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PS : un conseil national sous haute tension
Mis à jour le 13/04/2013 à 12:34 - Publié le 12/04/2013 à 19:47
Des employés de PSA ont interrompu samedi matin le conseil national du PS pour réclamer une médiation dans le dossier afin d'éviter que «tous, nous soyons au chômage».
Les socialistes tentent samedi de surmonter les ravages de l'affaire Cahuzac. «Nous venons de subir un choc très rude, mais nous répondrons à l'attente des Français», a assuré Jean-Marc Ayrault dès l'ouverture des débats.
Ça va tanguer. Le Parti socialiste réunit son conseil national (CN) ce samedi à Paris, dans un climat explosif. Dès les premiers instants de la réunion, des employés de PSA Aulnay ont interrompu les échanges pour réclamer un médiateur dans leur dossier. Le ton était donné.
Car dix jours après les ravages causés par les aveux de Jérôme Cahuzac, les socialistes se montrent également divisés sur la ligne économique du gouvernement. Soucieux d'éviter que le CN se transforme en foire d'empoigne, Jean-Marc Ayrault a lancé une opération déminage, en lien avec le premier secrétaire, Harlem Désir. Les deux hommes ont réuni vendredi matin à Matignon les poids lourds du gouvernement et de la majorité, signataires de «la motion 1», qui a obtenu une large majorité au congrès de Toulouse, en octobre. «Il fallait afficher l'unité de la majorité dans les turbulences», note un participant. «François Hollande souhaite que les socialistes trouvent le ton juste samedi», rapporte un autre. Revue de détails d'un CN sous haute tension.
La ligne économique du gouvernement en débatLes socialistes profiteront du CN, prévu pour préparer la prochaine convention du parti sur l'Europe, pour débattre de la ligne économique, alors que de plus en plus de voix s'élèvent afin de demander à Hollande de tenir tête à l'Allemagne et de desserrer l'étau budgétaire. Vendredi, les députés PS de la Gauche populaire ont appelé le chef de l'État à une «confrontation politique avec Angela Merkel», qui «mène l'Europe dans le mur». Après l'intervention cette semaine de trois ministres contre l'austérité, l'aile gauche du PS, partisane d'un tournant de la relance, compte enfoncer le clou samedi. «Il faut en finir avec la rigueur, poursuit la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann. On va taper du poing sur la table.» Les tenants de l'aile gauche, emmenés par Emmanuel Maurel, plaideront pour un «nouveau pacte majoritaire pour une nouvelle politique». Ils proposeront de faire entrer au gouvernement les «forces de gauche» qui ont soutenu Hollande au deuxième tour de la présidentielle.
«Ça va être la sarabande des tenants de l'autre politique», soupire le député Christophe Caresche. «Il n'y a qu'une seule ligne, celle qui a été tranchée par les militants à Toulouse, s'agace le sénateur Luc Carvounas. Il faut que les uns et les autres arrêtent leur musique personnelle et fassent œuvre collective.» Les leaders réunis à Matignon vendredi ont tracé les grandes lignes d'une résolution qui sera adoptée samedi lors du CN. Le texte, qui réaffirme le cap, devait être finalisé dans la soirée lors d'une réunion à l'Assemblée nationale.
Le CN est aussi l'occasion d'une thérapie de groupe pour des socialistes traumatisés par l'affaire Cahuzac. «Il y a un traumatisme généralisé, on a besoin de discuter tranquillement», reconnaît-on dans l'entourage du premier secrétaire. «Il y aura un avant et un après dans le quinquennat, prévient le député Jérôme Guedj, tenant de l'aile gauche. Cette affaire est un révélateur. Elle montre la nécessité pour la gauche au pouvoir d'incarner une justice dans l'effort. Ça oblige à un changement de braquet.» À gauche, de nombreux élus émettent des réserves sur les mesures de transparence jugées jusqu'au-boutistes. «Cette demande de publication de patrimoine est pénible, juge le député Laurent Baumel. Un seul homme a jeté le discrédit sur tous les élus, qui vont devoir se justifier de ne pas être pourris!» Dès les premiers instants du CN, Jean-Marc Ayrault a de fait tenter de rassurer le parti: il a répété que la détention par l'ex-ministre du Budget d'un compte occulte était la faute d'un homme seul et que lui-même avait cru jusqu'au bout qu'il s'agissait d'une «rumeur sans fondement». Et il a rejeté les réserves ou critiques sur la transparence. «Nous venons de subir un choc très rude, mais nous répondrons à l'attente des Français», a-t-il assuré.
Le PS, qui peine à imprimer sa marque, se penchera aussi sur son rôle. «Le PS ne doit pas soutenir mécaniquement le gouvernement, mais dire ce que le gouvernement ne peut pas forcément dire», analyse le député Christian Paul. Beaucoup critiquent mezza voce un parti qui se serait montré «défaillant» dans la tempête. «Plutôt que de proposer un référendum sur la moralisation de la vie publique, Désir aurait mieux fait de vendre la loi Sapin, qui est une révolution», se plaint un ministre. Cette proposition de référendum a fait bondir les hollandais, qui ont fait part de leurs interrogations au premier secrétaire lors d'une réunion, mercredi. «Comme personne n'osera s'en prendre au président ou au premier ministre, tout le monde va se tourner vers ce pauvre Harlem, résume un socialiste. Il va servir de bouc émissaire.» Un premier fédéral résume: «Il y a une chose sur laquelle tout le monde s'accorde: heureusement qu'il n'y a pas d'élections demain!»