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Syrie : Obama vend ses frappes au Congrès américain
Mis à jour le 03/09/2013 à 22:47 - Publié le 03/09/2013 à 19:07
En compagnie de la responsable de la sécurité américaine, Susan E. Rice, Barack Obama a reçu lundi, dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, les sénateurs républicains interventionnistes, John McCain (à gauche) et Lindsey Graham.
La Maison-Blanche tente de convaincre les élus démocrates réticents à une intervention et les «faucons» républicains avant le vote des parlementaires. Le président et ses meilleurs lieutenants sont partis en campagne sur la colline du Capitole. Leur but: convaincre le Congrès d'autoriser une utilisation limitée de la force en Syrie. Tout le monde est sur le pont, de Barack Obama à John Kerry, en passant par Chuck Hagel et le chef d'état-major Martin Dempsey. Le temps limité dont la Maison-Blanche dispose explique l'intensité de l'offensive, le vote parlementaire étant prévu pour la semaine prochaine.
Ce lundi, le signal d'envoi de cette offensive tous azimuts a été donné quand le chef de l'État a reçu John McCain et Lindsey Graham, figures de proue du Parti républicain. Les deux sénateurs, très engagés depuis deux ans en faveur d'une intervention en Syrie, ont apporté leur appui au projet d'Obama, qu'ils avaient initialement jugé trop timide et trop tardif. Le président aurait achevé de les convaincre en promettant un renforcement clair et substantiel de l'aide américaine aux rebelles placés sous le commandement du général Sélim Idriss, qui représente la faction modérée de la rébellion aujourd'hui de plus en plus dominée par les djihadistes extrémistes.
En quête d'un consensusCe mardi, Obama a enchaîné avec une rencontre au sommet avec le speaker de la Chambre, John Boehner, et la responsable de la minorité démocrate, Nancy Pelosi, et a marqué un point, là aussi, les deux responsables appelant à frapper. Kerry, Hagel et Dempsey s'apprêtaient à plaider la cause présidentielle devant le Comité sénatorial pour les relations extérieures, ainsi que le Comité du renseignement et des forces armées.
Cet impressionnant déploiement illustre l'enjeu colossal que représente le vote parlementaire pour Obama. S'il échoue, il se retrouve impuissant à agir, ou alors forcé de passer outre, «un scénario qui paraît inimaginable», selon le directeur du think-tank Eurasia Group, Ian Bremmer. Les conséquences pour la crédibilité des États-Unis seraient évidentes. Un camouflet du Congrès représenterait aussi l'enterrement des espoirs d'Obama de parvenir à un quelconque consensus avec les élus sur les épineux dossiers intérieurs. Bref, toute la présidence d'Obama en serait affectée, le condamnant à la paralysie.
L'un des deux grands défis va être de mobiliser les élus démocrates, dont beaucoup ont un électorat très hostile à la guerre. L'autre difficulté majeure sera de faire barrage aux conservateurs libertariens du Parti républicain, qui n'ont cessé de gagner en force, sous l'impulsion de leur chef de file Tea Party Rand Paul, en pleine bataille avec le camp des faucons interventionnistes mené par McCain. Derrière l'épreuve de force entre Obama et Assad, se profile aussi celle du président avec le Congrès, et celle des républicains entre eux.
Ce mardi, le président a indiqué qu'au-delà du message envoyé à Assad qui «doit rendre des comptes», une opération limitée viserait à «mettre en garde tous les autres états» - et notamment l'Iran - qui rêveraient d'utiliser des armes interdites, nucléaires ou chimiques. Un point sur lequel Chuck Hagel et John Kerry ont insisté mardi après-midi devant la commission sénatoriale des affaires étrangères, rappelant qu'il en allait de «la crédibilité des États-Unis» dans la région. Cet argument vise à mobiliser les élus sensibles à la sécurité d'Israël. Une très grosse bataille, sur la droite comme sur la gauche de l'échiquier politique.