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PS-EELV, une cohabitation sous haute tension
Mis à jour le 09/11/2012 à 19:22 | publié le 09/11/2012 à 12:38
Cécile Duflot et Jean-Marc Ayrault, en septembre dernier.
Nucléaire, traité européen, fiscalité écologiste… Les divergences entre socialistes et écologistes se multiplient depuis six mois.Le torchon brûle entre écologistes et socialistes. A tel point que Jean-Vincent Placé s'interroge sur l'intérêt pour EELV d'être représenté au sein du gouvernement. Le départ des deux ministres écologistes, Cécile Duflot et Pascal Canfin, n'est d'ailleurs pas exclu par François Hollande, même si le chef de l'Etat assure ne pas le souhaiter. Une crise qui intervient au bout de six mois d'une cohabitation sous tension, marquée par de nombreux désaccords.
» Le cannabis, qui dirigeait encore à l'époque Europe Ecologie-Les Verts, a crée d'importants
: Moins d'un mois après sa nomination au ministère du Logement, Cécile Duflotremous en se prononçant pour la dépénalisation du cannabis. «Je sais que ce n'est pas la position du gouvernement, mais là, je suis la secrétaire nationale d'EELV, et je dis quelle est notre position», a-t-elle lancé le 5 juin, à quelques jours seulement des législatives. La prise de position étant en parfaite contradiction avec celle de François Hollande, Jean-Marc Ayrault n'a eu d'autre choix que de recadrer sa ministre. Pas suffisant pour faire taire l'UMP, qui a dénoncé une «cacophonie gouvernementale».
» Le nucléaire: Le sujet avait déjà provoqué une polémique entre les deux camps pendant la campagne présidentielle. Socialistes et écologistes, qui négociaient alors un accord de mandature commun, s'étaient écharpés sur le sort du combustible MOX et sur la construction d'un nouvel EPR à Flamanville, souhaitée par le candidat PS. Lequel avait ensuite choisi de ne pas reprendre à son compte la fermeture de 24 réacteurs sur 58, prévue dans l'accord. En août, Arnaud Montebourg a remis le feu aux poudres en déclarant qu'il ne fallait pas «abandonner le nucléaire», qui est une «filière d'avenir». Le ministre a reçu dans la foulée le soutien de Manuel Valls. Tollé chez les écologistes, qui ont dénoncé une «provocation».
» La fiscalité écologiste: Les mesures du pacte de compétitivité annoncées mardi par Jean-Marc Ayrault ont du mal à passer chez les écologistes. Outre la hausse de la TVA, critiquée, les Verts s'inquiètent surtout du choix du gouvernement de repousser à 2016 la mise en place d'une fiscalité écologiste. «C'est trop tard!» s'est permis de critiquer, dans Le Nouvel Observateur, le ministre écologiste délégué au Développement Pascal Canfin. «C'est incompréhensible et inacceptable, pour nous, écologistes», a estimé pour sa part François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée. Les écologistes déplorent un recul du gouvernement, qui avait auparavant fixé l'année 2014 comme échéance pour la mise en place d'une fiscalité verte.
» Le traité budgétaire européen: L'opposition des écologistes au texte, pierre angulaire de la politique économique du gouvernement, a provoqué un nouveau psychodrame au sein de la majorité. Les appels à la démission des deux ministres écologistes se sont multipliés. Il aura fallu que Jean-Marc Ayrault intervienne en personne, saluant le «travail formidable» de Cécile Duflot, pour que la crise se désamorce. Mais en votant contre le texte au Parlement, les écologistes ont crée un précédent…
» Le gaz de schiste: Là encore, c'est Arnaud Montebourg qui est à l'origine de la polémique. Dans un entretien accordé en juillet au
Monde, le ministre du Redressement productif a estimé «la question de l'exploitation des gaz de schiste doit être posée». Réponse immédiate de Jean-Vincent Placé: «En termes stratégiques, industriels, environnementaux, c'est une lourde erreur». Le débat a repris lorsque Louis Gallois, dans son rapport sur la compétitivité commandé par le gouvernement, a recommandé de «poursuivre la recherche sur les techniques d'exploitation des gaz de schiste». Mais Matignon a finalement calmé le jeu, cette semaine, en annonçant qu'il ne retiendrait pas cette piste.
» L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes: La construction d'une nouvelle plateforme aéroportuaire près de Nantes constitue une ligne de fracture entre les Verts et Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, qui a toujours défendu le projet. «Mon désaccord sur ce point est connu par le premier ministre», a assuré Cécile Duflot mercredi sur RTL. A la mi-octobre, l'expulsion des opposants qui occupent illégalement l'espace dédié à l'aéroport, a renforcé les crispations. Cécile Duflot a déploré la «répression» policière et le «manque de dialogue». «On est en droit de s'interroger sur la poursuite de notre soutien à un gouvernement qui utilise la force comme ses prédécesseurs», a lancé de son côté Noël Mamère.