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Le PS soupçonné d'avoir favorisé l'élection de Marion Maréchal-Le Pen
Mis à jour le 29/05/2013 à 10:53 - Publié le 29/05/2013 à 09:59
Maréchal-Le Pen ne croit pas non plus à un coup de pouce socialiste. Pour elle, s'il n'y a pas eu de front républicain, c'est que le PS et l'UMP locaux se détestent.
Des élus socialistes soupçonnent leurs collègues du Vaucluse d'avoir maintenu leur candidate pour assurer la victoire du FN dans la triangulaire. En échange, le FN avait prévu de faire de même dans la circonscription voisine.
Le Vaucluse a-t-il été le théâtre d'arrangements secrets entre le PS et le FN, qui ont abouti à l'entrée de Marion Maréchal-Le Pen à l'Assemblée nationale? Ce soupçon d'entorse au front républicain fait l'objet d'une enquête de la part du siège parisien du PS, révèle
L'Express . Le rapport devrait être remis en fin de semaine à Harlem Désir. Au cœur de ce marché présumé, dont la thèse «est défendue par des socialistes repentis», écrit l'hebdomadaire, «un échange de bons procédés».
En juin 2012, à l'issue du premier tour, les conditions pour une triangulaire entre les candidats FN, PS et UMP dans la 3e et la 5e circonscription du Vaucluse sont réunies. Dans la 3e, la candidate socialiste Catherine Arkilovitch est arrivée en troisième position, derrière le député UMP sortant Jean-Michel Ferrand et Marion Maréchal-Le Pen. Dans la 5e, c'est la candidate apparentée FN qui est arrivée en dernière position, après l'UMP et le PS. D'après les témoignages recueillis par
L'Express, le président socialiste du conseil général du Vaucluse aurait poussé Catherine Arkilovitch à se maintenir pour assurer l'élection de la nièce de Marine Le Pen. En contrepartie, la candidate FN aurait dû se maintenir dans la 5e, où le socialiste Jean-François Lovisolo avait besoin de la présence du FN au second tour pour devancer l'UMP.
À l'appui de cette thèse,
L'Express cite le premier secrétaire du Vaucluse, Patrice Lorello. Ce dernier affirme avoir reçu un coup de fil de Claude Haut. Le président du conseil général l'aurait pressé de «prendre la décision du maintien d'Arkilovitch». Un deuxième coup de fil, cette fois du responsable du local de campagne du candidat PS Jean-François Lovisolo, suit cette conversation. Il aurait expliqué à Patrice Lorello: «des gens du FN sont passés et ils menacent de faire retirer leur candidate, Martine Furioli, dans la 5e, si Arkilovitch se désiste dans la 3e» . Puis, quelques heures plus tard, Jean-François Lovisolo, lui-même, aurait contacté Patrice Lorello pour lui tenir les mêmes propos.
Marion Maréchal-Le Pen ne croit pas à un coup de pouceLe message passe. En dépit des suppliques de Solferino, Catherine Arkilovitch se maintient. Le témoignage de son suppléant, qui, quant à lui, refuse de continuer, semble accréditer la thèse d'une entente PS-FN. «Un militant proche du conseil général m'a dit: “Si vous vous retirez, vous ferez perdre un camarade ailleurs”», confie-t-il à l'hebdomadaire.
Finalement, le 17 juin , Marion Maréchal-Le Pen est élue députée du Vaucluse avec 42,09% des voix contre 35,8% au candidat UMP Jean-Michel Ferrand et 22,08% à Catherine Arkilovitch. Dans la 5e, le candidat UMP bat le prétendant socialiste. Entre-temps, la candidate apparentée FN s'est désistée. Une décision prise en désaccord avec la direction nationale du FN.
Les deux responsables du PS Marc Mancel et Pascal Jailloux, chargés de l'enquête, n'ont pas obtenu de preuves formelles d'un accord entre le FN et le PS mais leur rapport sera à charge, a assuré l'un d'eux à
L'Express. «Il n'est pas normal, par exemple, que le président socialiste du conseil général ait refusé de prendre la première secrétaire du parti à l'époque, Martine Aubry, au téléphone pendant toute la semaine de l'entre-deux tours», souligne Marc Mancel. Jean-François Levioso n'a pas voulu s'expliquer devant eux mais s'est défendu à Paris. L'intéressé nie toute entente, brandissant comme argument le désistement du candidat FN dans la 5e circonscription. Marion Maréchal-Le Pen ne croit pas non plus à un coup de pouce socialiste. Pour elle, s'il n'y a pas eu de front républicain, c'est parce que le PS et l'UMP locaux se détestent.