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Syrie : el-Assad durcit encore la répression
Mis à jour le 15/07/2012 à 21:56 | publié le 15/07/2012 à 18:07
Un homme pleure un proche samedi, tué lors des assauts meurtriers de l'armée contre Homs.
Le régime se donne quelques semaines pour venir à bout de la rébellion. Poutine va recevoir Annan à Moscou.
Bachar el-Assad l'avait annoncé, il y a trois semaines, lors d'un entretien télévisé: «Nous sommes désormais en guerre. Nous devons utiliser tous les moyens» pour venir à bout de l'opposition. Depuis, ses troupes ont écrasé les rebelles à Douma près de Damas, bombardé pour la première fois jeudi un quartier de la capitale, Kfar Sousseh, et lancé le même jour une offensive meurtrière contre Treimsa, ville sunnite de la province de Hama, causant la mort de plus de cent insurgés.
«Le régime considère qu'il a une fenêtre d'un mois ou deux pour écraser définitivement ses opposants, quitte à faire de très nombreux tués», affirme un homme d'affaires alaouite, en contact avec l'appareil sécuritaire en Syrie. À Treimsa, les troupes d'el-Assad ont utilisé des «chars, des hélicoptères et de l'artillerie», accuse, dans une note adressée au Conseil de sécurité de l'ONU, le médiateur international Kofi Annan, à partir des relevés des observateurs ayant enquêté sur place. «Il n'y a pas eu de massacre, lui a rétorqué dimanche Jihad Maqdissi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Ce qui s'est passé, ce sont des combats avec des groupes armés».
Homs essuie également les assauts meurtriers de l'armée. «C'est incroyable ce qui s'y passe», ajoute l'homme d'affaires alaouite. «Nous y avons envoyé une équipe de journalistes avec l'armée syrienne», confie Sami Kleib, l'un des dirigeants de la nouvelle chaîne de télévision al-Mayadeen, qui confirme le durcissement de la répression contre les rebelles. «Les images étaient terribles». À Qousseir, entre Homs et la frontière libanaise, les habitants commençaient à creuser des abris pour se protéger des obus.
«Fuite en avant»Alors qu'à Paris des diplomates croient déceler des «indices» d'une perte de contrôle de Bachar el-Assad, sur le terrain, ce dernier affiche sa détermination à user, aux quatre coins du pays, de sa puissance de feu contre «les groupes terroristes», selon la terminologie officielle pour désigner les insurgés.
Dimanche, plusieurs quartiers de Deir Ezzor, à l'est, ont été la cible d'obus qui ont tué au moins quatre civils. À 200 km à l'ouest, la ville de Rastane, tenue depuis février par les rebelles, était elle aussi pilonnée, tandis qu'un peu plus au nord, les forces armées prenaient d'assaut les villages de Jreires et Maarzaf et bombardaient la localité de Qalet al-Madiq. Enfin, entre 18 heures et minuit samedi, des détonations ont résonné toutes les deux ou trois minutes à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Alep, la grande ville du nord de la Syrie. En l'espace de 48 heures, près de deux cent cinquante personnes sont mortes dans cette «fuite en avant», dénoncée par la France.
«On va passer les rebelles à la moulinette», claironnait récemment un cadre des services syriens au téléphone à son cousin à Paris. «Cela fait des mois qu'ils attendaient l'ordre de passer à l'action», explique ce dernier. Si les forces armées ne l'avaient pas encore fait, ajoute-t-il, «c'est par peur de bilans encore plus lourds, que n'auraient pas tolérés les alliés russes de Damas, et parce qu'il y a des otages alaouites retenus par les opposants», notamment à Homs.
Les récentes manœuvres militaires - terrestres et aériennes - semblent avoir regonflé le moral des troupes alaouites, la minorité omniprésente dans les forces de sécurité. «Un autre de mes cousins membre de la garde républicaine, qui est en instruction en Iran, piaffe d'impatience de rentrer pour combattre l'opposition», poursuit l'industriel alaouite.
Après avoir réussi à décapiter le Front al-Nosra, lié à la branche d'al-Qaida en Irak, avec l'opération de Treimsa, les services de renseignements syriens ont une fois encore montré leur redoutable capacité de neutralisation de leurs «ennemis». «Ils avaient infiltré un agent de police d'Idleb au sein des dissidents de l'Armée syrienne libre, il y a deux mois, raconte un observateur qui a ses entrées à Damas. C'est lui qui a renseigné l'armée sur les plans des rebelles de Treimsa d'attaquer les militaires sur une route».
Avec cette dernière offensive, «le régime veut apparaître en situation de force lorsque la période de transition souhaitée par Annan commencera», estiment plusieurs sources de retour de Damas. Jusqu'à maintenant, ses opposants ont toujours survécu à leurs défaites. Dans l'espoir de redonner un élan diplomatique à son plan de paix, qui n'a jamais eu d'effet sur le terrain, Kofi Annan est attendu lundi à Moscou, où il doit rencontrer mardi le président russe Vladimir Poutine.
Une visite de Ban Ki-moon est aussi prévue en Chine, autre soutien de Damas, auquel le secrétaire général de l'ONU a demandé «d'user de son influence» pour faire appliquer le plan Annan. L'Iran, principal allié de Damas dans la région, s'est dit prêt à organiser à Téhéran une rencontre entre le gouvernement syrien et l'opposition pour tenter de dénouer la crise