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Sujet: François Hollande dans la poudrière de Bangui Mer 11 Déc - 9:50
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François Hollande dans la poudrière de Bangui
Publié le 10/12/2013 à 23:37
Dès son arrivée, le chef de l'État a salué les troupes françaises et s'est recueilli sur les dépouilles des deux soldats tués dans la nuit. VIDÉO - À son arrivée, le président a salué les dépouilles des deux soldats français tués en Centrafrique. La mission est «dangereuse, on le savait», mais «elle est nécessaire et elle continue», a-t-il dit.
François Hollande a fait une escale surprise mardi soir à Bangui, où il s'est recueilli devant les cercueils des deux parachutistes du 8e RPIMa, tués la veille dans un accrochage nocturne. «Nicolas Vokaer et Antoine Le Quinio sont tombés pour la France, pour une noble et belle mission: sauver des vies», a dit le président de la République, s'adressant à des soldats de l'opération «Sangaris» rassemblés sous un hangar d'hélicoptères de la base de M'Poko. Dans la touffeur de la nuit centrafricaine, François Hollande a rappelé l'urgence de l'intervention française, qui a débuté jeudi dernier, quelques heures après le vote de la résolution du conseil de sécurité de l'ONU. «Il n'était plus temps de tergiverser. Il allait être trop tard. J'ai pris la décision d'intervenir pour sauver autant de vies que possible.» «Votre objectif est de désarmer les milices. C'est une tâche périlleuse. Trop d'armes circulent. Il y a trop de haines et de vengeances accumulées. Nous avions l'obligation d'intervenir vite et fort», a-t-il dit.
Reparti peu après 23 heures, le président n'a pas quitté l'aéroport de M'Poko, qui sert de base à l'opération «Sangaris». Il y a rencontré les commandants des différents contingents africains qui participent à l'opération, et dont le nombre doit être porté à 6000 hommes, qui devront à terme «prendre le relais» des troupes françaises.
Lors de cette escale de quatre heures, François Hollande a aussi rencontré les «autorités de la transition», en l'occurrence le «président» Michel Djotodia. Chef contesté d'un État sans pouvoir, reclus dans sa villa du camp de Roux, entouré des milices de l'ex-Séléka qu'on lui demande de cantonner et désarmer, Djotodia n'a jusque-là pas montré beaucoup d'autorité sur des forces qui n'obéissent qu'à leurs chefs de guerre.
Un jeune Centrafricain dans la carcasse d'un véhicule, à Bangui.
Le président français avait déclaré au sommet de l'Élysée la semaine dernière qu'on ne pouvait «pas laisser en place un président qui n'a rien pu faire, qui a laissé faire» les massacres. Depuis, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et l'ambassadeur de France en Centrafrique ont rassuré Djotodia en lui garantissant qu'il resterait «jusqu'à la fin de la période de transition». Ce qui ne signifie non plus pas grand-chose, le fragile édifice politico-diplomatique élaboré par l'ONU, la France et l'OUA, ayant été mis à bas par le déchaînement des violences depuis cinq jours.
La zone de l'aéroport M'Poko offre un bon résumé du casse-tête que la France doit tenter de résoudre en RCA. Le terminal et le camp militaire voisin abritent les troupes françaises et les contingents africains de la Fomac, retranchés derrière des barbelés. Les seuls avions qui se posent encore à Bangui, sont les gros-porteurs Antonov chargés de matériel, et les Hercules et Transall de l'armée française qui acheminent les renforts. Le vol hebdomadaire d'Air France a été annulé mardi matin.
Dans les hangars de l'aéro-club, dans les herbes qui entourent la piste, et jusque sur une partie du tarmac, M'Poko est aussi devenu un vaste camp de réfugiés. Plus de 10.000 habitants de divers quartiers de Bangui, terrorisés par les exactions de l'ex-Séléka, sont venus se réfugier à proximité des positions françaises. Et la situation sanitaire se détériore très rapidement, en l'absence de latrines, d'eau potable et de logement.