répéter ce type d'errements", a promis le président en remerciant les soldats pour leur sens du service.