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François Hollande maquille la rigueur en «effort juste»
Publié le 14/07/2012 à 15:20
François Hollande, samedi, lors du défilé militaire sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris.
Le chef de l'État lors de son intervention du 14 Juillet a indiqué vouloir redresser le pays «dans la justice».
Fête nationale de crise pour François Hollande. Pour sa première grande intervention télévisée depuis son élection, le chef de l'État est longuement revenu sur les difficultés que traverse la France en s'efforçant d'expliquer comment il comptait y faire face. D'abord en mobilisant la sémantique. Comme son prédécesseur, François Hollande se refuse à utiliser le terme de «rigueur» lui préférant l'expression d' «effort juste». Ce qui revient malgré tout au même, à en juger du moins par les pistes évoquées pour «redresser» le pays «dans la justice».
«J'ai hérité d'un pays dont je connaissais l'état, donc je ne vais pas faire semblant de le découvrir», a assuré François Hollande, souvent tenté de renvoyer à Nicolas Sarkozy et à la droite la responsabilité de l'état du pays. «Je rappelle que la droite était au pouvoir depuis dix ans», a-t-il glissé à deux reprises lors de son entretien diffusé sur TF1 et France 2. Mais désormais, c'est lui qui est à la manoeuvre. Et qui doit par conséquent affronter des difficultés qu'il résume en trois chiffres: d'abord celui de la dette, ensuite celui du chômage, enfin celui du déficit commercial. Tous sont cataclysmiques. Tous appellent des mesures difficiles. Tous menacent de plonger la France dans le déclin. D'où le diagnostic de François Hollande en forme d'appel au patriotisme: «Il y a un effort à faire, il doit être juste».
«Chacun doit faire preuve d'audace pour faire des économies»Il est surtout gigantesque. Selon la Cour des comptes, ce sont 33 milliards d'euros que doit trouver l'Etat l'année prochaine pour équilibrer son budget en respectant l'impératif de réduire les déficits publics. En clair, ce sont les grandes entreprises et les ménages les plus aisés qui paieront en premier, mais pas seulement. Alors que le gouvernement doit s'atteler à la réforme fiscale promise par François Hollande lors de sa campagne, ce dernier l'a assuré samedi: «Je n'écarte aucune ressource (...) Toutes seront sollicitées». Sauf celle, a priori, d'une hausse de la TVA dont il a rappelé qu'il avait abrogé la hausse programmée pour octobre par Nicolas Sarkozy. La hausse de la CSG semble donc désormais acquise mais il n'y aura pas que cela. «Pourquoi regarder la CSG comme seul moyen?» a demandé François Hollande, renvoyant aux partenaires sociaux la responsabilité de se mettre d'accord sur le sujet dans le cadre de la grande conférence sociale dont un bilan d'étape est programmé dans un an.
Signe que «l'effort juste» sera tout de même assez douloureux, François Hollande a évoqué les économies que devrait réaliser l'État sur ses dépenses. Jusqu'alors, il s'était montré plutôt discret sur le sujet, se contentant de rappeler qu'en dehors de la police, de la gendarmerie, de la justice et de l'éducation, où les effectifs augmenteront, tous les autres ministères seraient appelés à réduire les postes. Selon François Hollande, «chacun doit faire preuve d'imagination, d'audace pour faire des économies». L'avertissement est valable pour la fonction publique territoriale mais aussi, dans la limite des moyens d'action de l'état, pour les entreprises. C'est en tous cas ce qu'a semblé dire François Hollande en commentant le plan social chez PSA. À mille lieux de Lionel Jospin qui avait assuré en son temps que «l'Etat ne peut pas tout», François Hollande s'est montré beaucoup plus martial. «L'Etat ne laissera pas faire», a-t-il promis en mettant en cause les choix stratégiques de l'entreprise et sa politique de distribution des dividendes.
S'il s'y était préparé, la tâche qui attend François Hollande à l'Élysée est immense. Mais il l'assure: «j'ai voulu y être. Cela a été un long combat. Ce n'est pas pour déserter maintenant».
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Mali: «c'est aux Africains eux-mêmes de régler la crise»François Hollande a également commenté la situation internationale, en évoquant notamment la situation au Mali: «C'est aux Africains eux-mêmes de régler la crise». Interrogé sur les propos de Laurent Fabius qui avait estimé jeudi que l'usage de la force serait «probable à un moment ou à un autre» pour s'opposer à l'emprise des groupes islamistes sur le nord du Mali, le chef de l'Etat a confirmé la «solidarité» de la France envers la Mali tout en estimant que c'est la mobilisation du Conseil de sécurité de l'Onu, où une première résolution a été votée le 5 juillet, et aux pays de la région d'œuvrer à une sortie de crise. La France, dont six ressortissants sont retenus en otage par al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) «ne peut pas être en première ligne» avait dit jeudi le ministre des Affaires étrangères. Au Mali, a déclaré le président de la République, «ce n'est pas un coup d'Etat de plus». Il y a, a-t-il poursuivi, «un terrorisme qui s'est structuré, qui s'en prend aux personnes et aux monuments» et dont la menace s'étend «à l'échelle de l'Afrique, de la France et de l'Europe».
À propos de la Syrie, François Hollande a déploré que «les drames se succèdent». La réunion, le 6 juillet à Paris, du «groupe des amis» du peuple syrien a permis de «maintenir la pression pour que Bachar el-Assad parte», a affirmé le chef de l'Etat. Néanmoins, la Chine et surtout la Russie continuent à s'opposer à tout interventionnisme de la communauté internationale qui remettrait en cause le pouvoir du président syrien. Le président de la République a renouvelé un appel au président russe. «J'ai dit à Vladimir Poutine (qui a été reçu le 2 juin dernier à l'Elysée, ndlr) que le pire serait d'avoir une guerre civile en Syrie. Il est encore temps, plus que temps», pour agir, a insisté François Hollande.