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L'IVG reste un acte fréquent en France
Publié le 16/05/2013 La méthode chirurgicale pour une interruption volontaire de grossesse peut être employée jusqu'à 14 semaines d'aménorrhée.
INFOGRAPHIE - Une femme sur trois a recours à l'IVG au cours de sa vie, mais la douleur physique reste mal prise en charge.
Après avoir légèrement augmenté entre le milieu des années 1990 et 2006, «le nombre d'interruption de grossesse s'est stabilisé autour de 210.000 IVG par an en métropole», selon les statistiques de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees). En 2010, on comptait 225.000 IVG en France, dont 212.000 en métropole. La Drees note aussi que «l'évolution quasi parallèle du nombre d'IVG et du nombre de naissance observée depuis vingt ans se poursuit, traduisant une relative stabilité de la propension à interrompre une grossesse sur cette période».
Une stabilité qui ne doit pas cacher la relative fréquence de l'événement pour une femme donnée. On estime en effet, qu'une femme sur trois aura recours à l'IVG au cours de sa vie. L'Inspection générale des affaires sociales, dans un rapport d'octobre 2009, concluait ainsi que «l'IVG n'est donc pas un événement exceptionnel, elle constitue une composante structurelle de la vie sexuelle et reproductive et doit être prise en compte en tant que telle.»
Les deux tiers des femmes qui subissent une interruption volontaire de grossesse déclarent avoir ressenti une douleur physique lors du geste. C'est le chiffre étonnant révélé mercredi par une enquête menée par OpinionWay pour le laboratoire Nordic Pharma, auprès de 499 femmes âgées de 16 à 50 ans et ayant subi une IVG au cours des cinq dernières années. Une enquête abondamment commentée par les professionnels des centres pratiquant l'IVG réunis pour le forum IVG 2013 à Paris.
Anesthésiste et coordinateur de l'enseignement de la douleur à la faculté de médecine de Nîmes (Gard), le Pr Éric Viel est étonné de l'intensité de la douleur décrite par deux femmes sur trois ayant subi une IVG: «Une douleur cotée 6 ou 7/10, ce n'est pas rien, remarque-t-il, avant de pondérer cette découverte. Ceci étant, c'est souvent le cas avec d'autres gestes de chirurgie ambulatoire (sans hospitalisation, NDLR), comme, par exemple, l'intervention pour arthrose du pouce ou 30 à 40 % des opérés disent souffrir de douleurs sévères.» Une façon de reconnaître que la douleur est souvent mieux évaluée par l'anesthésiste lors de l'intervention qu'après la sortie. Même si la souffrance morale n'était pas l'objet du forum, l'enquête révélait aussi que près de neuf femmes sur dix en ressentaient d'une intensité supérieure à 6/10 dans l'échelle d'évaluation de la douleur. Elle était même très intense (au moins 8/10) pour 62 % des femmes. On comprend l'insistance du Dr Philippe David, gynécologue obstétricien à Nantes (Loire-Atlantique), à «ce que l'on conserve la distinction entre l'IVG et la contraception». Un avortement n'est pas anodin. Qu'il soit fait par technique chirurgi­cale, c'est-à-dire par aspiration sous anesthésie locale ou générale, ou qu'il le soit par technique médicamenteuse.
La méthode médicamenteuse, disponible en France depuis 1988 à l'origine sous le nom de RU-489 et désormais sous celui de Mifegyne, permet des IVG jusqu'à 9 semaines d'aménorrhée (absence de règles). Elle est autorisée en dehors de l'hôpital depuis 2004, et, désormais, un avortement sur huit à lieu ainsi. Les IVG médicamenteuses, hôpital plus ville, ont pris le pas sur les IVG chirurgicales. Elles représentent 54 % du total des IVG. La méthode chirurgicale peut être employée jusqu'à 14 semaines d'aménorrhée.
Les risques d'échec de l'IVG médicamenteuse sont évalués entre 1,3 et 7,5 %, ce qui rend obligatoire la visite de contrôle destinée à vérifier que l'expulsion a été complète. Des saignements prolongés sont aussi possibles, dans environ 5 % des cas, parfois abondants, jusqu'à 12 jours après l'IVG. Les contractions utérines sont très fréquentes et nécessitent un bon protocole contre la douleur, aussi bien pendant le geste qu'avant et après. De rares cas de rupture utérine, d'infections ont été rapportés. De rares cas de chocs infectieux fatals ont aussi été décrits, mais avec des protocoles ne respectant pas l'AMM (autorisation de mise sur le marché, lire ci-dessous). L'IVG est peut-être fréquente, mais certainement pas un acte anodin médicalement.
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Un anti-ulcéreux utilisé pour l'IVGOn aurait pu penser que les professionnels de santé avaient été échaudés par les affaires récentes causées par une utilisation hors autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments. Eh bien non! Ils continuent d'utiliser le Cytotec du laboratoire Pfizer dans le protocole de l'IVG médicamenteuse, sans indication pour cela. Le Cytotec est en effet à la base un anti-ulcéreux gastrique. L'Agence du médicament (Ansm) a pourtant adressé, en octobre 2005, une lettre aux professionnels de santé pour leur rappeler le respect strict des AMM dans l'IVG, puis mis une alerte sur son site le 25 février 2013. Contactée par
Le Figaro, l'Ansm a précisé avoir demandé à Pfizer «de lui communiquer régulièrement les signalements de vigilance reçus par la firme». Pfizer nous a confirmé «qu'il n'y a pas de données de sécurité d'emploi permettant de présager d'un rapport bénéfice/risque favorable du Cytotec dans une indication en gynécologie (IVG), quelle que soit la voie d'administration et qu'une utilisation hors AMM entraîne des risques pour le patient».