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Hollande appelle l'Europe à agir face à la crise
Mis à jour le 30/08/2012 à 22:24 | publié le 30/08/2012 à 19:22
François Hollande et Mariano Rajoy, jeudi à la Moncloa, à Madrid.
Le président a rencontré jeudi à Madrid le chef du gouvernement espagnol, pour préparer le Conseil européen d'octobre.En sait-il plus sur la situation de l'Espagne? Pas sûr. Jeudi, François Hollande s'est rendu à Madrid pour prendre le pouls de Mariano Rajoy. Son pays demandera-t-il l'aide du Mécanisme européen de stabilité? Soumis à des contraintes politiques locales - élections en Galice et au Pays basque -, le chef du gouvernement espagnol n'a pas voulu en dire un mot mais a nié tout attentisme électoral. «Ces accusations proviennent de personnes qui font du mauvais esprit», a-t-il éludé. Comme François Hollande?
Pour cette nouvelle étape de sa tournée européenne de préparation du Conseil européen du 19 octobre, le président de la République a appelé ses homologues à passer enfin à l'action. «Cela fait trop longtemps que nous reportons un certain nombre de décisions et que nous laissons un doute s'installer», a déploré le chef de l'État lors d'une conférence de presse commune avec Mariano Rajoy depuis le palais de la Moncloa, siège du gouvernement espagnol. Mais l'agacement de François Hollande ne visait pas tant son hôte que l'ensemble de ses partenaires européens, dont Angela Merkel, à qui il a rendu visite à Berlin la semaine dernière, et Mario Monti, qu'il ira voir la semaine prochaine.
Il y va des engagements de campagne de François Hollande. Après avoir ajouté un volet de croissance au pacte de stabilité le 29 juin à Bruxelles, le président français veut désormais faire appliquer son «paquet croissance». «C'est le Conseil du 19 qui procédera à cette application, mais à condition que pour la Grèce et l'Espagne, il y ait des garanties», a-t-il expliqué ensuite à l'ambassade de France, en marge d'une rencontre avec les expatriés.
Pacte de croissanceSans que la situation soit comparable à la Grèce, l'Espagne traverse toutefois une grave crise avec un taux de chômage élevé, une panne de croissance et un endettement lourd. À tel point que Mariano Rajoy a dû augmenter les impôts et la TVA, contrairement à ses engagements de campagne. «La réalité, c'est la réalité. Ne pas augmenter les impôts comme je l'avais promis aurait été une grave erreur», a assuré Mariano Rajoy. Il en paye le prix aujourd'hui avec une popularité au plus bas. François Hollande n'en est pas là. Mais il le reconnaît: «Quand la croissance n'est pas au rendez-vous, quand des efforts sont demandés, quand il y a des inquiétudes, il y a forcément un doute qui s'installe dans l'opinion publique», a-t-il glissé, comme en écho à sa chute dans les sondages.
Désormais, François Hollande veut accélérer au niveau de l'Union européenne pour que son paquet croissance soit appliqué. «Le problème de l'Europe, c'est qu'elle reporte trop souvent ses décisions et les met trop tardivement en œuvre», a-t-il déploré.
À l'égard de la BCE, François Hollande a également adressé un message subliminal, se gardant de toute déclaration intempestive. «Parmi ses missions, il y a la stabilité des prix, mais aussi la politique monétaire», a-t-il relevé en se demandant, si lorsque l'on constatait des écarts de taux d'intérêt «sans justification» entre divers pays européens, cela ne supposait pas une action de la BCE. En ce moment, les taux d'intérêt sur la dette espagnole dépassent les 5 % quand d'autres pays frôlent le 0 %. Mariano Rajoy milite pour que la BCE rachète de la dette souveraine espagnole sur le marché secondaire pour l'alléger. Mais, publiquement, il n'en a pas dit un mot, se refusant même à commenter les propos de Mario Draghi, patron de la BCE, qui avait estimé le matin qu'«une situation exceptionnelle» appelait «des mesures exceptionnelles».
François Hollande et Mariano Rajoy se reverront à Paris le 10 octobre pour une rencontre bilatérale.