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Hollande mesure la «gravité exceptionnelle» de la crise
Publié le 31/08/2012 à 19:22
«Je ne reviendrai pas sur les responsabilités d'hier et d'avant-hier. Il ne s'agit plus
de juger le passé mais d'agir dès aujourd'hui pour préparer l'avenir», François Hollande, lors de son discours vendredi à Chalons-en-Champagne.
Le chef de l'État a affirmé que son «devoir» était de «dire la vérité aux Français».C'était une autre époque. Il était venu pendant la présidentielle et avait promis de revenir. Élu, François Hollande a donc tenu l'un de ses engagements: il a inauguré vendredi la 66e Foire de Châlons-en-Champagne. Mais le climat a changé. Le chef de l'État a pu mesurer sur le terrain l'état de l'opinion et «l'inquiétude» que traduit la chute de sa popularité dans les sondages. À son arrivée, des syndicalistes l'ont d'ailleurs interpellé sur le «changement» qui tarde à venir…
Grave lors de son intervention, François Hollande a assuré avoir «entendu» les «attentes», les «espérances» et même les «colères» de «ceux qui ne sont pas payés, qui craignent pour leur emploi, qui expriment leur frustration par rapport à des attentes accumulées depuis des mois». Mais l'heure n'est pas aux bonnes nouvelles.
Réformer la protection sociale«Mon devoir, c'est de dire la vérité aux Français», a assuré le chef de l'État. Avec presque les mêmes mots que son prédécesseur Nicolas Sarkozy, François Hollande a évoqué la «crise d'une gravité exceptionnelle, une crise longue qui dure depuis plus de quatre ans». «Aucune puissance n'est épargnée», l'Europe «est la plus touchée», a-t-il observé, pour replacer la situation de la France dans son contexte sans s'appesantir sur le bilan de son prédécesseur. «Je ne reviendrai pas sur les responsabilités d'hier et d'avant-hier. Il ne s'agit plus de juger le passé mais d'agir dès aujourd'hui pour préparer l'avenir», a-t-il éludé, comme si la page de l'antisarkozysme devait être tournée. «Ma mission de président de la République, c'est de conduire le pays pour qu'il fasse les choix dans le bon ordre, le bon rythme et dans la bonne direction.»
François Hollande veut rassurer. Mais face à l'urgence - «l'emploi» en premier lieu -, le chef de l'État n'a rien de nouveau à annoncer. Tout en donnant le sentiment d'accélérer, il a donc (re)décliné ce qu'il avait déjà promis: emplois d'avenir (le projet de loi a été présenté en Conseil des ministres cette semaine et devrait être adopté avant la fin septembre), contrats de génération (le gouvernement a demandé aux partenaires sociaux d'accélérer la négociation), réforme du marché du travail et sécurisation de l'emploi pour prévenir les plans sociaux (le document d'orientation qui doit être adressé aux partenaires sociaux sera présenté le 10 septembre), création «dans les jours qui viennent» de la Banque publique d'investissement, cession de terrains de l'État pour construire des logements…
Réforme de la protection socialeIl a aussi annoncé une réforme de la protection sociale… «C'est un sujet difficile, tant de fois évoqué, annoncé, jamais traité, et moi, je n'attendrai pas la fin de mon mandat pour faire adopter une disposition à l'application différée», a-t-il lancé. À la TVA sociale de Nicolas Sarkozy, qui aurait dû s'appliquer en octobre, le gouvernement préfère une augmentation et une refonte de la CSG.
Il a aussi promis une réponse au «problème de financement» des collectivités locales: «L'augmentation de la collecte du livret A y contribuera.» Le 12 septembre, il recevra les présidents de région. Une réunion est aussi prévue avec les maires et présidents de conseils généraux. Dans son discours, il a également évoqué la prochaine réforme fiscale sans la détailler.
«Une force qui sait où elle va»Alors que la rentrée est encore plus difficile que prévue, François Hollande veut faire davantage de pédagogie. «Le changement ce n'est pas une somme d'annonces, c'est une force qui sait où elle va», a tenté de résumer le chef de l'État, vendredi, dans une formule mystérieuse.
Optimiste de nature, il rêve d'un retour de la croissance qui éviterait à son gouvernement d'opérer un tournant de la rigueur. Mais au cas où, il faut préparer l'opinion à la prochaine étape, liée à l'impératif de réduction du déficit. Un «devoir», a dit le président. Une «condition» pour «ne pas être dans la main des marchés». Mais qui nécessitera peut-être d'autres efforts qu'il s'est gardé d'annoncer.