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Syrie : Obama face aux réticences des élus du Congrès
Mis à jour le 08/09/2013 à 20:03 - Publié le 08/09/2013 à 19:36Le président Obama lors d'une prise de parole devant le Congrès américain, à Washington, en septembre 2009.
Alors que s'ouvre ce lundi le débat, le Sénat est divisé et la Chambre hostile à des frappes américaines en Syrie.
Tous ces derniers jours, le représentant républicain Bill Johnson, un ancien militaire élu lors du raz de marée conservateur de 2010, a parcouru son district de l'Ohio, pour sonder ses électeurs. «Pas un seul ne m'a dit être en faveur d'une action militaire en Syrie», confie-t-il ce dimanche au
Figaro. «Le peuple américain est absolument contre», insiste cet ancien officier de l'armée de l'air, jugeant ne jamais avoir vu «une opposition aussi unanime». «Quel est notre intérêt national dans cette affaire? Qu'allons-nous faire là-bas et en quoi aurons-nous amélioré la situation en nous engageant? Avons-nous un mandat de nos électeurs?», ajoute cet ancien de l'armée de l'air.
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- «Mes électeurs pensent que ce n'est pas notre rôle de faire cela seuls»
Bill Johnson, élu républicain de l'Ohio
L'élu de l'Ohio se dit «horrifié comme tout le monde» par l'utilisation d'armes chimiques par Assad. «Il doit être puni par la communauté internationale», affirme Johnson. Mais il est plus que sceptique devant une Amérique se transformant à nouveau en gendarme: «Mes électeurs pensent que ce n'est pas notre rôle de faire cela seuls», insiste-t-il, expliquant ne pas voir de «plan militaire satisfaisant sur l'après-frappes» et la manière dont les troupes américaines sortiront d'une éventuelle opération.
Chuck Fleischman, un élu du Tennessee, confie lui aussi avoir reçu «un non retentissant» de ses électeurs, «fatigués de la guerre». «Ils ont peur de l'escalade, ils plaident pour la prudence. Il faut condamner l'action d'Assad sans ambiguïté. Mais s'engager dans une action militaire sans buts clairs, vu l'état de fatigue et d'hostilité de la nation, pourrait avoir des conséquences dévastatrices à la fois pour les États-Unis et le monde», met-il en garde.
Trois jours pour convaincreLe républicain texan Steve Stockman, joint par
Le Figaroau Moyen-Orient où il vient de rencontrer le général égyptien al-Sissi, est tout aussi réservé. «Sur 798 de mes électeurs qui ont envoyé des messages sur la Syrie, seulement 2 sont pour des frappes», dit-il. «Nous répétons la même erreur qu'en Irak, poursuit Stockman. Que se passera-t-il une fois que nous aurons frappé? Que sera notre prochain mouvement? Avons-nous un plan si Assad tombe et perd le contrôle des armes chimiques? Je ne voix pas de réponse claire chez le président, ma perception est celle d'une absence de plan d'ensemble, d'un bateau sans capitaine», poursuit Stockman.
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- «L'ampleur de l'opposition qui vient du pays va être un sacré obstacle»
John Grizzi, journaliste
Penchant vers le «non» à l'action militaire, Johnson, Stockman et Fleischman assurent toutefois garder toutes les «options ouvertes». «Je veux écouter les briefings, entendre le président», dit Johnson, qui sera ce lundi à Washington pour la rentrée du Congrès.
L'Administration Obama martèle que les jeux ne sont pas faits. Son opération de lobbying va battre son plein ces trois prochains jours. Le président sera en contact personnel avec maints élus avant son grand discours de mardi et le vote prévu au Sénat mercredi.
Mais si le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, se dit confiant d'arracher un vote positif, un non se profile pour l'instant à la Chambre. Seulement 24 représentants sont favorables à une action militaire, contre 123 qui veulent voter non, 288 demeurant indécis. «Le président n'a pas les voix à la Chambre», dit Steve Stockman.
Le journaliste conservateur John Gizzi, qui a passé les derniers jours à appeler des élus, souligne que le temps «joue contre le président». «Il n'a que trois jours pour changer la donne, et l'ampleur de l'opposition qui vient du pays va être un sacré obstacle.» Signe de la grogne, le puissant mouvement libéral Move on.org, qui avait soutenu Obama pendant ses deux campagnes électorales, a appelé le Congrès à voter non.