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Affaire Tapie : l'État va se constituer partie civile
Publié le 29/05/2013 à 11:14 Bernard Tapie et son avocat, Me Lantourne, en 2005.
Le gouvernement, qui n'exclut pas de déposer un recours en annulation contre l'arbitrage de 2008 en faveur de l'homme d'affaire, veut avoir accès au dossier. La garde à vue de l'avocat de Bernard Tapie a été levée dans la nuit.
L'État passe à l'offensive dans l'affaire Tapie. Le gouvernement a laissé entendre mercredi matin qu'il pourrait tenter de faire annuler l'arbitrage qui a soldé en 2008 le litige opposant l'homme d'affaire au Crédit lyonnais sur la vente d'Adidas: l'entourage du ministre de l'Économie Pierre Moscovici affirme qu'un recours n'est «pas exclu, mais pas en cours». Seule certitude: l'État va se constituer partie civile «dans les meilleurs délais», vraisemblablement dès la semaine prochaine. Les pouvoirs publics entendent ainsi «veiller à ce que les intérêts patrimoniaux de l'Etat ne soient pas lésés». Et surtout avoir accès au dossier.
Obectif: vérifier que les éléments réunis par les trois juges d'instructions en charge de l'affaire sont suffisamment consistants pour prouver l'existence d'un conflit d'intérêt susceptible de remettre en cause la procédure. Les enquêteurs s'interrogent pour le moment sur les liens entre l'avocat de Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne, et Pierre Estoup, l'un des trois juges du tribunal arbitral privé ayant accordé à l'homme d'affaire un dédommagement de 403 millions d'euros. Interrogé durant plus de 12 heures par les policiers de la brigade financière, l'avocat de Bernard Tapie a été libéré. Sa garde à vue, qui avait débuté mardi matin, a été levée vers 2h du matin ce mercredi.
Pierre Estoup, ancien président de la cour d'appel de Versailles âgé de 86 ans, est lui toujours entendu à l'Hôtel Dieu, un hôpital du centre de Paris. Sa garde à vue, qui a débuté lundi matin, doit théoriquement prendre fin ce mercredi, mais peut être prolongée jusqu'à jeudi matin. Les juges s'intéressent notamment sur ses rapports avec Bernard Tapie. Lors d'une perquisition effectuée le 14 mai au domicile du magistrat, les policiers auraient saisi un livre dédicacé par Bernard Tapie en 1998, selon
L'Express . L'homme d'affaires y louerait le «courage» du président Estoup et l'assurerait de son «infinie reconnaissance» et de son «affection».
«Des instructions de Nicolas Sarkozy lui-même»
Interrogé mercredi matin sur Europe 1, l'ancien patron du Crédit lyonnais Jean Peyrelevade s'est félicité des avancées de l'enquête. «Je suis heureux de voir que la justice commence à se poser des questions sérieuses sur un arbitrage dont j'ai toujours dit qu'il était premièrement illégal, et deuxièmement, à mes yeux, le résultat d'une gigantesque manipulation», a-t-il ajouté. S'agissant du rôle de Christine Lagarde, placée sous le statut de témoin assisté à l'issue de son audition devant la Cour de Justice de la République , il juge qu'«elle a transmis des instructions venant d'au-dessus, de Nicolas Sarkozy lui-même».
Invité sur LCI, l'ancien ministre Hervé Morin a cherché à décrédibiliser la thèse d'un renvoi d'ascenseur venu de l'Elysée. «Il y a l'idée d'une entente qui serait les remerciements pour service rendu. Quel service rendu? Bernard Tapie a soutenu Nicolas Sarkozy mais cela ne mérite pas cela». Le député centriste a aussi défendu Jean-Louis Borloo, qui, selon lui, n'est pas concerné par l'affaire. Le patron de l'UDI était l'avocat de Bernard Tapie dans les années 80 et a occupé le ministère de l'Economie pendant un mois, en mai 2007, avant de laisser sa place à Christine Lagarde.