Syrie: la répression fait 24 nouvelles victimes, dont 4 enfants
le 09.12.11 | 15h05
Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants vendredi en Syrie, faisant 24 nouvelles victimes civiles, dont quatre enfants, en particulier à Homs où l'oposition accuse le régime de Bachar al-Assad de préparer "un massacre", suscitant l'inquiétude de Washington.Malgré le déploiement massif des forces de l'ordre, de nombreuses manifestations ont eu lieu à travers le pays sous le slogan "la grève de la dignité", en prévision d'une grève générale dimanche, selon des militants et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Dix civils ont été tués à Homs (centre), dont deux enfants de 10 et 12 ans, et un autre, un adolescent de 14 ans, près de cette ville, cinq près de Damas, quatre à Hama (centre), deux dans la province d'Idleb (nord-ouest) et deux, dont une fillette, à Deraa (sud), où la contestation est née il y a près de neuf mois, a précisé l'OSDH.
Cette association basée au Royaume-Uni a également fait état de nouveaux "violents affrontements" entre déserteurs et forces gouvernementales, à Douma et à Saqba, à 10 km de la capitale.
Le Conseil national syrien (CNS), qui réunit la majorité des courants de l'opposition, a dit craindre un "massacre" à Homs, cible d'une répression violente depuis des semaines.
"Toutes les informations, les vidéos, ainsi que les militants sur le terrain affirment que le régime se prépare à commettre un massacre collectif pour faire taire la révolution à Homs, et en faire un exemple pour les autres régions", a affirmé le CNS dans un communiqué.
"Le régime prétexte des incidents confessionnels pour justifier" ses actes, a ajouté le CNS, affirmant qu'à Homs, les forces de l'ordre incendiaient des mosquées, torturaient et tuaient des jeunes, enlevait des femmes et des enfants, et que des milliers de soldats encerclaient la ville.
Les Etats-Unis ont fait part de leur "profonde inquiétude" quant à ces informations. La porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, a souligné que M. Assad serait tenu responsable de tout décès provoqué par les forces gouvernementales et Londres a demandé à Damas de "retirer immédiatement" ses forces de Homs.
A Damas, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, a lancé un "appel au monde extérieur et à nos frères du monde arabe pour aider la Syrie (à faire cesser) l'acheminement d'armes" dans le pays", afin d'aider à "trouver une sortie honorable à la crise".
"Nous voulons que les autres, tous les autres, soutiennent l'évolution de la Syrie, pas la confrontation armée en Syrie", a-t-il insisté, affirmant que M. Assad était "horrifié" et "attristé" par les violences meurtrières qui secouent le pays depuis près de neuf mois.
Il a précisé que Damas étudiait une réponse de la Ligue arabe à sa demande de levée des sanctions de l'organisation avant la venue d'observateurs arabes.
A Bagdad, le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a affirmé que son pays allait développer ses relations avec l'opposition syrienne, à l'exception de l'opposition armée. "La situation nous oblige à jouer les bons offices", a-t-il expliqué.
La Turquie a en revanche annoncé qu'elle allait suspendre un accord de libre échange avec la Syrie, déjà suspendu par Damas, et prendre des dispositions pour éviter la Syrie dans ses relations commerciales avec le Proche-Orient.
La Russie a confirmé que la responsable des droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay, serait entendue par le Conseil au sujet de la Syrie, une demande formulée par Paris, Londres et Berlin. Cette audition est prévue lundi à 19H00 GMT.
Les Européens, France en tête, plaident depuis des mois - mais en vain - pour que le Conseil de sécurité condamne la répression en Syrie. Lors d'une conférence de presse, Mme Pillay a estimé que des vies auraient pu être sauvées si une action avait pu être entreprise plus tôt au Conseil de sécurité.
La répression a fait selon les Nations unies, au moins 4.000 morts, dont plus de 300 enfants, un bilan crédible, ont affirmé vendredi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et Navi Pillay.
Dans un entretien mercredi à la chaîne américaine ABC News, M. Assad a dit n'accorder aucun crédit au bilan avancé par l'ONU, estimant que l'organisation n'était pas crédible.
"Il s'agit de dépositions de première main auprès de témoins, beaucoup de ces informations provenant de l'intérieur du pays par Skype", a insisté Mme Pillay, rappelant que plus de 220 témoins avaient été interrogés.
"Le président syrien ne peut pas balayer tout cela d'une affirmation sans fondement", a-t-elle ajouté, tout en exhortant le président syrien à laisser une commission d'enquête entrer dans le pays. "Il est très important que nous allions là-bas et vérifions sa version", a-t-elle dit.
Elle a encore souligné que les défections de plus en plus nombreuses dans les rangs des forces armées faisaient planer la menace "d'une véritable guerre civile", rappelant que "près de 1.000" membres des forces de l'ordre syriennes avaient été tués dans les violences depuis la mi-mars.
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