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Crise : Sarkozy jugé plus crédible qu'Hollande
Publié le 31/01/2012 à 19:27 SONDAGE - Les Français font davantage confiance au président sortant pour assumer les missions régaliennes de l'État.
Le paradoxe saute aux yeux: nettement en tête dans les sondages sur les intentions de vote, François Hollande est devancé par Nicolas Sarkozy dans tous les domaines qui touchent aux fonctions régaliennes d'un chef de l'État. C'est le principal enseignement de l'enquête OpinionWay - Fiducial pour Le Figaro et LCI. Le président sortant est jugé plus crédible que son adversaire socialiste pour diriger le pays, le réformer et réduire sa dette.
Les Français lui font aussi davantage confiance pour les sortir de la crise, même si, dans ce domaine comme dans celui de la lutte contre le chômage, le scepticisme l'emporte quant à la capacité des représentants des deux grandes familles politiques à trouver une issue.
Les clivages partisans réapparaissent sur les thèmes historiquement préemptés par l'un ou l'autre camp. Pour lutter contre l'immigration clandestine et l'insécurité, François Hollande ne fait pas le poids face à Nicolas Sarkozy. En revanche, le candidat socialiste est jugé bien plus apte à améliorer le système éducatif que son futur adversaire.
La stature présidentielleGrâce à sa promesse de créer 60.000 postes supplémentaires dans l'Éducation nationale? «En partie sans doute, selon Bruno Jeanbart, directeur des études d'OpinionWay, mais la règle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite a vraisemblablement davantage pesé. Elle est particulièrement mal perçue dans l'Éducation.»
Pour notre sondeur, «sur tous les enjeux qui touchent à la stature présidentielle du candidat, Nicolas Sarkozy domine François Hollande». «C'est un trait d'image auquel l'électorat centriste est particulièrement sensible, comme on l'a vu avec Ségolène Royal», ajoute-t-il. La candidate socialiste de 2007 a peu bénéficié des reports de voix des électeurs de François Bayrou.
En terme de capacité de rassemblement, en revanche, la supériorité de François Hollande est indiscutable. Nicolas Sarkozy connaît le sort habituel des réformateurs… Ce qui n'est pas forcément un handicap dans un contexte de crise. D'ailleurs, les principales mesures annoncées par le chef de l'État lors de son intervention télévisée, dimanche soir, recueillent pour la plupart l'assentiment d'une majorité de l'électorat, toutes tendances confondues.
Les accords compétitivité-emploi, approuvés par 65% des personnes interrogées, n'ont pas provoqué le tollé attendu à gauche. Les ténors du PS ont eu beau se relayer pour expliquer que la mesure constituait une double atteinte aux 35 heures et au respect dû aux partenaires sociaux institutionnels, l'argument n'a pas pris. «Quand on demande aux Français s'il faut abroger les lois Aubry, on constate qu'ils y sont attachés, explique Bruno Jeanbart, mais ils sont majoritairement pour leur assouplissement, surtout si cela peut se faire au niveau local.»
Seule exception, mais notable, à cet accueil positif: la baisse des charges pesant sur les salaires en contrepartie d'une augmentation de la TVA. Pour Bruno Jeanbart, «ce n'est pas une surprise que l'augmentation de la TVA soit mal perçue, y compris dans l'électorat de droite. Nicolas Sarkozy a pris le pari que les prix n'augmenteraient pas, mais ses déclarations à la télévision n'ont pas convaincu. Ce genre de promesses laisse les Français sceptiques, surtout depuis le passage à l'euro.»
S'il s'attendait à ce rejet, pourquoi le chef de l'État a-t-il annoncé dimanche une hausse de la TVA, à moins de trois mois de l'échéance? Pour conforter l'image du «président-courage» qu'il veut se donner face à un adversaire accusé d'«irresponsabilité» et de «démagogie». Décider des mesures impopulaires, «évidemment, c'est extrêmement risqué», estime Bruno Jeanbart. La seule question est de savoir si ça peut marcher.
Les stratèges de l'Élysée et de l'UMP veulent le croire, même si les troupes sont beaucoup plus réservées, comme en témoigne le peu d'enthousiasme avec lequel les députés ont accueilli la nouvelle de la hausse de la TVA. Mais prendre des risques, n'est-ce pas la seule option qui s'offre désormais à Nicolas Sarkozy?