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Hollande et Ayrault préparent la rigueur sans le dire
Publié le 01/07/2012 à 19:27
François Hollande et Jean-Marc Ayrault mardi dernier à l'Élysée.
Le premier ministre prononcera, mardi, son discours de politique générale.La rigueur, sans doute, mais la rigueur de gauche. Et ça change tout. Ou du moins est-ce censé tout changer. Confrontés aux mêmes difficultés que Nicolas Sarkozy et François Fillon, François Hollande et Jean-Marc Ayrault s'apprêtent à dévoiler la façon dont seront tenus les engagements de campagne du chef de l'État. Ce sera d'abord mardi, à l'Assemblée nationale, lors du discours de politique générale du premier ministre, puis mercredi, en Conseil des ministres, pour la présentation du premier budget du quinquennat. D'ores et déjà, les mesures s'annoncent pour le moins musclées. La hausse limitée du smic avait donné le ton. Désormais, le gouvernement entre dans le dur.
«Je ne vais pas révéler aux Français un nouveau programme», car «ma feuille de route, c'est le projet de François Hollande (…), précis, travaillé, chiffré. C'est le réalisme de gauche», a assuré Jean-Marc Ayrault dans
Le Journal du dimanche . Sauf que, durant la campagne, François Hollande s'était montré volontairement flou sur la façon dont il comptait tenir son engagement de ramener les comptes publics à l'équilibre.
Côté dépenses, le chef de l'État n'avait jamais précisé dans quels ministères il comptait réduire les effectifs. À l'exception des ministères prioritaires annoncés dans son programme - police, gendarmerie, justice, éducation - ce sera donc partout ailleurs. Les effectifs baisseront de «2,5 % par an de 2013 à 2015 inclus». Soit des coupes drastiques, largement au-dessus de celles envisagées à l'époque par Nicolas Sarkozy.
Côté recettes, c'est la fameuse réforme fiscale annoncée par François Hollande que Jean-Marc Ayrault devrait commencer à dévoiler. D'après le rapport de la Cour des comptes sur l'état des finances publiques, il manque entre 7,5 et 8 milliards d'euros dans les caisses de l'État pour qu'Hollande puisse tenir ses objectifs de réduction du déficit pour l'année en cours. Soit autant de hausses d'impôts correspondantes. «Si vous voulez me faire dire que ce sera dur, ce sera très dur», résumait Jérôme Cahuzac, aujourd'hui ministre délégué au Budget, lors d'un entretien à Reuters avant la présidentielle.
Comment dès lors réussir à faire la différence avec Sarkozy, lui aussi engagé à l'époque dans cette difficile course au redressement des comptes? «Il ne faut pas cacher les difficultés, pas les dramatiser non plus», a expliqué Jean-Marc Ayrault. C'est sans doute la clé. Pour difficiles à prendre que soient les mesures de redressement, le chef du gouvernement veut éviter de les rendre anxiogènes. «L'idée est de donner confiance aux Français sur le fait que le cap du redressement fixé et les engagements de la campagne sont tenables et seront tenus, qu'il s'agisse du redressement productif, éducatif ou de la transition énergétique», explique un proche d'Ayrault cité par l'AFP.
Inquiétudes à gauchePas question donc d'effets d'annonce spectaculaires. Ce qui ne l'exonérera pas d'avoir à en faire la pédagogie. Cela passe d'abord par la mise en accusation du bilan de Nicolas Sarkozy et ensuite par l'assurance martelée que toutes les mesures de redressement, aussi difficiles soient-elles, se feront «dans la justice».
Pour justifier le tout, Jean-Marc Ayrault s'appuie sur une peinture très sombre de l'environnement économique. «Nous vivons une époque nouvelle, les circonstances ressemblent à la fin des Trente Glorieuses, après le choc pétrolier, confie-t-il au
JDD.Est-ce que notre pays va amorcer un irréversible déclin ou est-ce qu'il se redresse et se mobilise?»
Mardi, il prendra plus d'une heure pour articuler tout cela dans son discours de politique générale avant d'engager la responsabilité de son gouvernement. Un vote purement formel puisque le PS détient la majorité dans l'Hémicycle. En revanche, il ne demandera pas de vote au Sénat, où les socialistes n'ont pas la majorité seuls. Déjà, parmi les alliés du PS, on commence à s'inquiéter de cette rigueur de gauche qui s'annonce.