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Hollande à contrepied de Chirac à Jérusalem
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Publié le 18/11/2013 à 11:40
Pour la visite du chef de l'État à Sainte-Anne, les Israéliens avaient accédé à la requête française d'être dispensés de toute présence policière dans l'enceinte du domaine religieux.
François Hollande a effectué lundi matin une visite du domaine de Sainte-Anne, dans la vieille ville de Jérusalem, qui contraste en tous points avec celle de Jacques Chirac en 1996. Nul dans la Ville sainte n'a oublié la promenade de l'ancien président français dans les ruelles verrouillées par la police israélienne, les bousculades et la colère du visiteur menaçant de retourner illico à l'aéroport.
VIDEO INAhttp://www.ina.fr/video/CAB96053421/chirac-incident-securite-video.html
Cette fois pas de «provocation» de la sécurité israélienne, en échange d'exigences minimales côté français. Le cortège motorisé a déposé François Hollande à 25 mètres de Sainte-Anne, dans une rue sans badauds mais pleine de policiers et de gardes-frontières lourdement armés. Autant pour la «promenade» dans la vieille ville, cœur de Jérusalem annexé par Israël après la conquête de 1967 et que les Palestiniens considèrent comme un territoire occupé.
En revanche, les Israéliens avaient accédé à la requête française d'être dispensés de toute présence policière dans l'enceinte de Sainte-Anne. En 1996, Jacques Chirac avait exigé l'évacuation d'une vingtaine de soldats déployés dans le domaine religieux avant d'y pénétrer. Administrée par les Pères Blancs, Sainte-Anne est en effet placée sous la protection de la République depuis que le sultan ottoman en a fait don à la France en 1856, après la guerre de Crimée.
«Pourquoi ces deux poids, deux mesures?»
Rapide visite de la piscine probatique et de l'église construite par les Croisés sur le lieu supposé de la naissance de Marie, mère de Jésus. Puis le président va à la rencontre d'une poignée de représentants des Palestiniens de Jérusalem. Pour la première fois depuis son arrivée en Israël dimanche, il entend parler des difficultés pratiques de la cohabitation et des obstacles au processus de paix.
«Jérusalem n'existe pas en tant que ville palestinienne, commence Hind Khoury, ancienne déléguée de la Palestine en France. Nous sommes forcés de nier notre histoire et notre identité. Vous avez parlé (dimanche) de la souffrance du peuple juif, mais pour nous ici la vie est insupportable. Pourquoi ces deux poids, deux mesures? On a besoin d'entendre le monde parler de notre souffrance. On veut la paix, on en a payé le prix mais on ne la voit pas venir». Houda al-Imam, directrice du Centre d'études sur Jérusalem à l'université d'al-Qods, dénonce «la judaïsation de la ville et de son patrimoine. Israël bafoue toutes les conventions internationales, dit-elle. Les habitants arabes de Jérusalem sont en cage.»
Aux doléances politiques et culturelles s'ajoutent les appels à l'aide économique de la France. François Hollande répond: «Ceux qui défendent le statu quo font le calcul qu'il n'y aura jamais la paix». Une première pique en direction du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, avec lequel il multipliait la veille les expressions d'amitié? «Il faut mettre une pression maximale sur le processus de paix durant les six mois qu'il reste aux négociations, ajoute le président. C'est le moment de faire la paix, tout le monde veut la paix, c'est l'occasion».