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75 %, allocations, retraites : l'intervention de Hollande résumée
Le 28.03.2013 à 21h13 • Mis à jour le 28.03.2013 à 22h48 Le chef de l'Etat a consulté à tour de bras en vue de son intervention, jeudi sur France 2.
L'heure était aux grandes explications. François Hollande, au plus bas dans les sondages, était l'invité du journal télévisé de France 2, jeudi 28 avril. Interrogé par David Pujadas, le chef de l'Etat a essayé d'éclairer la politique menée par son gouvernement. L'occasion pour lui de faire de la pédagogie sur les principales mesures, et également de faire quelques annonces.
Taxe à 75 % : le choix de l'entrepriseTrès attendu sur la question
, François Hollande a confirmé les informations sorties dans la journée :
"Quand la rémunération des chefs d'entreprise dépasse 1 million d'euros, l'entreprise prendra en charge la taxe de 75 %." Une façon selon lui de
"responsabiliser" les sociétés :
"Ceux qui sont au plus haut des rémunérations ne peuvent-ils pas faire cet effort pendant deux ans ?"Allocations familiales : fin de l'universalitéAlors que différentes hypothèses de taxation ou de plafonnement des allocations familiales sont dans les tuyaux depuis plusieurs semaines, le chef de l'Etat a annoncé qu'elles seront finalement modulées en fonction des revenus, même si tout le monde continuerait à en percevoir. Si François Hollande a salué la politique familiale et le fort taux de fécondité en France, c'est de fait la fin de l'universalité des aides qui se profile. En revanche il a écarté l'idée d'une fiscalisation de ces allocations, la jugeant
"ridicule".Retraites : des durées de cotisation allongées
Sur les retraites, le constat est là :
"On a 20 milliards d'euros de déficit en 2020, on en a forcément dans les prochaines années." François Hollande a confirmé une réforme : sans rentrer dans les détails, il a confirmé qu'il faudrait à l'avenir
"des durées de cotisation plus longues". Le chef de l'Etat a ajouté qu'il faudrait des mesures supplémentaires sans exclure une éventuelle désindexation des pensions des retraités. En revanche, les petites retraites seraient épargnées.
PMA : l'enterrement discretAlors que de nombreux manifestants s'étaient réunis devant le siège de France Télévisions pour exprimer leur opposition au texte sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels, François Hollande a confirmé son intention d'aller au bout du processus législatif. Mais l'ouverture de la procréation médicale assistée (PMA) aux couples de même sexe semble, elle, avoir du plomb dans l'aie :
"La PMA, ce n'est pas dans le texte, c'est renvoyé au Comité national d'éthique qui doit donner un avis avant la fin de l'année. [S'il dit non]
, je respecterai son avis."Laïcité : un nouveau texte de loi
Alors que la question de la laïcité a été débattue ces derniers temps, après l'annulation du licenciement d'une salariée voilée de la crèche Baby Loup par la Cour de cassation, le président de la République a fait part de sa volonté de légiférer sur la question. Sans préciser le fond de sa pensée, il a déclaré :
"Je pense que la loi doit intervenir."Accords de participation : déblocage immédiatCette mesure s'adresse aux salariés des entreprises qui ont pris des participations aux bénéfices. Alors que ceux-ci étaient bloqués cinq ans, le chef de l'Etat a annoncé que les employés pourront utiliser ces montants tout de suite,
"sans pénalité fiscale". Une réforme qui dure six mois et qui concerne les sommes jusqu'à 20 000 euros. Selon lui, cette réforme est un
"coup de pouce" au pouvoir d'achat, qui reste tout de même modeste.
Mali : retrait d'une partie des troupes"Nos buts ont été atteints", a-t-il dit. D'ici juillet, il n'y aura
"plus que 2 000 soldats français au Mali", a annoncé le chef de l'Etat, et plus que 1 000 à la fin de l'année, contre plus de 4 000 aujourd'hui.
"Nous avons arrêté une offensive terroriste. Nous avons reconquis les villes occupées par les terroristes. Je suis allé constater moi-même sur place, avec un accueil de la population qui nous confiait que la France est un pays libérateur", a-t-il estimé, en remerciant les soldats français. Il a admis que les otages n'avaient pu être retrouvés, même si des
"preuves de vie" ont été apportées concernant la famille enlevée. En revanche, le sort de l'otage Philippe Verdon semble scellé,
"des éléments" accréditant le fait qu'il
"pourrait être mort".Défense : le budget ne sera pas amputéAlors que le budget du ministère de Jean-Yves Le Drian devait subir des coupes très importantes, François Hollande a annoncé qu'il sera maintenu en 2014 au même niveau qu'en 2013.
Par ailleurs, François Hollande refuse toujours les livraisons d'armes aux rebelles syriens :
"Il ne peut pas y avoir de livraison d'armes à la fin de l'embargo, c'est en mai, s'il n'y a pas la certitude que ces armes seront utilisées par des opposants légitimes et coupés de toute emprise terroriste [...].
Pour l'instant, nous ne l'avons pas cette certitude, nous ne le ferons pas tant qu'il n'y a pas la certitude qu'il y a aujourd'hui un contrôle total par l'opposition de la situation", a assuré M. Hollande.
Orientation générale : "J'ai un cap" et "J'ai le cuir solide"Tout le début de l'intervention du président s'est résumé à un long exercice d'explication des mesures déjà adoptées. Accusé par l'opposition de ne pas avoir pris la mesure de la crise, le président de la République a reconnu la gravité de la situation, tout en refusant de faire un mea culpa :
"J'ai un cap, la croissance, a-t-il dit.
Quand je me suis présenté à l'élection, je connaissais la situation, je connaissais la crise qui frappait l'Europe. Comment l'aurais-je sous-estimée ? En revanche nous n'avions pas anticipé que cette crise allait durer plus longtemps que prévu.""J'ai le cuir solide, j'ai les nerfs tout à fait froids, de sang-froid, a-t-il répondu à propos des critiques et du "Hollande bashing"
. Au premier avis de tempête, je ne dois pas être en train de savoir si je dois changer de cap."François Hollande a également réitéré sa promesse d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année.
"Ce n'est pas un pronostic, c'est un engagement et une bataille. Les moyens sont là", a-t-il martelé en rappelant les mesures prises, comme les contrats de génération et les emplois d'avenir.
Il a enfin voulu montrer une position ferme de refus de l'austérité en Europe.
"Aujourd'hui, prolonger l'austérité, c'est le risque de ne pas aboutir à réduire les déficits et la certitude d'avoir des gouvernements impopulaires dont les populistes feront une bouchée le moment venu", a-t-il expliqué avant de conclure :
"Etre dans l'austérité, c'est condamner l'Europe à l'explosion."