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Ce que Nicolas Sarkozy a dit au juge
Publié le 24/11/2012 à 09:43 L'ex-président Nicolas Sarkozy après son audience le 21 novembre à Bordeaux.
Le quotidien Sud-Ouest a pu se procurer le compte-rendu de l'audition de l'ancien président de la République par le juge Gentil dans l'affaire Bettencourt. Nicolas Sarkozy nie avoir reçu le moindre euro de la milliardaire.
Douze heures d'audition, et 32 pages de procès-verbal. Le journal Sud-Ouest s'est procuré le compte-rendu de l'audition de Nicolas Sarkozy à Bordeaux, dont il est ressorti sous le statut de témoin assisté. L'ancien président de la République nie avoir reçu des dons illicites de la part du couple Bettencourt, qu'il fréquentait à peine. Voici ses principaux axes de défense.
• Une non-intimité avec la famille Bettencourt Non, Nicolas Sarkozy n'est pas un proche de la famille milliardaire de Neuilly-sur-Seine. «En quinze ans, je n'ai souvenir que d'un dîner chez les Bettencourt. Je peux le dater car je m'y étais rendu avec ma femme Cécilia», affirme l'ancien président au juge. «À l'époque, on disait que les intimes des Bettencourt étaient les Mitterrand et leur entourage». Ce n'est qu'en 2002, avec la victoire de Jacques Chirac à la présidentielle, que la famille héritière de l'empire L'Oréal se rapproche de l'UMP.
Si Nicolas Sarkozy reconnaît avoir rendu visite à André Bettencourt le 24 février 2007, pour le remercier d'une lettre de soutien, il affirme qu'il est «celui qui est allé le moins souvent lui rendre visite parmi les personnalités politiques citées par le personnel de maison de M. et Mme Bettencourt, à savoir Michel Sapin [l'actuel ministre du Travail], les Bérégovoy, Hubert Védrine, les Chirac».
• Des rendez-vous avec Liliane Bettencourt sans lien avec l'argentNicolas Sarkozy s'est expliqué sur deux rendez-vous avec la milliardaire, les 5 novembre 2007 et 2008. L'ancien président nie que Liliane Bettencourt soit venue lui réciter des propos, appris par coeur par son entourage, lui promettant son soutien pour toute sa présidence. «Jamais elle ne se serait permis de tenir des propos d'une telle nature». Nicolas Sarkozy affirme que l'état de santé de la vieille dame était bon. «Elle n'est pas aidée pour parler, pour se lever. Elle ne bégaie pas. Elle est très bien habillée, soignée. Elle ne dit aucune invraisemblance.» Quant à l'objet de sa visite, il s'agissait de l'aider «à se réconcilier avec sa fille», Françoise Meyer-Bettencourt.
L'objet de son second rendez-vous, le 5 novembre 2008, est, selon Nicolas Sarkozy, protégé par sa fonction de président de la République. «[Ce rendez-vous] a eu lieu pendant ma journée de président. L'article 67 de la Constitution règle ces questions sans ambiguïté. Si je dois rendre-compte d'un rendez-vous en tant que président de la République et à la présidence de la République, ce sera devant la Haute cour.»
Il estime qu'il n'a «pas à se reprocher d'avoir reçu Liliane Bettencourt à sa demande, accompagnée d'un monsieur que je n'ai jamais vu et qui s'est avéré être Patrice de Maistre. J'ai donné rendez-vous à la première actionnaire de la première entreprise de France, une des premières contribuables de France et enfin quelqu'un que je connaissais depuis Neuilly.»
• Les rencontres Woerth-de Maistre n'ont rien à voir avec luiPour Nicolas Sarkozy, c'est clair. Ce qui a pu se passer entre son trésorier de campagne et la famille Bettencourt durant la campagne présidentielle n'ont rien à voir avec lui. «André Bettencourt n'a jamais pris rendez-vous avec moi pour le financement de la campagne car je ne m'en occupe pas. Il y a un fossé infranchissable avec le candidat (...) Je ne fais aucun chèque, je ne règle aucune dépense et je ne reçois rien.» Quant à Eric Woerth, il «ne me parle jamais des donateurs (...) Jamais il ne me parle de Patrice de Maistre et des Bettencourt.»
L'ancien président garde cet axe de défense lorsque que le juge lui évoque les 400.000 euros rapatriés des comptes suisses des Bettencourt en avril 2007. «Que Liliane Bettencourt ait parlé argent avec Patrice de Maistre ou qu'elle ait fait venir de l'argent de Suisse, en quoi ça me concerne?» Idem lorsque le témoignage de Claire Thibout est abordé. Cette dernière affirme que le gestionnaire de fortune lui a demandé de retirer 150.000 euros en argent liquide, qu'il aurait ensuite remis à Eric Woerth. «Patrice de Maistre? Je n'ai aucun rapport avec lui, puisqu'il est établi qu'à cette date, je ne l'ai jamais rencontré. Patrice de Maistre rencontre mon trésorier. Mon trésorier conteste formellement avoir touché de l'argent. Quel est l'élement factuel concordant grave qui peut me mettre en cause?»
• Une absence de preuves factuelles «Moi, Nicolas Sarkozy, en tant que tel, quel don aurais-je obtenu? Quelle demande aurais-je faite et au cours de quel rendez-vous? Quel élément factuel peut m'être opposé? (..) Je n'ai jamais rien reçu, jamais rien demandé», affirme l'ancien président.
«Quand je vous dis que j'ai découvert Patrice de Maistre le 5 novembre 2008 en ouvrant la porte de mon bureau, je vous demande de me croire. Je connais les Bettencourt depuis que j'ai 28 ans [âge où il est devenu maire de Neuilly, ndlr]. J'en ai 57. J'ai fait cinq campagne municipales. Ils ne m'ont jamais donné un sou et je ne leur ai jamais rien demandé. Je n'allais pas commencer à 52 ans comme président de la République»
Nicolas Sarkozy conclut sa longue audition en expliquant «comprendre la démarche du juge». «Mais ce n'est pas facile. M'imaginer profiter de la faiblesse d'une vieille dame ...»