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Nétanyahou calme les colons israéliens
Mis à jour le 07/06/2012 à 22:23 | publié le 07/06/2012 à 17:52
Benyamin Nétanyahou à la Knesset, mercredi. Le premier ministre a fait échouer le vote d'une loi qui aurait permis de légaliser rétroactivement 5 bâtiments abritant 30 familles installées sur un terrain privé palestinien.
Le premier ministre israélien a promis la construction de près de mille logements en Cisjordanie.
Benyamin Nétanyahou est sorti vainqueur d'une épreuve de force avec le lobby des colons et des durs de sa majorité. Mais il a dû donner de sérieux gages pour tenter d'éviter des violences. Dans un premier temps, le premier ministre a fait échouer, mercredi, le vote d'une loi qui aurait permis de légaliser rétroactivement 5 bâtiments abritant 30 familles installées sur un terrain privé palestinien. La Cour suprême avait fixé au 1er juillet la date limite pour la destruction de ces maisons situées dans la colonie de Beit El de Cisjordanie.
Les organisations de colons, ainsi que des députés et ministres de l'aile la plus nationaliste de la coalition, ont mené campagne pour cette loi. Benyamin Nétanyahou, de crainte des réactions internationales, a mis son veto. Les constructions dans les colonies se font officiellement sur des terres domaniales, ou sur des terres acquises légalement auprès de Palestiniens. «Jusqu'à présent, la Knesset n'a jamais voté de loi sur l'application de la législation israélienne dans les territoires où habitent des Palestiniens en Judée-Samarie (Cisjordanie)», a expliqué Michael Eitan un ministre proche de Benyamin Nétanyahou. «Si le Parlement israélien, pour lequel les Palestiniens ne peuvent pas voter, adopte un texte qui les concerne directement, nous serons accusés d'apartheid comme l'Afrique du Sud dans le passé», a-t-il prévenu. À noter, toutefois, qu'aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies sont illégales.
Éviter le choc du retrait de GazaPour imposer sa volonté, et fort d'une majorité de plus de 90 députés sur 120, Benyamin Nétanyahou, surnommé récemment «King Bibi» par le Time Magazine, a menacé de limoger sur le champ les ministres qui voteraient la loi. Le message a été reçu cinq sur cinq. Aucun membre du gouvernement n'a osé passer outre. À titre de consolation, il a accordé un très beau lot de compensation aux colons. Objectif: éviter des images d'expulsions violentes des habitants des 5 immeubles et des manifestations de milliers de colons mobilisés pour les soutenir. Des scènes qui ne manqueraient pas de rappeler aux colons le «traumatisme» du retrait en 2005 de la bande de Gaza et de l'éviction des 8000 Israéliens qui résidaient dans les implantations disséminées dans cette région.
Benyamin Nétanyahou a promis la construction de 851 logements dans différentes implantations de Cisjordanie à titre de compensation. Il a aussi annoncé qu'il prenait la tête d'une commission interministérielle chargée de donner les autorisations de constructions en Cisjordanie, où vivent déjà plus de 320.000 Israéliens. Jusqu'à présent, ces décisions dépendaient d'Ehoud Barak, le ministre de la Défense, devenu la bête noire des colons, qui l'accusaient de ne distribuer les permis de construire qu'au compte-gouttes.
Bref, sur le front intérieur, Benyamin Nétanyahou déjà au plus haut dans les sondages peut se targuer, comme le soulignent les médias, d'avoir montré qui est le patron. Sur le front extérieur, l'annonce des 851 logements a été dénoncée par Mahmoud Abbas, le président palestinien, par les États-Unis, la France et les Nations unies sans que ces critiques impressionnent outre mesure Benyamin Nétanyahou qui estime avoir limité les dégâts du moins de son point de vue.