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L'UMP prend acte de sa défaite et prépare la suite
Mis à jour le 17/06/2012 à 22:20 | publié le 17/06/2012 à 22:09
Jean-François Copé, dimanche soir.
Le sursaut espéré par certains n'a pas eu lieu dimanche.Et maintenant, la claque. Dix ans après sa création, l'UMP découvre pour la première fois le goût très amer de la défaite dans une élection législative. Les électeurs de droite n'ont pas voulu contenir la progression du Parti socialiste. Les appels à ne pas signer un chèque en blanc au PS ne les ont pas convaincus. Dans les dernières semaines, les responsables de la droite étaient nombreux à parier sur un sursaut des électeurs. Ils sentaient leurs troupes encore mobilisées et décidées à sauver l'honneur de la droite, en empêchant le Parti socialiste de détenir à lui seul la majorité absolue.
L'un des premiers, dimanche soir, Alain Juppé a entériné depuis Bordeaux «une victoire nette» du Parti socialiste. Il a souhaité d'emblée une «opposition constructive mais vigilante». Un peu plus tard, depuis sa circonscription, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a «pris acte» de la défaite. «Dès demain, c'est le temps de la reconquête qui commence», a-t-il lancé. «Nous allons installer une opposition à la fois responsable et déterminée», a continué Copé, réélu à près de 60 % des voix à Meaux. Il a ajouté que l'UMP resterait une force de propositions «contre l'assistanat, le laxisme, le communautarisme et le délitement du lien franco-allemand». «C'est un résultat qui n'est pas satisfaisant, mais qui n'est pas décourageant», a estimé de son côté le député européen Brice Hortefeux.
Mais le résultat reste décevant, en réalité, pour un parti qui passe d'un groupe parlementaire de 317 députés à une formation de moins de 220 députés. Certes, de nombreux ténors de la majorité ont été élus dimanche soir. Xavier Bertrand a été reconduit sur le fil et les autres personnalités de la majorité ont bien négocié leur réélection, de Laurent Wauquiez à Valérie Pécresse ou Luc Chatel. En revanche, en début de soirée, Nadine Morano reconnaissait sa défaite.
Des défis à releverS'il a réussi à organiser sa survie, le premier parti de l'opposition a devant lui de très difficiles défis à relever. Le premier est celui de l'incarnation d'un nouveau leadership à droite. Une bataille rude se prépare entre fillonistes et copéistes pour la présidence du parti.
Le deuxième défi est la stratégie à tenir face à un Front national rénové par Marine Le Pen. Ce débat-là sera au cœur de la campagne interne. Bruno Le Maire, qui sort renforcé de ces législatives, a souligné dès vendredi que l'UMP devrait aller «beaucoup plus loin» et ne pas s'en tenir à la ligne du «ni-ni». Sous-entendu: l'UMP devra répondre clairement aux aspirations de l'électorat du Front national tout en fermant la porte à toute perspective d'alliance. Élu avec 57,9 % des voix dimanche soir, malgré un Front national «à 17 %» au premier tour, l'ancien ministre y voit la preuve que ces clarifications sont «payantes».
Trouver des alliésLe troisième défi est celui de la reconquête des électeurs centristes. La création du Nouveau Centre en 2007 n'a pas suffi à combler le vide qui a résulté de la disparition de l'UDF. Depuis, l'UMP cherche désespérément un leader centriste qui ne soit ni trop fort ni trop faible et qui accepterait le rôle compliqué et ingrat de parti d'appoint. «Faute d'alliés, l'UMP a un problème d'apport de voix entre les deux tours, mais il ne faut pas non plus couper l'UMP en deux, car cela mettrait les deux nouveaux partis à hauteur de 20 %, trop près du FN», note un élu.
«L'UMP va peut-être traverser des difficultés, mais il faut se souvenir de l'état délabré dans lequel se trouvait le PS après le départ de François Hollande, en 2008. Aujourd'hui, ils ont tous les pouvoirs», relativise-t-on dans l'entourage de François Fillon. Les élus de droite pensent aussi, tout simplement, que les difficultés économiques qui attendent la gauche pourraient leur redonner un peu d'air, peut-être plus vite que prévu. En attendant les élections municipales, européennes et sénatoriales en 2014.