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Les édulcorants présentent-ils des risques pour la santé ?
Publié le 04/09/2012
La dose journalière admissible d'aspartame, établie il y a trente ans, est en cours de réévaluation.
Ces produits n'ont pas d'intérêt nutritionnel, sauf dans le cadre de certaines maladies comme le diabète. Pour éviter de consommer trop de sucre et de calories, qui n'a pas craqué pour des aliments contenant des édulcorants, principalement de l'aspartame? Ce succédané de sucre présent dans plus de 6000 produits est cependant régulièrement pointé du doigt pour ses effets nocifs sur la santé. Alors faut-il s'en méfier et le bannir de notre assiette? La plupart des spécialistes se montrent rassurants.
«Les édulcorants dits intenses et notamment l'aspartame ont fait l'objet de nombreuses études toxicologiques, notamment pour le risque cancérigène. À court et moyen terme, il n'y a pas de risques», souligne le Pr Joelle Goudable, enseignante à l'université de Lyon et auteur d'un article sur les édulcorants dans la revue
Obesity en 2011.
«Depuis trente ans, rien n'a été démontr黫Nous pouvons dire qu'il n'existe pas de problème sécuritaire majeur avec l'aspartame», surenchérit le Pr Ambroise Martin, professeur de nutrition à Lyon et expert auprès des agences françaises et européenne de sécurité sanitaire alimentaire. Cet additif alimentaire n'en demeure pas moins sous observation avec l'ensemble des édulcorants. «Depuis trente ans, rien n'a été démontré. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut cesser de surveiller d'éventuels effets toxiques sur le long terme», insiste Joelle Goudable.
Pour le Pr Laurent Chevallier, consultant en nutrition et membre du réseau environnement santé, le doute persiste. C'est pourquoi, selon lui, il est urgent de revoir scientifiquement les doses journalières admissibles (DJA) de l'aspartame: «Cette dose journalière est fondée, selon les rapports officiels, sur les résultats d'études dont certaines datent de plus de trente ans, avant la mise en place des bonnes pratiques de laboratoires et surtout n'ont jamais été publiées dans des revues scientifiques, donc non soumises à comité de lecture, ce qui leur donne de facto un faible intérêt sur le plan scientifique.»
«Les gens compensent en mangeant plus»Aujourd'hui, la dose journalière admissible d'aspartame est de 40 mg par kilo de poids corporel. Pour atteindre cette dose, un adulte pesant environ 60 kg devrait boire jusqu'à 36 cannettes de 330 ml de soda light tous les jours. Cette DJA est en cours de réévaluation au niveau européen. Le verdict est attendu pour mai 2013.
Parallèlement, l'Agence de sécurité sanitaire des aliments (Anses) évalue les bénéfices et risques nutritionnels des édulcorants dits intenses. Dans un rapport d'étape publié en juin dernier, l'Anses souligne l'absence de risques avérée chez la femme enceinte mais relève également leur manque d'intérêt nutritionnel.
Cet avis résume le point de vue de la majorité des médecins. «Le seul bénéfice théorique des produits édulcorés est leur absence de calories. Mais jusqu'à présent, cet avantage n'a pas été démontré», explique le Pr Ambroise Martin. Car si les études comparant un régime «sucré» à un régime «édulcoré» montrent une perte de poids plus importante avec les édulcorants, dans la vraie vie, cela ne se passe pas aussi bien. «Les gens ne maigrissent pas car ils compensent. Comme ils savent avoir absorbé moins de calories, ils mangent plus à côté…», constate Joelle Goudable.
Lire les étiquettesD'autres études épidémiologiques indiquent que les consommateurs d'édulcorants sont en surpoids par rapport aux non-consommateurs. Les édulcorants, contrairement à leurs promesses, ne sont donc pas la panacée pour maigrir ou garder la ligne. Au mieux, ils évitent la frustration lors de régime. «Pour certaines personnes, il est très difficile de se passer du goût sucré, dans ce cas les édulcorants peuvent être utiles», précise le Pr Michel Krempf, médecin nutritionniste à l'hôpital de Nantes.
Chez les diabétiques, les édulcorants peuvent également se révéler une aide. «Chez les plus jeunes notamment, les boissons édulcorées leur permettent d'avoir une vie sociale», souligne le professeur Monique Romon, médecin nutritionniste à Lille.
Mais à l'exception de ces cas bien précis, la consommation d'édulcorants ne se justifie pas. La consommation de sodas, sucrés ou édulcorés doit rester occasionnelle. Et en dehors des boissons, mieux vaut bien lire les étiquettes. En raison du fort pouvoir sucrant des édulcorants, certains produits «sans sucres» se révèlent bien plus caloriques que leur version sucrée car le poids du sucre a été remplacé par des graisses…