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Hollande englué dans l'impopularité
Publié le 08/11/2013 à 19:18
François Hollande, lundi, sur le perron de l'Élysée.
Le chef de l'État atteint un niveau record de désamour, 18 mois seulement après son élection.
Cela peut paraître étonnant, mais en ces temps d'impopularité record pour le chef de l'État et son premier ministre, il se trouve encore des Français pour soutenir leur politique. Certains ministres assurent même en avoir rencontré lors de leurs déplacements sur le terrain, à l'instar de Najat Vallaud-Belkacem. «Les gens ne sont pas du tout aussi agressifs qu'on le laisse entendre. Il y en a même qui nous encouragent à persévérer», confie la ministre du Droit des femmes. Le dernier carré des fidèles électeurs irréductibles?
Au regard de la chute vertigineuse de François Hollande dans les sondages, les instituts s'interrogent. Y a-t-il un niveau au-dessous duquel le chef de l'État ne pourrait mécaniquement plus descendre? «Il y a probablement un plancher, un socle minimum d'électeurs socialistes très accrochés au PS. Mais à combien se situe-t-il? Nous n'en savons rien», reconnaît Bruno Jeanbart, directeur des études politiques d'OpinionWay. Voilà pour la vision optimiste. Du côté pessimiste, le directeur général adjoint de BVA, Gaël Sliman, prévient: «Il n'y a pas de raison pour qu'il y ait un plancher.»
Avec François Hollande et Jean-Marc Ayrault, les instituts de sondage s'aventurent donc sur la terra incognita de l'impopularité record. «Sous la Ve République, jamais un président n'avait atteint une telle impopularité. Même pas Nicolas Sarkozy qui, à l'époque, paraissait déjà bien bas», note Gaël Sliman qui souligne en outre que le baromètre d'opinion de son institut «n'est pas bien méchant puisque nous testons l'opinion à l'égard de l'homme et pas de son action». Or tout indique que la baisse n'est pas terminée. «Les courbes que nous observons dessinent un nouveau palier. On risque d'assister à une stabilisation sur le palier inférieur plus qu'à une remontée», indique Bruno Jeanbart.
Ce qui est nouveau avec l'impopularité de François Hollande, ce n'est pas tant son niveau très faible que la vitesse à laquelle il l'a atteinte. En leur temps, François Mitterrand, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy avaient eux aussi connu les affres des enquêtes d'opinion cataclysmiques. Mais pas aussi vite. «Il n'est jamais arrivé qu'au bout de seulement dix-huit mois d'un premier mandat, un président de la République soit aussi bas», observe Bruno Jeanbart.
Le moral des troupes plombé
Dès lors, une autre question surgit: François Hollande peut-il remonter? «J'ai une théorie qui est celle de l'élastique, expliquait récemment Bruno Le Roux, patron des députés socialistes et proche du chef de l'État. Dès lors que les résultats seront là, la remontée sera aussi rapide que la chute a été brutale.» Si, depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy, les sondeurs s'accordent pour reconnaître une accélération des phénomènes d'impopularité, ils se montrent en revanche plus prudents sur les remontées et encore plus sur l'hypothèse d'un retour en grâce rapide du président.
Car dans cette chute sondagière entamée à la rentrée de septembre 2012, ce sont plusieurs traits d'image primordiaux de François Hollande qui ont été atteints. D'abord sa capacité à prendre des décisions tranchées, ensuite sa propension à faire preuve d'autorité. Or ces deux caractéristiques sont naturellement attachées à la fonction de président de la République. «Il n'y a pas d'inéluctabilité à l'impopularité, assure Gaël Sliman. Mais les ressorts de celle de François Hollande portent un risque. Les Français ont le sentiment qu'il manque de courage, d'autorité, de dynamisme, qu'il n'est pas assez volontaire, courageux. Si ces marqueurs devaient s'imprimer durablement dans les esprits, cela aurait pour lui un effet aussi dévastateur que le Fouquet's pour Nicolas Sarkozy.»
Cette impopularité, François Hollande était pourtant prêt à l'assumer, persuadé que la réussite de sa politique lui permettrait ensuite de remonter. Il l'avait même théorisée en divisant son quinquennat en deux parties: d'abord le redressement, ensuite la redistribution. Les mesures difficiles, puis les cadeaux. Soit l'inverse de ce qu'avaient fait en leur temps François Mitterrand à l'Élysée et Lionel Jospin à Matignon. Tous deux avaient entamé leurs mandats respectifs par des mesures populaires et avaient terminé laminés par l'impopularité. François Hollande voulait faire l'inverse. Mais aujourd'hui «le risque est que même si la situation s'améliore, les Français ne lui en accordent pas le crédit», met en garde Gaël Sliman. Pour l'heure, l'impopularité record du chef de l'État plombe le moral des troupes, réduit les marges de manœuvre du gouvernement ainsi que sa capacité d'action. «C'est une période difficile, reconnaît un ministre qui nuance, presque désabusé: Mais a-t-on jamais eu une période facile depuis dix-huit mois?»