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Syrie : combats à Alep où la contre-offensive se poursuit
Mis à jour le 28/07/2012 à 17:20 | publié le 28/07/2012 à 09:14
L'intensité des bombardements a jeté sur les routes des milliers d'habitants d'Alep, qui cherchent refuge dans les villages contrôlées par la rébellion ou de l'autre côté de la frontière, en Turquie.
Des combats ont éclaté samedi dans la deuxième ville du pays, dont les quartiers sud sont pilonnés par les forces loyales au régime. Plus de 20.000 personnes ont été tuées depuis le début de la révolte. François Hollande en appelle au Conseil de sécurité de l'ONU.Les renforts de l'armée syrienne se massaient depuis plusieurs jours aux abords d'Alep, deuxième ville de Syrie devenue un enjeu majeur du conflit. Samedi, les forces de Bachar el-Assad ont lancé leur contre-offensive pour reprendre les secteurs rebelles, rapportent des militants.
«On peut dire que l'assaut a commencé», a déclaré Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une organisation située en Grande-Bretagne qui base ses informations sur des militants sur place. «Les combats les plus violents depuis le début de la révolte ont lieu dans plusieurs quartiers», a-t-il expliqué, ajoutant que les militaires «se dirigent vers le quartier Salaheddine», où se sont retranchés de nombreux insurgés.
Un correspondant de l'AFP confirme que Salaheddine est encerclé et bombardé depuis 8h du matin par l'armée, qui dépêche des soldats à pied dans la ville de 2,5 millions d'habitants. «Il y a 100 chars massés aux abords du quartier», a affirmé le commandant du conseil militaire rebelle d'Alep, Abdel Jabbar al-Oqaidi. Selon l'AFP, les rebelles sont parvenus à contrer les premières offensives contre Salaheddine, les insurgés affirmant que les forces du régime n'ont pas progressé et ont perdu des chars.
Au moins 29 personnes, dix soldats, huit rebelles et onze civils, ont été tuées depuis le début de l'assaut, d'après l'OSDH. L'ONG a recensé plus de 20.000 morts, dont 14.000 civils, depuis le début de la révolte contre le régime Assad en mars 2011.
Crainte d'un massacreDe violents accrochages sont également rapportés dans le secteur de Hamdaniyé (ouest). Selon une source de sécurité syrienne, les rebelles sont retranchés dans des ruelles très étroites, ce qui rendra difficile la bataille. Pour s'y préparer, les insurgés n'ont lancé aucune opération importante depuis deux jours, économisant leurs quelques munitions de roquettes antichars.
«Il y a des milliers de personnes dans les rues fuyant les bombardements, elles sont terrorisées par les hélicoptères volant à basse altitude», selon Amer, porte-parole d'un réseau de militants à Alep. «Un très grand nombre de civils se sont rassemblés dans les jardins publics dans des secteurs plus sûrs, mais la majorité se réfugient dans des écoles. Ils ne peuvent pas sortir de la ville», a-t-il ajouté. Selon les correspondants de l'AFP, les habitants ont de grandes difficultés à se ravitailler en pain et de nombreux civils ont trouvé refuge dans les sous-sols des maisons.
Des milliers d'habitants d'Alep cherchent refuge dans les zones relativement épargnées par les combats, dans les villages contrôlées par la rébellion ou de l'autre côté de la frontière, en Turquie.
Au Liban voisin, des accrochages ont opposé pendant la nuit des habitants de quartiers alaouites partisans du régime syrien et sunnites hostiles à Bachar el-Assad à Tripoli, faisant neuf blessés. L'armée libanaise a rétabli le calme.
Hollande en appelle à la Russie et à la ChineAu cours d'une visite dans le Gers samedi, François Hollande a fait part de son souhait de voir le Conseil de sécurité de l'ONU se réunir et intervenir rapidement. «Je m'adresse une fois encore à la Russie et à la Chine pour qu'ils prennent en considération que ce sera le chaos et la guerre civile si Bachar el-Assad n'est pas à un moment empêché», a souligné le chef de l'Etat. «La seule solution qui permettra de réconcilier et de réunir les Syriens, ce serait le départ de Bachar el-Assad et la constitution d'un gouvernement de transition», a-t-il poursuivi en affirmant qu'il n'était pas trop tard.
Plusieurs pays occidentaux ont exprimé leur préoccupation face à la perspective d'un assaut contre les rebelles, Washington évoquant la possibilité d'un «massacre» et condamnant «l'agression haïssable et répréhensible des forces d'Assad contre ce centre de population civile». Samedi, la Russie a reconnu qu'une «tragédie» menaçait à Alep. Mais le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, estime qu'il n'est «pas réaliste» d'escompter que le gouvernement syrien reste les bras croisés alors que des rebelles armés occupent les grandes villes.
Selon les experts, cette bataille est extrêmement importante pour les deux parties, le régime comptant sur ses alliés parmi les riches commerçants de la ville pour financer une partie de son effort de guerre, et les rebelles aspirant à rééditer le schéma libyen avec Benghazi en créant une zone protégée.