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L'ONU condamne la répression qui se poursuit en Syrie
Mis à jour le 16/02/2012 à 22:53 | publié le 16/02/2012 à 15:01
Les chars du régime patrouillent à la frontière libanaise.
[b]Le texte, adopté à une large majorité malgré l'opposition de Pékin et Moscou, exige notamment des autorités la fin des attaques contre la population civile. Sur le terrain, la violence n'en finit pas.• L'ONU condamne la répression L'Assemblée générale de l'ONU a adopté jeudi à une large majorité, malgré l'opposition de la Chine et de la Russie, une résolution condamnant la répression en Syrie. Le texte a été adopté par 137 voix pour, 12 contre et 17 abstentions. Cuba, l'Iran, le Venezuela et la Corée du Nord notamment ont voté contre le texte. Contrairement au Conseil de sécurité, il n'y a pas de droit de veto à l'Assemblée.
La résolution en question exige du gouvernement syrien qu'il mette fin à ses attaques contre la population civile, soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique à Damas et recommande la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie.
Le texte aura une portée essentiellement symbolique, l'Assemblée générale étant un organe consultatif.
• Homs pilonné, Deraa et Hama sous les tirs Les forces du régime syrien ont continué jeudi de pilonner Homs, assiégée et bombardée depuis le 4 février. Les quartiers de Baba Amr, d'al-Inchaat et de Khaldiyeh ont été pilonnés à la roquette. Selon Amnesty International, au moins 377 civils, dont 29 enfants, ont été tués à Homs depuis le 4 février, et des centaines de blessés graves sont bloqués dans la ville et privés de soins adéquats.
Dans une vallée de la province d'Idlib (nord-ouest), les militaires ont aussi commis un «massacre» qui a coûté la vie à 19 personnes, dont 11 d'une même famille élargie, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). «Les forces de sécurité ont commis (ce) massacre au cours d'un assaut sur la vallée de Sahl Errouj», a affirmé Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH.
À Hama, quatre civils et 10 déserteurs ont été tués dans un pilonnage par les forces du régime de la localité de Kafrnbouda, et quatre soldats ont péri dans l'attaque de leur check-point par des déserteurs, encore selon l'OSDH, ONG basée en Grande-Bretagne.
À Deraa, berceau de la révolte dans le sud du pays, un civil a été tué par des tirs des troupes et trois soldats ont été tués lors d'affrontements avec des déserteurs. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a exprimé jeudi des craintes concernant le sort de dizaines de personnes qui auraient été massacrées la veille cette région et a demandé aux autorités syriennes de faire la lumière sur leur sort.
• Un journaliste et une blogueuse arrêtés à Damas Quatorze personnes, dont la blogeusse Razan Ghazzawi, devenue l'un des symboles de la révolte, et Mazen Darwish, directeur du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression, ont été arrêtées par les forces de sécurité dans les locaux de cette association à Damas. «On ignore encore les accusations qui pèsent sur eux», a déclaré un opposant basé à Damas.
Razzan Ghazzawi, 31 ans, animait un blog en Syrie sous son vrai nom et avait été arrêtée le 4 décembre, avant d'être relâchée deux semaines plus tard. «Blogueuse courage» de la révolte, cette Américano-syrienne avait été accusée d'avoir «affaibli le sentiment national», «créé une organisation qui vise à changer le statut social et économique de l'Etat» et «ravivé les dissensions confessionnelles».
Mazen Darwich avait déjà été interpellé le 16 mars 2011 alors qu'il assistait à un sit-in pacifique devant le ministère de l'Intérieur, à Damas, en qualité d'observateur, selon Reporters sans frontières (RSF). Une semaine plus tard, il avait été convoqué après avoir fait des déclarations sur les arrestations en Syrie et les évènements de Deraa (sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression est officiellement fermé depuis quatre ans mais il continue à fonctionner sans autorisation.
• Appel de l'opposition à boycotter le référendum Au lendemain de l'annonce d'un référendum le 26 février, les comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la contestation sur le terrain, ont estimé que «le régime se moquait de la volonté des Syriens car les conditions pour la tenue de référendum ne sont pas réunies et celui qui a élaboré le projet n'est pas légitime». Pour le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), basé en Syrie, «il est absolument impossible que l'on participe à un référendum avant l'arrêt des violences et des assassinats». «Un régime qui tue son peuple n'a pas le droit d'établir une Constitution pour organiser la vie politique en Syrie», ont renchéri les militants pro-démocratie sur leur page Facebook «Syrian Revolution 2011».
Le Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition, qui vient de reconduire pour trois mois Burhan Ghalioun à sa tête, n'a pas encore réagi publiquement à l'annonce du référendum. L'opposition réclame désormais le départ pur et simple de Bachar el-Assad.
• La France espère convaincre la Russie La France juge possible un compromis à court terme avec la Russie afin de mettre un termes aux «massacres» en Syrie. Washington avait auparavant qualifié l'annonce du référendum de «plaisanterie» alors que la Russie a parlé de «pas en avant». Moscou, comme Pékin, avait bloqué il ya deux semaines un texte du Conseil de sécurité de l'ONU. Les deux pays ont récidivé jeudi à l'Assemblée générale (voir plus haut).
De son côté, la Chine a annoncé l'envoi vendredi d'un vice-ministre des Affaires étrangères en Syrie, qui s'est déclaré opposé à un «changement de régime amené par la force».
Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies Ban Ki-moon, reçu en Autriche, a lancé aux Syriens: «Arrêtez les violences, arrêtez l'effusion de sang». Il a relevé que les forces de répression du régime syrien s'en prenaient «tant aux hommes, aux femmes, qu'aux enfants».
Le Parlement européen a pour sa part appelé tous les pays de l'Union européenne à rappeler leurs ambassadeurs en poste en Syrie et à geler les contacts avec les ambassadeurs de Damas présents en Europe pour protester contre la poursuite des violences exercées par le régime syrien contre sa population.