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Centrafrique : tirs nourris à Bangui
Mis à jour le 05/12/2013 à 10:19 - Publié le 05/12/2013 à 10:07 Patrouille de soldats dans Bangui, ce 5 décembre.
Les anti-Balakas semblent avoir lancé une grande offensive contre la capitale, quelques heures avant la résolution de l'ONU qui devait être votée jeudi après midi.
Des tirs nourris ont retenti très tôt ce matin dans plusieurs quartiers de Bangui. Les anti-Balakas (anti-machettes, surnom des rebelles) n'ont pas attendu le vote de la résolution de l'ONU pour passer à l'action. Depuis 5 heures environ, des explosions et des rafales résonnent dans les quartiers nord de la ville. Les rues sont pratiquement désertes. On voit parfois des pick-up chargés d'hommes en armes qui foncent dans les avenues, mais la situation reste assez confuse.
Selon les informations fragmentaires que l'on pouvait recueillir ce matin par téléphone dans différents quartiers, tout semble indiquer que les anti-Balakas ont lancé une vaste offensive contre la capitale, quelques heures avant l'intervention française, et la résolution de l'ONU qui devait être votée cet après midi.
Une inflitration de la ville facilitée par la brousse
D'importants groupes de ces miliciens se sont infiltrés avant l'aube dans les quartiers du nord-ouest et du nord-est de la ville, pour tenter de faire la jonction avec leurs partisans dans les quartiers qui leur sont favorables. La proximité avec la brousse, et la grosse colline boisée qui surplombe Bangui leur ont permis d'approcher sans être repérés et de pénétrer dans la capitale.
Les premiers combats ont eu lieu près du camp Kassaï, le long du fleuve Oubangui. Les habitants du quartier disent que ce camp militaire a été pris, ainsi que la prison de Ngaragba, dans le même quartier. Selon l'archevêque de Bangui, Mgr Nzapalenga, des centaines d'habitants se sont réfugiés dans la cathédrale.
Les autres axes d'infiltration auraient été le point kilométrique 12 (PK12), l'entrée nord de Bangui et le quartier de Boy-Rabe, un des bastions de l'opposition aux Sélékas. Des combats ont été signalés aussi dans les quartiers de Fou, Miskine et autour de l'Assemblée nationale. Selon des témoins, des véhicules chargés de miliciens anti-Balakas ont été applaudis par les habitants de ces quartiers, très hostiles aux Séléka.
Attaqués de tous côtés, les forces de l'ex-Séléka ont dépêché des renforts dans tous ces quartiers, pour tenter d'empêcher l'irruption des rebelles dans la ville de se transformer en soulèvement.
L'armée française va devoir adapter son plan d'intervention
Ce que tout le monde craint le plus, c'est évidemment de voir ce coup de main se transformer en insurrection générale, et de voir les quartiers populaires se venger contre la minorité musulmane, associée dans les esprits à la Séléka. Des attaques contre des musulmans pourraient facilement dégénérer en pogroms, tant est grande la colère populaire contre la Séléka. Et bien sûr, comme c'est classique à Bangui, de voir les pillages se généraliser. «Si la ville se soulève, et si les combattants de la Séléka se sentent acculés, ils peuvent devenir très méchants», craint-on chez les habitants du centre-ville.
Les forces françaises, stationnées dans un camp près de l'aéroport de M'Poko ont été placées en alerte, mais n'étaient pas visibles ce matin dans la ville. La centaine de ressortissants français encore présents à Bangui ont été prévenus de rester chez eux.
Les plans d'intervention de l'armée française, qui attendait le vote d'une résolution à l'ONU aujourd'hui, vont vraisemblablement devoir être un peu modifiés pour tenir compte de cette accélération subite des évènements, et d'agir très vite pour éviter un bain de sang.