Au Japon, Hollande tente de marcher dans les pas de Chirac

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Au Japon, Hollande tente de marcher dans les pas de Chirac

Publié le 08/06/2013 à 16:04


François Hollande, samedi, à l'Institut français de Tokyo.

Passionné par la culture japonaise, l'ancien président de la République a marqué les relations entre la France et le Japon. Après l'ère Sarkozy qui n'a pas eu le même impact, l'actuel chef de l'État tente de retisser des liens.

Au Japon, il parle culture, s'éclipse pour visiter des musées, vante les arts martiaux locaux. Jacques Chirac? Non, François Hollande. Tout au long de sa visite d'Etat à Tokyo, largement consacrée au volet économique des relations entre la France et le Japon, le président de la République a suivi en parallèle un programme à forte connotation culturelle et n'a pas cessé d'évoquer le sujet. Une nouveauté dans le discours du chef de l'État. «Je ne sais pas si c'est nouveau mais en tous cas c'est réel», nuance Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères.

«C'est un aspect essentiel ici, explique un autre ministre de la délégation. La France et le Japon, ce sont deux civilisations de l'art de vivre qui se reconnaissent l'une l'autre». Alors comme Jacques Chirac, François Hollande s'est impliqué. «Si cela n'avait tenu qu'à moi, je n'aurais fait que des musées», a-t-il lancé au terme de son voyage devant les expatriés français réunis à l'ambassade de France. Pour retisser avec l'Archipel une relation dont on assure autour de lui que Nicolas Sarkozy l'avait abîmée? Au Japon en tous cas, on a déjà tourné la page. Comme Jacques Chirac est appelé là-bas Chiraku, François Hollande a lui aussi trouvé son nom local: Hollando.

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C'est vrai que Jacques Chirac a avec le Japon une relation particulière
François Hollande
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Un journaliste japonais explique: «Ça ne s'est jamais vraiment bien passé avec Sarkozy. Chirac, lui, est venu une cinquantaine de fois à titre privé». À écouter Fabius, «les Japonais ont beaucoup d'affection pour Chirac. Mais ce sont des gens particulièrement pudiques. Ils ne m'ont pas demandé de ses nouvelles». À François Hollande si. «Les autorités du Japon m'ont demandé comment il allait, et je leur ai répondu», a sobrement répondu le chef de l'État. Auparavant, il l'avait reconnu: «C'est vrai que Jacques Chirac a avec le Japon une relation particulière».

D'ailleurs, dans les caves de l'Élysée, lorsque le Palais a récemment organisé la vente aux enchères de ses grands vins, des bouteilles de saké ont été retrouvées. L'identité du commanditaire n'a laissé aucun doute au Palais. Jacques Chirac bien sûr. François Hollande le sait, ce dernier laisse une impression plus que positive aux Japonais. Mais il n'a évoqué que rarement son prédécesseur au cours de son voyage. Dans son discours à la Diète, le parlement japonais, et au cours de son déjeuner avec le premier ministre Shinzo Abe. «Les Japonais lui ont dit que Jacques Chirac est un grand ami du Japon», raconte la ministre de la culture Aurélie Filippetti.

Pour le reste, ce n'est que par allusions que François Hollande y a fait référence. Comme à l'institut français lorsqu'une femme lui présente une bouteille de jus de pomme qu'elle produit. François Hollande s'en saisit, décapsule et avale une gorgée. «J'avais un prédécesseur qui avait fait campagne sur le thème ‘Mangez des pommes'. Moi je fais ‘Buvez des pommes'. Il y a une évolution», plaisante-t-il dans une référence au pommier, symbole de la campagne présidentielle victorieuse de Jacques Chirac en 1995.

Approche différente

Mais l'approche de François Hollande avec le Japon est nettement plus pragmatique que celle de Jacques Chirac qui nourrissait une véritable passion pour le pays. Pour le président de la République, la culture c'est «à la fois un point commun entre la France et le Japon mais également un levier pour nos économies. C'est l'élévation de l'esprit mais c'est aussi un investissement», a-t-il expliqué à l'issue de son voyage. Gastronomie, luxe, mode... la culture française comme autant de marchés où renforcer la présence française.

Une approche différente donc, même si François Hollande ne dément pas explicitement vouloir marcher dans les pas de Jacques Chirac. «Il y a toujours une continuité. Je n'ai jamais conçu la politique étrangère comme une rupture», explique-t-il.