WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > Politique
L'heure du tournant de la rigueur a sonné pour Hollande
Publié le 06/11/2012 à 19:10
François Hollande lors de son discours à Évian, le 7 septembre.
Six mois jour pour jour après son élection, le président de la République est rattrapé par la contrainte extérieure.Finalement, Nicolas Sarkozy ne s'était trompé que de six mois en livrant, durant la campagne présidentielle, le pronostic suivant: «En 1981, il a fallu deux ans à M. Mitterrand pour faire, à l'époque, le tournant de la rigueur. (Avec François Hollande) il faudrait deux jours.» De fait, c omme son lointain prédécesseur socialiste à l'Élysée, le président de la République se voit aujourd'hui rattrapé par la contrainte extérieure. Voilà en tout cas l'un des enseignements du rapport Gallois tel que l'a traduit mardi le premier ministre Jean-Marc Ayrault dans son pack de mesures pour restaurer la compétitivité française.
Six mois jour pour jour après son élection, François Hollande se voit donc contraint d'enclencher son tournant de la rigueur. Comme symbole de ce qui restera sans doute comme un moment clé de son quinquennat, la hausse de la TVA se pose là. Surtout lorsque l'on recense l'ensemble des déclarations de François Hollande contre toute hausse de la TVA lors de la campagne présidentielle et même après. Le 1er octobre dernier, pour voler au secours d'un premier ministre en proie aux accusations d'immobilisme lancées par la droite, le PS entamait même une grande opération baptisée: «1er octobre: le jour où la TVA n'a pas augmenté», avec la diffusion sur les marchés d'un million de tracts. Objectif: rappeler que la victoire de François Hollande le 6 mai avait permis d'annuler la TVA sociale de Nicolas Sarkozy qui prévoyait une hausse de 2,6 points pour financer… des allégements de charges patronales.
De même qu'il avait donné l'impression de reprendre le traité européen négocié par Nicolas Sarkozy, François Hollande donne à nouveau le sentiment de marcher dans les pas de son ancien adversaire. D'autant que, dans sa déclaration, Jean-Marc Ayrault a également évoqué une réduction des dépenses publiques. «La France doit s'engager dans un effort national de réformes structurelles» qui «porteront sur l'action publique dans son ensemble», a indiqué le premier ministre sans donner plus de détails.
Le changement renvoyé à plus tardLe premier ministre se retrouve dans la situation de 1983 lorsque, deux ans après la victoire de la gauche à l'élection présidentielle, le premier ministre de François Mitterrand, Pierre Mauroy (avec le ministre de l'Économie, Jacques Delors) enclenchait le tournant de la rigueur via, notamment, une augmentation des prélèvements obligatoires et une diminution des dépenses budgétaires. À l'époque, l'épisode avait été interprété comme la conversion des socialistes à l'économie de marché. Il marquait aussi le renoncement de François Mitterrand à ses promesses de campagne. Et pour François Hollande? Le changement est renvoyé à plus tard. «Le changement de méthode et de cap que les Français ont voulu le 6 mai dernier n'a de sens que si nous nous attaquons pleinement au cœur du problème: la relance du moteur de l'économie française», a expliqué Jean-Marc Ayrault.
Pour se justifier, le premier ministre a mis en avant le bilan de la droite au pouvoir ces dix dernières années. «C'est un plan cohérent, complet (…) qui provoque un signe fort comme vous n'avez jamais eu le courage de le faire», a-t-il lancé dans l'hémicycle aux députés de l'opposition, lors de la séance de questions au gouvernement.
Dans la foulée, il a reçu le soutien du premier secrétaire du PS, Harlem Désir, qui a dénoncé le «bilan de dix ans de droite» marqué par «l'abandon de l'industrie, un recul inacceptable par rapport aux capacités de notre pays». Pourtant, sur l'aile gauche du PS et parmi ses partis alliés, comme le PC et le Parti de gauche, on se montrait plus que circonspect sur le plan de Jean-Marc Ayrault. Le tournant de la rigueur sera aussi un test de la cohésion de la majorité.