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Nicolas Sarkozy prend acte des ravages au sein de l'UMP
Mis à jour le 04/12/2012 à 20:51 | publié le 04/12/2012 à 20:31
Nicolas Sarkozy, mardi à Paris, lors de son footing quotidien.
L'ancien président de la République ne mettra plus les mains dans le cambouis.Le tête-à-tête s'éternise. La négociation semble se figer dans le statu quo. Une drôle de trêve s'installe à l'UMP, suspendue au conciliabule des «belligérants».
Il y a un grand point d'interrogation autour d'une négociation ultrasecrète qui fait redouter aux «non-alignés» que leur appel à un nouveau vote passe à la trappe. Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on s'attendait mardi à un Yalta de l'UMP, qui figerait en guerre froide la guerre chaude de ces derniers jours. À Jean-François Copé le parti et à François Fillon la tête de son groupe RUMP.
Si telle était l'issue, ce nouvel aigle à deux têtes démontrerait les limites de l'action d'un Nicolas Sarkozy qui a, en outre, renoncé à intervenir publiquement via un communiqué, pour condamner l'attitude des deux hommes. «On peut faire confiance aux médias pour expliquer que c'est une défaite personnelle pour Sarkozy», prévient déjà un ancien conseiller élyséen. La situation «ne serait pas formidable, mais serait peut-être un moindre mal», corrige Brice Hortefeux.
«Dans cette crise, il n'y a que des perdants». Ce constat signé Nathalie Kosciusko-Morizet s'applique-t-il aussi à Nicolas Sarkozy? Certains à l'UMP considèrent que l'ancien président figure dans le palmarès des personnalités abîmées par la crise de la droite. Certes, il gagne en hauteur de vue, car il ne met pas les mains dans le cambouis. Mais il perd en autorité, car il a souhaité depuis le départ que François Fillon renonce à la création d'un groupe dissident. Ce qui n'est pas le cas. Et il a milité auprès de Jean-François Copé pour qu'un nouveau vote intervienne «avant le mois de juin 2013». Or l'actuel président proclamé de l'UMP ne semble toujours pas prêt à y consentir. «Soyons prudents, ce n'est qu'à la fin de la foire qu'on compte les bouses» rappelle un sarkozyste, et selon lui, «pour l'instant, rien n'est encore arrêté».
Influence bancaleOn voit déjà que l'influence de l'ancien président sur l'actuelle majorité est forcément bancale. «L'ambiguïté a un prix», analyse l'un de ses anciens conseillers. «L'ombre tutélaire et castratrice condamne le parti à l'impuissance sans être elle-même une vraie puissance», poursuit ce dernier. Pour Sarkozy, cette impuissance vient surtout du manque d'autorité naturelle de son ancien premier ministre et de l'ex-secrétaire général du parti.
L'ancien président a récemment évoqué devant un interlocuteur l'éthologie des loups: les deux candidats à sa succession sont comme «les loups oméga» qui n'ont pas suffisamment d'ascendant sur la meute, et qui prétendent la mener après le départ du «loup alpha». Le «loup alpha» s'est en effet éloigné de la meute. Et pour la première fois sans doute dans sa longue carrière politique, l'ex-président découvre les avantages et les inconvénients de la retenue.
En réalité, les amis de Nicolas Sarkozy - ceux qui souhaitent son retour plus encore que l'intéressé lui-même - n'auront pas de mal à entonner le refrain du «c'était mieux avant». «Pas besoin de chercher un commentaire très compliqué, nous rappellerons simplement que sous Nicolas Sarkozy, la droite était unie», prévient déjà un très proche. Certes. Mais on ne manquera pas de faire le procès à l'ancien président d'avoir joué avec le feu en favorisant par quelques signes bien dosés la candidature de Jean-François Copé. Fallait-il, à tout prendre, qu'il le désigne explicitement comme son successeur à la tête du parti? «Cela n'a jamais été le tempérament de Nicolas. Il ne l'a pas fait pour le conseil général des Hauts-de-Seine - (il a laissé Patrick Devedjian affronter Isabelle Balkany, NDLR), et quand il l'a fait à Neuilly en 2008 avec David Martinon, ça s'est très mal fini…», rappelle l'un de ses fidèles.
L'ancien chef de l'État a néanmoins obtenu que Jean-François Copé et François Fillon se voient et négocient directement tous les deux. Il leur a fait observer à quel point les entourages pouvaient être nocifs. Et c'est ce «choix stratégique» selon l'expression du porte-parole de François Fillon, Jérôme Chartier, que les deux rivaux ont repris à leur compte.