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Affaire Adidas : une fois Sarkozy élu, Tapie s'exclame «J'ai les sous»
Publié le 13.06.2013, 07h06 | Mise à jour : 07h32Un ancien proche de Tapie le soupçonne publiquement d'avoir monté un arrangement politique pour bénéficier de l'arbitrage dans l'affaire Adidas.
Dans l'affaire du Crédit Lyonnais, y a-t-il eu un arrangement Tapie-Sarkozy avant l'élection de 2007 ? Pour Benoît Bartherotte, cela ne fait aucune doute. Cet ancien proche de l'homme d'affaire décrit jeudi, dans un entretien au quotidien Sud Ouest, un Bernard Tapie exultant le soir de l'élection de Nicolas Sarkozy, en mai 2007, et s'écriant : «Ca y est : j'ai les sous».
«En 2007, le soir de la victoire de Nicolas Sarkozy, on l'a tous vu exulter :
ça y est, j'ai les sous !», explique celui qui a connu Bernard Tapie dans les années 80, alors que lui-même se trouvait à la tête de la maison de couture Jacques Esterel. Ce soir-là, il «semblait sûr de lui, l'avenir a prouvé qu'il avait raison, mais à court terme.»
Un «arrangement local» en contrepartie ? Cette entretien est publié au lendemain de la mise en examen dans cette affaire de Stéphane Richard «pour escroquerie en bande organisée». L'actuel patron d'Orange était l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, alors ministre de l'économie, elle-même placée sous le statut de témoin assisté.
Pour convaincre l'Etat de choisir la voie de l'arbitrage pour régler son différend avec le Crédit Lyonnais, procédure qui lui a rapporté 403 millions d'euros en 2008, Bartherotte estime que Tapie,«tel que je le connais, aura su promettre un arrangement électoral, comme par exemple se présenter à une élection pour bloquer la gauche à un moment décisif. Le problème aujourd'hui ne viendrait-il pas du fait que le contrat n'a pas été rempli ?», s'interroge-t-il.
Tapie a été «incontestablement» victime du LyonnaisBartherotte, qui dit avoir eu quelques démêlés avec Bernard Tapie -- qu'il qualifie de «malin, drôle», mais manquant «seulement (de) quelques principes moraux» -- juge que ce dernier a été «incontestablement» victime du Lyonnais. Lui-même avait créé en 1996 l'association des petits porteurs pour l'annulation de la vente litigieuse d'Adidas (APPAVLA), dont les membres s'estimaient aussi grugés par le Lyonnais, et la justice avait condamné la banque, le 7 novembre 1996, à payer une provision de 600 millions de francs (91,5 millions d'euros) aux liquidateurs des sociétés de Tapie.
Dans cette veine, Bartherotte qualifie la décision d'arbitrage de «logique mais scandaleuse. Les turpitudes du Lyonnais ne font pas la vertu de Tapie», qui avait «risqué (...) surtout l'argent)du contribuable», puisque «c'était le Crédit Lyonnais qui avait avancé la majeure partie des capitaux».
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Comprendre le rôle de l'Etat dans cet arbitrageAncien directeur de cabinet de Christine Lagarde quand elle était ministre de l'Economie sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Stéphane Richard a dû s'expliquer sur le rôle et la responsabilité du ministère dans la décision en 2007 de recourir à un arbitrage pour mettre fin au litige sur la vente d'Adidas.
Les juges d'instruction du pôle financier de Paris enquêtent sur l'arbitrage qui a permis à Bernard Tapie d'obtenir en juillet 2008, 403 M€ d'indemnités. Ils cherchent à savoir si cet arbitrage a été entaché d'irrégularités et s'attachent pour cela à démonter la chaîne de prises de décision ayant conduit au choix de recourir à un tribunal privé. Ils étudient en particulier le mode de désignation des arbitres et la décision du gouvernement de ne pas contester la procédure.
Entendu en détail sur le rôle de Bercy et de l'Elysée, Stéphane Richard a affirmé à plusieurs reprises qu'il n'y a eu «ni ordre, ni instruction, ni pression particulière» de l'Elysée. Depuis 2008, Christine Lagarde, actuelle patronne du FMI, a toujours revendiqué la responsabilité de l'arbitrage et la décision de renoncer à en demander l'annulation. Elle a été placée récemment sous le statut de témoin assisté dans l'enquête la visant conduite par la Cour de justice de la République.