Messages : 14896 Date d'inscription : 25/10/2011 Localisation : Lyon
Sujet: Obama/Nétanyahou : chronique d'un désamour Mar 19 Mar - 17:38
WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > International
Obama/Nétanyahou : chronique d'un désamour
Mis à jour le 19/03/2013 à 11:14 | publié le 19/03/2013 à 11:12
Benyamin Nétanyahou et Barack Obama, lors d'un entretien le 5 mars 2012, à Washington.
L'inflexibilité du chef du gouvernement israélien sur le gel des colonies, mais aussi le refus du président américain de tracer des «lignes rouges claires» avec Téhéran, ont considérablement nui à leur relation.
A son arrivée à la Maison-Blanche en 2009, Barack Obama avait fait de la relance des pourparlers de paix israélo-palestiniens une priorité. Il souhaitait réussir là où son prédécesseur, George W. Bush, avait échoué. Mais ses rapports avec le chef du gouvernement israélien Benyamin Nétanyahou ont vite tourné au vinaigre et la méfiance qu'ils entretiennent l'un vis-à-vis de l'autre n'est plus un secret. Ce n'est sans doute pas un hasard si Obama a attendu si longtemps avant de se rendre en Israël, où il se rend ce mercredi, pour la première fois en tant que chef d'Etat.
• 18 mai 2009: première rencontre... et premiers désaccords.
Les deux dirigeants se retrouvent pour la première fois depuis leur prise de fonction respective, à Washington. En dépit de deux heures d'entretien, Obama n'obtient pas de Nétanyahou l'évocation d'un Etat palestinien. De son côté, le président américain refuse de fixer un «calendrier artificiel» sur l'Iran et son programme nucléaire controversé.
Première rencontre des deux dirigeants en exercice... et premiers désaccords.
• 9 mars 2010: un camouflet pour Joe Biden.
Le jour même de l'arrivée du vice-président américain à Jérusalem, Israël donne son feu vert à la construction de 1.600 nouveaux logements à Jérusalem-Est... Et ce, alors que Washington tente d'obtenir de l'Etat hébreu un gel de la colonisation, sans quoi les Palestiniens refusent de revenir à la table des négociations. «Cette annonce, avec sa teneur et son calendrier, particulièrement avec le lancement des pourparlers de proximité, est précisément le genre de mesure qui sape la confiance nécessaire à présent et va à l'encontre des discussions constructives que j'ai eues en Israël», réagit Joe Biden dans un communiqué.
Le vice-président Joe Biden (à gauche) et le premier ministre Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, le 9 mars 2010.
• 25 mars 2010: une rencontre glaciale.
Peu de temps après le camouflet infligé à Joe Biden, le chef du gouvernement israélien rencontre Obama à Washington. Il est reçu froidement par le président qui lui demande des mesures concrètes en faveur de la paix et interrompt même leur entretien pour dîner avec sa famille. Fait plutôt rare, leur rencontre ne donne lieu à aucun point presse ni aucune séance photo commune.
• Mai 2011: Obama défend les frontières de 1967.
Lors de son discours sur le Moyen-Orient, Barack Obama, qui proclame son soutien au Printemps arabe, évoque également pour la première fois un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967, incluant Jérusalem-Est et la Cisjordanie occupée par Israël à l'issue de la guerre des Six jours. «Les frontières d'Israël et de la Palestine devraient être fondées sur les lignes de 1967 avec des échanges sur lesquels les deux parties seraient d'accord, afin d'établir des frontières sûres et reconnues pour les deux Etats», déclare ainsi le président américain. Le lendemain, Nétanyahou, justement en visite aux Etats-Unis et «déçu», selon son entourage, envoie immédiatement un communiqué dans lequel il rappelle des engagements américains, pris en 2004, selon lesquels Israël n'aurait pas à se retirer au-delà des «lignes indéfendables de juin 1967».
• Novembre 2011: Sarkozy et Obama critiquent Nétanyahou en off.
En novembre 2011, le site internet français révèle les propos tenus par Nicolas Sarkozy et Barack Obama lors du G20 à Cannes. Alors que ces derniers croient que leurs micros sont coupés, ils ont un échange peu tendre à l'égard du premier ministre israélien. «Je ne peux plus le voir, c'est un menteur», lance celui qui est alors président de la France.«Tu en as marre de lui, mais moi, je dois traiter avec lui tous les jours!», rétorque son homologue américain.
Romney et Nétanyahou en juillet dernier.
• Eté 2012: Nétanyahou soutient le rival Mitt Romney.
Lors de la campagne présidentielle américaine de 2012, le chef du gouvernement israélien, même s'il ne prend officiellement partie pour aucun candidat, ne cache pas sa préférence pour le républicain. Sans compter que ce dernier a multiplié les critiques contre son adversaire qu'il accuse de ne pas assez soutenir Israël. Nétanyahou accorde à Romney un traitement quasi présidentiel lors de la visite de ce dernier à Jérusalem, fin juillet 2012.
• 2012: Washington s'agace du «chantage de la ligne rouge».
Face à la menace que représente le programme nucléaire iranien, le cabinet de Nétanyahou répète qu'il se tient prêt à des frappes préventives sur les sites nucléaires de Téhéran. Israël presse Washington de le soutenir en imposant au régime islamique «des lignes rouges claires». Mais le cabinet d'Obama n'apprécie guère qu'on veille lui forcer la main: le général Martin Dempsey, chef d'état-major américain, déclare ainsi fin août: «Je ne veux pas être complice s'ils (les Israéliens) choisissent d'attaquer les installations nucléaires iraniennes.» De quoi accroître les tensions entre les deux alliés, Nétanyahou répétant avec agacement que les sanctions internationales contre Téhéran sont inefficaces. En septembre, lors de son discours devant l'Assemblée générale de l'ONU, Nétanyahou, pour enfoncer le clou, illustre avec le dessin d'une bombe, la menace que représente le nucléaire iranien. Invoquant une incompatibilité de calendriers, les deux hommes se croisent à ce moment-là sans se rencontrer, à New York.