WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Société Affaire Adidas : un juge arbitral et l'avocat de Tapie en garde à vueMis à jour le 28/05/2013 à 12:44 - Publié le 28/05/2013 à 12:21 L'ancien magistrat Pierre Estoup est soupçonné d'avoir eu des liens professionnels avec Maurice Lantourne, avocat de Bernard Tapie, que l'on voit ici en compagnie de son client en 2008.
Les enquêteurs examinent les liens de l'ancien juge du tribunal arbitral Pierre Estoup avec l'avocat de Bernard Tapie, Maurice Lantourne.
Pierre Estoup, l'un des trois juges arbitres du tribunal arbitral dans l'affaire Tapie/Adidas a été placé en garde à vue lundi. Selon Mediapart, qui a révélé l'information, il pourrait être présenté aux trois juges d'instruction parisiens qui s'occupent du volet non-ministériel de l'affaire. En fonction des résultats de son audition, il pourrait être mis en examen lundi soir ou mardi matin. Ses liens avec Bernard Tapie sont examinés par les enquêteurs.
Cet ancien magistrat, alors président honoraire de la cour d'appel de Versailles, a fait partie du tribunal arbitral qui a rendu, en 2008, une décision favorable à Bernard Tapie dans l'affaire l'opposant au Crédit lyonnais sur la vente d'Adidas. Un trio arbitral également composé de Pierre Mazeaud, ex-président du Conseil constitutionnel, et de l'avocat Jean-Denis Bredin.
Selon des informations de Mediapart confirmées par un proche de l'enquête, l'avocat de Barnard Tapie, Maurice Lantourne, aurait lui aussi été placé en garde à vue.
Des liens qui n'auraient pas été rendus publicsLes enquêteurs soupçonnent Pierre Estoup d'avoir eu par le passé des liens professionnels avec Me Maurice Lantourne, avocat de Bernard Tapie. L'ex-magistrat n'en avait pas fait état au moment de l'arbitrage en faveur de l'homme d'affaires. Aux yeux du député (UDI) Charles de Courson, ce défaut d'information relève d'un conflit d'intérêts susceptible de remettre en cause la légalité de l'arbitrage dont a bénéficié Bernard Tapie. Pierre Estoup est par ailleurs intervenu à la demande de Me Lantourne dans deux autres arbitrages, en 1999 et 2001.
Le journal
L'Express révèle également qu'un livre de Bernard Tapie dédicacé de sa main le 10 juin 1998 aurait été découvert à l'un des domiciles de l'ancien magistrat, lors d'une perquisition effectuée le 14 mai. L'homme d'affaires y mentionnerait le «courage» du «Président Estoup» en l'assurant de son «infinie reconnaissance» et concluant: «Je vous remercie avec toute mon affection».
L'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde auditionnéLa décision du tribunal arbitral rendue en 2008 concernait le Consortium de réalisation (CDR), créé en 1995 pour gérer le passif du Crédit lyonnais après sa quasi-faillite. La structure a été condamnée à verser à Bernard Tapie 285 millions d'euros d'indemnités, dont 45 millions à titre de préjudice moral, soit 403 millions d'euros avec les intérêts. Trois juges du pôle financier parisien, Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut, conduisent depuis septembre 2012 une information judiciaire pour «usage abusif de pouvoirs sociaux et recel de ce délit» au préjudice du CDR dans le cadre de cette affaire.
Depuis septembre 2012, de nombreuses perquisitions ont été réalisées notamment aux domiciles de Bernard Tapie et de Stéphane Richard, ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, ainsi qu'aux cabinets de Me Lantourne. Les policiers ont également perquisitionné les domiciles des trois juges arbitraux ainsi que le domicile et le bureau de Claude Guéant, ex-secrétaire général de l'Elysée. D'après les informations de Mediapart, Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, doit de nouveau être entendu par la commission d'instruction de la CJR le 10 juin prochain.
Parallèlement, une procédure a été engagée devant la Cour de Justice de la République (CJR) contre l'ex-ministre de l'Economie Christine Lagarde, qui avait pris la décision de recourir à cet arbitrage pour solder le contentieux fin 2007. Visée par une enquête pour «complicité de faux et de détournement de fonds publics», elle a été entendue jeudi et vendredi par la Cour de justice de la République et placée sous le statut de témoin assisté.