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"Hollande, ta loi, on n'en veut pas" : les opposants au mariage gay dans la rue
Publié le 22.04.2013 05:44
Des opposants au mariage gay, le 21 avril 2013 à Paris
Des dizaines de milliers d'opposants au mariage homosexuel ont une nouvelle fois crié dimanche à Paris leur hostilité à la loi sur le mariage homosexuel qui sera adoptée mardi, dans une marée de drapeaux blancs, roses et bleus et aux cris de "Hollande, ta loi, on n'en veut pas".
La présidente du Parti démocrate-chrétien, Christine Boutin, aux côtés du député lepéniste Gilbert Collard (D) dans le cortège de la manifestation contre le mariage pour tous, le 21 avril 2013
Après avoir maintenu la pression toute la semaine en se rassemblant tous les jours près de l'Assemblée nationale, où des échauffourées ont éclaté à plusieurs reprises, les opposants au projet de loi comptent sur cette nouvelle mobilisation pour réaffirmer leur "détermination"
La leader anti-mariage pour tous, Frigide Barjot, avant le départ de la manifestation parisienne des opposants, le 21 avril 2013
Juste avant le début du défilé, l'égérie des opposants au mariage homosexuel, Frigide Barjot, porte-parole du collectif "La Manif pour tous", avait réaffirmé que les militants les plus radicaux n'auraient pas accès au cortège, placé sous haute surveillance des forces de l'ordre mais aussi de "services de sécurité professionnels" recrutés par les organisateurs
Des dizaines de milliers d'opposants au mariage homosexuel ont une nouvelle fois crié dimanche à Paris leur hostilité à la loi sur le mariage homosexuel qui sera adoptée mardi, dans une marée de drapeaux blancs, roses et bleus et aux cris de "Hollande, ta loi, on n'en veut pas".
La manifestation a réuni 45.000 personnes selon la police, 270.000 selon les organisateurs.
Chants, danses, appels à la "fête", familles et séniors: tout a été fait pour donner une allure bon enfant au défilé parti de la place Denfert-Rochereau pour rejoindre l'esplanade des Invalides. Le cortège s'est dispersé vers 18H45 sans aucun incident.
Dans la soirée, des échauffourées ont éclaté aux Invalides entre plusieurs dizaines de jeunes opposants et les forces de l'ordre qui ont procédé à des interpellations. Impassibles à quelques mètres de ce face à face, d'autres militants poursuivaient une "veillée" à la lueur de bougies.
Dans l'après-midi, c'est sous un soleil éclatant que les manifestants ont affiché leur détermination: "Entendez monsieur le Président, ce peuple qui s'est levé. C'est un peuple libre, ne dédaignez pas cette colère, ne niez pas cette révolte, changez de politique avant qu'il soit trop tard!", a exhorté l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, depuis un camion-podium.
Sur BFM-TV/Le Point, il a ensuite dénoncé un chiffrage "mensonger" du nombre de manifestants. "Si on continue à mépriser ainsi les manifestants, ça va très mal se terminer", a également averti le député UMP.
Pour Arnaud P., 36 ans, poussette en mains, le gouvernement veut "saper l'institution du mariage". "Ce qui est terrible, c'est qu'on passe pour des méchants", regrette-t-il. Son frère Louis-Marie, 27 ans, est là "pour défendre les valeurs traditionnelles".
Porte-parole du mouvement, Frigide Barjot, disait cette semaine attendre pour cette manifestation régionale jusqu'à 50.000 personnes. Le grand rassemblement national du 24 mars avait mobilisé 300.000 personnes selon la police mais 1,4 million selon les organisateurs. Ce dimanche aucun déplacement depuis la province n'avait été organisé et La Manif pour tous a annoncé une nouvelle manifestation nationale de 26 mai.
Les cloches de Saint-Francois XavierSous la pression des incidents qui ont émaillé les rassemblements anti-mariage toute la semaine près de l'Assemblée nationale, où les députés achevaient de débattre du texte, La manif pour tous a mis l'accent sur la sécurité.
"Nous voulons une manifestation pacifique et nous rejetons tous les groupes qui s'en prennent directement aux personnes homosexuelles", avait redit avant le départ du cortège Frigide Barjot. Les agents de sécurité de La Manif pour Tous, tee-shirts rouges et oreillettes, étaient visibles dans la foule et sur les côtés du cortège.
Manuel Valls a passé en revue le dispositif des forces de l'ordre avant le début du défilé. Trois manifestants porteurs de bombes lacrymogènes ont été interpellés le long du cortège.
"Hollande démission", "Hollande, ta loi on en veut pas", a crié la foule. Les cloches de l'église Saint-Francois Xavier (VIIème arrondissement) ont sonné à toute volée au passage de la manifestation. Chaque fois qu'un slogan trop exalté se faisait entendre, la sono de l'organisation le couvrait d'une phrase plus lisse.
D'autres slogans ont pris à partie l'objectivité des journalistes, après des rumeurs de falsification de photographies du rassemblement du 24 mars, démentie par la préfecture de police.
Dans la manifestation, Alexandre Gabriac, leader des Jeunesses nationalistes faisait clairement partie des indésirables: "Nous sommes une cinquantaine de nationalistes dans la manif et nous estimons que nous avons toute légitimité à être là, comme nous l'avons fait depuis le début du mouvement", a-t-il déclaré.
Comme lors des mobilisations précédentes, l'UMP et le Front national ont envoyé une délégation. L'ancienne ministre Christine Boutin, les députés UMP Patrick Ollier et Hervé Mariton, le député FN Gibert Collard se tenaient derrière la même banderole.
Cette proximité a fait réagir plusieurs élus et le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a mis en cause l'UMP qui a fait du "mouvement anti-mariage" homosexuel "une sorte d'acte fondateur entre la droite et l'extrême droite".
Loin des Invalides, place de la Bastille, quelque 3.500 personnes selon la police, 15.000 selon les organisateurs, favorables au projet de loi ont répliqué en "dénonçant l'homophobie" et en revendiquant "l'égalité des droits". Le maire de Paris, Bertrand Delanoë (PS) et le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon sont venus les soutenir.
Mardi après-midi, le texte autorisant le mariage homosexuel sera solennellement adopté par l'Assemblée nationale. Pro et anti mariage manifesteront à nouveau.
Les opposants veulent croire que le gouvernement peut renoncer à appliquer la loi, comme ce fut le cas pour le Contrat première embauche(CPE) en 2006. Ils mettent également leurs espoirs dans une éventuelle censure du Conseil constitutionnel.