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Affaire Bettencourt : Sarkozy fournit son agenda au juge
Mis à jour le 17/06/2012 à 10:46 | publié le 17/06/2012 à 09:01
Nicolas Sarkozy a décidé de prendre les devants dans l'affaire Bettencourt.
L'ancien président, qui a perdu son immunité, a fait adresser au juge d'instruction une copie de son emploi du temps du premier semestre de 2007. Il entend ainsi contredire les accusations portées contre lui.Nicolas Sarkozy applique le vieil adage selon lequel la meilleure défense, c'est l'attaque. L'ancien président, qui est redevenu vendredi à minuit un justiciable comme les autres, a pris l'initiative de faire adresser au juge d'instruction en charge de l'affaire Bettencourt une copie de son agenda du premier semestre de 2007, révèle le
Journal du dimanche. Une preuve censée contredire les déclarations de témoins sur ses visites chez l'héritière de L'Oréal.
L'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, a accompagné cet agenda, dont l'original a été placé chez un huissier, d'une lettre de sept pages. Il y explique, rapporte le
JDD, vouloir démontrer que les «prétendus rendez-vous secrets» au domicile des époux Bettencourt au printemps 2007 n'ont «matériellement pas pu avoir lieu», au regard de l'emploi du temps de celui qui était alors candidat à la présidentielle.
Le juge Jean-Michel Gentil enquête sur un possible financement illicite de cette campagne. Dans une ordonnance datant du 22 mars dernier, il s'interrogeait sur la possibilité de versements secrets du couple Bettencourt à Nicolas Sarkozy. Il est notamment question d'une mallette de 400.000 euros que Patrice de Maistre, l'homme de confiance de Liliane Bettencourt, aurait récupérée la veille d'un rendez-vous avec Eric Woerth, trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy. Le candidat lui-même, d'après les déclarations de membres du personnel de maison des Bettencourt ainsi qu'un écrit du photographe François-Marie Banier, se serait rendu à trois reprises au domicile de la milliardaire.
«Des extraits certifiés conformes»En présentant l'agenda de cette période, l'avocat de Nicolas Sarkozy entend discréditer ces témoignages. «Pour mettre un terme à ces allégations infondées et lever toute incertitude, M. Nicolas Sarkozy m'a chargé de vous adresser des extraits certifiés conformes par un huissier de justice de son agenda pour l'année 2007, afin de permettre la comparaison de son emploi du temps avec les dates des prétendues visites qui lui seraient imputées», écrit l'avocat, cité par le
JDD, qui se dit certain que «cette comparaison permettra de démentir formellement la mise en cause dont il n'a cessé de faire l'objet».
Date par date, Me Herzog met en avant les interviews, meetings et autres rendez-vous prévus dans l'agenda du candidat et qui auraient physiquement empêché sa présence chez les Bettencourt. Certains sont probants, tels des enregistrements d'émissions ou des déplacements à l'autre bout de la France. D'autres pourraient être jugés moins convaincants par Jean-Michel Gentil. Car la défense de Nicolas Sarkozy admet une visite à André Bettencourt,le 24 février 2007, notée dans l'agenda entre un rendez-vous à 11 heures et un déjeuner à 13 heures, et qui aurait duré «20 à 25 minutes». Or, à d'autres dates où il était présent à Paris, Nicolas Sarkozy disposait d'une même plage horaire, comme le 31 mars, avec un rendez-vous prévu à 17h30 et le suivant à 19h30.
Quoi qu'il en soit, il est peu fréquent qu'une personne publiquement mise en cause dans un dossier prenne une telle initiative. Alors que, comme le souligne Me Herzog, Nicolas Sarkozy s'apprêtait à retrouver, avec la perte de son immunité présidentielle le 16 juin (samedi), «pleine liberté de se défendre des accusations portées publiquement à son encontre depuis de nombreux mois», se murmurait deuis quelques jours la possibilité d'une convocation chez le juge ou d'une perquisition à son domicile. L'ex-président aura donc sans doute voulu prendre la main.