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Grèce : visite d'Angela Merkel sous haute tension
Publié le 09.10.2012, 06h57 | Mise à jour : 07h57
Angela Merkel, la chancelière allemande, va affronter la colère de la rue grecque alors qu'elle vient ce mardi apporter son soutien au gouvernement conservateur qui poursuit sa politique d'austérité. En Grèce, la chancelière allemande est considérée comme la responsable de la baisse du niveau de vie de la population.
Au nom du maintien du pays dans l'euro, ce dernier tente d'imposer un nouveau train d'austérité rejeté par la population, après trois ans de crise en cascade qui ont éreinté le pays.
Alors que des manifestations sont attendues dans l'après-midi, le centre de la capitale grecque a été bouclé sous haute sécurité et restera coupé à toute circulation entre 9 heures et 22 heures (heures locales). L'escorte de protection de la chancelière est hors-norme : quelque 6500 policiers et membres des forces anti-émeute sont sur le pied de guerre pour tenter d'éviter tout dérapage, dans une ville où les manifestations qui s'enchainent depuis trois ans deviennent de plus en plus violentes.
La visite d'Angela Merkel, la première depuis le début de la crise, prend une allure archi-symbolique. Elle est tenue par l'homme de la rue grec comme personnellement responsable de la baisse de son niveau de vie pour son intransigeance à vouloir d'abord assainir les comptes du pays, au risque de l'étouffer.
La Grèce comparée à la République de Weimar
Dans une interview à la presse allemande la semaine dernière, le Premier ministre Antonis Samaras a tiré la sonnette d'alarme sur l'état du pays, où le taux de chômage est de 24%. Dans le même temps, l'actualité est dominée par les scandales de corruption et les suicides, alors que les entreprises ferment par dizaines chaque jour.
Selon lui, la «cohésion de la société» grecque est «mise en danger par la montée du chômage comme c'était le cas de l'Allemagne à la fin de la République de Weimar», régime qui tentait aussi d'imposer une austérité budgétaire et dont la faillite a finalement entraîné l'accession d'Hitler au pouvoir.
Le conservateur plaide pour un allongement de la durée nécessaire (quatre ans au lieu de deux) pour appliquer un paquet de 13,5 milliards d'euros d'économie demandé par les créanciers du pays et pas encore voté au parlement, censé permettre la poursuite du maintien de l'aide financière de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire itnernational (FMI). Sauf que les créanciers du pays ne partagent pas du tout le même point de vue (
lire l'encadré).
Le chef de l'opposition Alexis Tsipras, dirigeant du parti de gauche radicale Syriza a fustigé le soutien accordé par Angela Merkel à un gouvernement de coalition qui «s'écroule». «Ce qui arrive dans notre pays est sans précédent et criminel», a-t-il martelé, soutenant que les programmes d'austérité en cours «mènent à l'effondrement social».
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Les créanciers de la Grèce perdent patienceLes créanciers de la Grèce lui ont demandé d'agir d'ici le prochain sommet européen du 18 octobre pour mettre en oeuvre les réformes promises. «Nous avons souligné qu'avant tout nouveau déblocage de fonds, la Grèce doit montrer sa détermination à mettre en place les réformes promises », a affirmé le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, lors d'une conférence de presse lundi à l'issue d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro.
«Concernant la Grèce, il y a encore du travail à faire», a renchéri la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, en évoquant «la fiscalité, les réformes structurelles et le financement de la dette».
Athènes cherche à débloquer une tranche vitale de 31,5 milliards d'euros tirée d'un prêt international de 130 milliards, accordé l'hiver dernier. Le versement a été bloqué depuis juin par ses créanciers dans l'attente de l'adoption d'un nouveau train d'économies budgétaires et de rigueur. Aucun accord n'est intervenu samedi sur ce programme. Les négociations ont été suspendues et doivent reprendre cette semaine.