WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > Politique
À Dijon, Hollande se confronte au désamour
Mis à jour le 12/03/2013 à 21:55 | publié le 12/03/2013 à 20:00
François Hollande, mardi à Chevigny-Saint-Sauveur (Côte-d'Or), lors de la visite de l'entreprise Urgo, spécialisée dans la fabrication de pansements.
Au cours d'un voyage très médiatisé, le président n'a pu que constater les inquiétudes et les regrets des Français. Ni colère, ni enthousiasme. François Hollande ne suscite-t-il que l'indifférence? Si les deux jours passés en Côte-d'Or par le président de la République avaient des airs de campagne électorale, du bain de foule de lundi aux meetings de mardi, c'est d'une campagne molle qu'il s'agissait. Peu de soutien dans les rues, quelques mécontents, beaucoup d'attente dans les auditoires. C'est la traduction concrète de la chute enregistrée dans les enquêtes d'opinion. «Les sondages sont indexés sur deux choses», explique un proche du président: «L'état d'esprit des Français et l'état de l'économie et du chômage». Sans amélioration sur ce terrain, «il est impossible d'espérer une appréciation de l'exécutif, ce n'est pas une question de “François Hollande” ou de “Jean-Marc Ayrault”». Pas de miracle à attendre. Ce déplacement très médiatisé n'aura pas marqué le début de la reconquête attendue de l'opinion, comme l'a fait remarquer l'opposition. «Bienvenue dans le monde de la réalité», a lancé Nathalie Kosciusko-Morizet. «Ce président est en train de devenir l'incarnation de l'impuissance.»
Pour décrire la résignation qui s'installe dans le pays face à la crise, François Hollande a un mot: la «torpeur». Un «blocage psychologique» qui paralyse la France selon lui, comme la «lenteur» de l'action et la «lourdeur» des procédures. «La torpeur qui saisit les esprits à un moment dans la crise», a décrit le président de la République lors d'un discours aux «forces vives». «Un certain nombre de nos concitoyens pensent que c'est trop difficile, que la France n'a plus d'avenir, pensent que l'on peut se recroqueviller, se replier, rayer la mondialisation, le chômage d'un trait de plume», a-t-il déploré. François Hollande voudrait «redonner confiance» en l'avenir. C'est pourquoi il a tenu à visiter des entreprises performantes dans la région, comme Urgo ou OncoDesign. «On est dans un tel état de morosité qu'on veut montrer des entreprises qui marchent», explique-t-on dans l'entourage du président.
Exercice de vérité sur la gravité de la situation«Je m'exprime dans un moment où notre pays affronte depuis plusieurs années une crise, crise économique, financière, crise morale qui est lourde, qui est éprouvante tant elle donne le sentiment de s'installer, sans répit et parfois sans lumière pour sa sortie», a décrit François Hollande. De discours en discours, le président s'attache à un exercice de vérité sur la gravité de la situation et les efforts à mener. Mardi, il a reconnu que le déficit de la France en 2013 devrait atteindre 3,7 %, comme l'a indiqué la Commission européenne, «même si nous essaierons de faire moins». À chaque fois, le chef de l'État fait aussi preuve de volontarisme et d'optimisme. «On juge une politique à la fin, à ses résultats. Je demande à être jugé à la fin», a-t-il insisté.
François Hollande ne pensait pas changer la donne en deux jours, même en dormant dans le très grand lit du général de Gaulle, à la préfecture de Dijon. «Ce n'est pas un déplacement qui fait la relation avec les Français», a-t-il convenu. «Ce sera une suite de déplacements pour expliquer, pour entendre, pour annoncer. La conception que j'ai de la présidence de la République n'est pas une conception fermée, frileuse. Un certain nombre de réalités doivent être montrées, parfois elles peuvent frapper au visage, c'est la vie. C'est la responsabilité de celui qui est à la tête de l'État. Il y a des moments de doute, d'impopularité, et alors?»
De fait, de réunion en réunion, il a pu entendre les regrets et les craintes des entrepreneurs, des élus ruraux, des fonctionnaires… Dès mercredi, il reprendra son train de président: Conseil des ministres, Conseil européen jeudi et vendredi, inauguration du pont de Bordeaux samedi, cérémonie à Toulouse dimanche en hommage aux victimes de Mohamed Merah, dîner avec Angela Merkel à Berlin lundi. Le travail de reconquête reste à faire.
_______________________________________________________________________________________________________________
Quand Sarkozy repasse devant Hollande dans les sondagesDix mois après sa défaite, Nicolas Sarkozy repasse devant François Hollande. C'est ce qu'il ressort du tableau de bord Ifop pour Paris Match. Dans le duel des personnalités préférées, le match opposant l'actuel et l'ancien président tourne au profit de Nicolas Sarkozy avec 53 % de réponses en sa faveur contre 44 % pour François Hollande. En juillet dernier, Hollande obtenait 55% contre 42 % à Sarkozy, soit une baisse de onze points. Si 98 % des électeurs Sarkozy à la présidentielle continuent à le plébisciter, Hollande ne retrouve dans ce sondage que 90 % de ses électeurs de mai dernier. Chez les électeurs de Marine Le Pen, Hollande est très largement minoritaire avec 15 % qui le préfèrent contre 78 % pour l'ex-président. En terme de préférence partisane, les sympathisants des Verts ne sont «qu'à» 64 % pour Hollande contre 34 % pour Nicolas Sarkozy. Un résultat étonnant pour un parti associé à la majorité. Dans le même esprit, 85 % des électeurs de Mélenchon au 1er tour disent préférer Hollande. 14 % choisissent Sarkozy.