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Retraites : Fillon accuse Hollande de mensonge
Publié le 13/12/2011 à 19:53 François Fillon, le 13 décembre à l'Assemblée.
Devant les députés UMP, le chef du gouvernement a expliqué que le candidat socialiste s'apprêtait à «ne pas respecter ses engagements» sur ce sujet.
L'occasion était trop belle. Le premier ministre, François Fillon, a une fois encore accusé mardi matin François Hollande de «mensonge». Devant les députés UMP, le chef du gouvernement a expliqué que le candidat socialiste avait «menti sur la retraite à 60 ans» et s'apprêtait à «ne pas respecter ses engagements» sur ce sujet. La veille, le député de la Corrèze avait indiqué sur RTL que «ceux qui ont commencé leur vie professionnelle à 18 ans, qui auront fait 41 années de cotisations, voire 42 ans, pourront partir à 60 ans» mais que «ceux qui n'ont pas leur durée de cotisations ne le pourront pas».
Fillon a ajouté, dans le huis clos de la salle Colbert: «Cela commence à faire beaucoup. François Hollande a menti sur le nucléaire en disant une chose aux Verts et son contraire à la CGT. Il a menti sur l'Europe, et il a menti maintenant sur la retraite à 60 ans.» Lors de la séance de questions au gouvernement, le premier ministre a évoqué brièvement le sujet. Répondant au patron des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, qui dénonçait une Europe qui n'a que «l'austérité pour tout horizon», François Fillon a lancé aux députés socialistes (en l'absence de François Hollande): «Si vous voulez soutenir le triple A, votez la règle d'or et renoncez à votre funeste réforme des retraites.»
À dix jours de l'interruption des travaux parlementaires, pour la trêve de fin d'année, les députés PS avaient prévu de concentrer mardi leurs tirs sur les risques de perte de la note triple A et «le président candidat», comme ils appellent désormais Nicolas Sarkozy. Mais la question des retraites a continué de faire des vagues. Répondant à Denis Jacquat (UMP, Meurthe-et-Moselle), le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a martelé: «La campagne du candidat socialiste a commencé dans le mensonge parce que les socialistes nous ont dit, la main sur le cœur, que s'ils reprenaient le pouvoir, ils reviendraient à la retraite à 60 ans pour tous.»
Lors de la primaire socialiste, François Hollande avait en effet répondu à une interpellation de Martine Aubry: «Oui, on rétablira l'âge légal, si c'est ça la question.» Revenant sur les propos tenus la veille par le candidat socialiste, Xavier Bertrand a ajouté: «Même en cherchant à camoufler les choses, on l'a compris: M. Hollande a menti. Il n'y aura pas de retour à la retraite à 60 ans.» À l'instar du premier ministre, Xavier Bertrand a souligné que le schéma présenté par le candidat PS coûterait «20 milliards d'euros qui manqueront pour les comptes de retraites, tous régimes confondus, d'ici 2018». Dans sa lancée, le ministre du Travail a conclu, sous les applaudissements de la majorité: «Social, ça commence comme socialiste, mais ça n'a rien à voir.»
« Rétropédalage »Après avoir tant reproché aux socialistes de ne pas avoir soutenu la réforme Fillon de 2003, qui tenait compte de la pénibilité et des carrières longues, la majorité se gausse de l'exercice de «rétropédalage» auquel se livrerait François Hollande. L'espoir d'un retour de la retraite à 60 ans apparaît de plus en plus comme une chimère, ce qui provoque sans surprise des remous à la gauche du PS (voir ci-dessous).
De Jean-Marc Ayrault à Pierre Moscovici, les amis de François Hollande ont organisé mardi la contre-offensive, et se sont relayés pour affirmer que le candidat socialiste «ne fait que redire ce qu'il a déjà dit». En cas de victoire de son camp l'année prochaine, Hollande a déjà prévu d'ouvrir une négociation avec les partenaires sociaux avant l'été 2012 pour remettre sur le métier cette réforme emblématique.
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Les Verts et le Front de gauche critiquent le candidat socialisteLe député écologiste Noël Mamère a estimé mardi que François Hollande s'était «éloigné» de la position des Verts sur l'âge légal de la retraite et que, «le moment venu», il appartiendrait à EELV de «savoir ce que nous aurons à faire». Interrogé sur des déclarations de François Hollande, le député Vert a souligné que «le programme d'Europe Écologie-Les Verts est très clair: fixer l'âge légal de la retraite à 60 ans». De son côté, Olivier Dartigolles, directeur adjoint de campagne de Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), a accusé le candidat PS de ne pas tenir cet «engagement» et de «reculer» sur la pénibilité.