WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Politique Fillon prêt au «débat ouvert» avec Sarkozy
Publié le 06/06/2013 à 23:56
François Fillon sur le plateau de
Des paroles et des actes, jeudi, sur France 2.
«Je dois mener mon propre chemin pour proposer les solutions auxquelles je crois», a expliqué le député de Paris sur France 2.
Le message de Nicolas Sarkozy a été reçu cinq sur cinq par François Fillon. Depuis des semaines, l'ex-président confie à ses interlocuteurs qu'il n'aura vraisemblablement «pas d'autre choix» que de revenir en politique. Deux heures et demie durant, jeudi soir, son ancien premier ministre a défendu sa candidature «par devoir» à l'Élysée. «Par devoir, cela ne peut pas être par envie», a-t-il bien précisé sur le plateau de
Des paroles et des actes. Le style des deux hommes qui ont partagé le pouvoir est différent. Mais leur conclusion, un an après l'élection de François Hollande, est la même: en 2017, le candidat de la droite aura pour «devoir» de redresser la France.
À en croire Fillon, c'est la seule motivation qui l'anime. «Si on n'était pas dans cette situation de crise aujourd'hui, je ne serais pas devant vous», s'excuse-t-il presque. Depuis la défaite de 2012, l'ancien «collaborateur» du président travaille à son émancipation. «Je considère aujourd'hui que je dois mener mon propre chemin pour proposer les solutions auxquelles je crois. Je veux aider mon pays à sortir du déclin», assure-t-il. À Matignon, il a «essayé de défendre» ses idées. «Nous n'étions pas d'accord sur tout, nous avions une vision différente de l'avenir, une vision différente de la crise que traverse l'Europe», souligne-t-il. Ces idées sur lesquelles il différait avec Sarkozy, Fillon veut «maintenant les défendre directement». «Si on ne se bouge pas, l'Europe va couler, annoncera-t-il plus tard dans la soirée. L'Europe c'est le Titanic.»
Fillon ne compte pas s'effacer devant SarkozySa démarche se justifie d'autant plus que l'ex-président a «lui-même» annoncé son retrait. «J'étais à ses côtés, rappelle-t-il. Nicolas Sarkozy a dit qu'il sortirait de la vie politique et je n'ai pas entendu de sa part dire le contraire». Et si jamais il devait revenir, Fillon le «pragmatique» estime que la situation serait simple. «Il y aura un débat et les Français trancheront, annonce-t-il comme un défi. Nicolas Sarkozy a toujours aimé la compétition, il y aura une confrontation d'idées, une confrontation ouverte.»
En aucun cas Fillon n'envisage de s'effacer devant l'ancien chef de l'État. Il l'avait annoncé lors de son déplacement au Japon avec son «quoi qu'il arrive». Il s'en est à nouveau expliqué sur France 2. «J'ai pour lui de l'amitié, mais l'avenir de la démocratie ce n'est pas une question de révérence, de protocole, de hiérarchie, estime-t-il. L'élection de 2017 ne va pas être la revanche de l'élection de 2012, ce sera une nouvelle élection.»
Parce qu'il revendique sa différence avec Nicolas Sarkozy, le député de Paris a souhaité que la droite exerce son droit d'inventaire - même s'il récuse le mot. «Comment est-ce que l'on pourrait construire un projet politique crédible sans regarder nos propres faiblesses?», a-t-il demandé. Il a également tenté, à trois reprises, d'expliquer en quoi sa position sur le ni-ni - ni front républicain, ni Front national - s'oppose à celle de l'ex-président. Pour faire court, François Fillon considère le «front républicain» comme un «bel attrape-nigaud» «Je ne me laisserai pas entraîner dans cette arme nucléaire», a-t-il affirmé, tout en assurant qu'il appellerait «toujours à voter contre le FN», héritier «d'une extrême droite qui a toujours combattu la droite française». «Cette famille a juste tenté d'assassiner le général de Gaulle. Je ne peux pas l'oublier», estime-t-il. Et dans le cadre d'un duel gauche-FN aux municipales, «je conseillerai aux électeurs de choisir le moins sectaire des candidats».
Même prévention à l'égard de «la ligne politique d'une droite dure qu'incarne M. Buisson, que je connais assez mal et qui n'est pas élu». «Il a réussi à faire croire que c'était la ligne de la majorité des Français qui se reconnaissent dans la droite et le centre, déplore Fillon. Ce n'est pas le cas.» Cette ligne est même à l'origine de la «fracture» que Fillon dénonçait au lendemain de l'élection à l'UMP et qui selon lui demeure. «Ou on réduit la fracture, explique-t-il. Ou on se sépare et on crée une nouvelle formation politique, c'est une tentation que certains d'entre nous ont eue». Et dans ce cas, rappelle François Fillon, il faut «au minimum vingt-cinq ans» pour espérer revenir au pouvoir. Autant dire que cette solution est écartée par le prétendant à la présidentielle 2017.