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Nigeria : les otages d'Ansaru sont probablement morts
Publié le 10.03.2013, 14h05 | Mise à jour : 17h16
ARCHIVES. Les islamistes d'Ansaru ont affirmé samedi avoir exécuté sept otages enlevés en février. Une information qui «semble fondée» selon le ministère des Affaires étrangères italien.
L'annonce de la mort de sept étrangers enlevés au Nigeria, par le groupe islamiste nigérian Ansaru, semble fondée. Selon plusieurs pays européens, l'Italie, la Grèce et la Grande-Bretagne, le pire est à craindre. «Ils ont probablement été tués», a indiqué dimanche William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères.
Le groupe Ansaru a affirmé samedi avoir tué sept personnes (quatre ressortissants libanais ou syriens - selon les sources - un Grec, un Italien et un Britannique), qui travaillaient pour la société libanaise de construction Setraco et avaient été enlevés le 16 février. L'enlèvement s'était produit à Jama'are, à environ 200 kilomètres de Bauchi, capitale de l'Etat du même nom, dans le nord du Nigeria, une région souvent secouée par des attaques menées par des groupes islamistes.
«Une violence barbare et aveugle»«Je suis en mesure de confirmer qu'un Britannique travaillant dans le secteur de la construction, retenu en otage depuis le 16 février, a probablement été tué quand il était aux mains de ses ravisseurs, ainsi que six autres étrangers dont nous pensons aussi qu'ils ont été assassinés de façon tragique», a indiqué le ministre britannique des Affaires étrangères dans un communiqué, condamnant «ce meurtre de sang-froid».
«Il s'agit d'un acte de terrorisme atroce», a souligné le ministère italien des Affaires étrangères, tandis que le président de la République, Giorgio Napolitano, dénonçait «un assassinat barbare». «Le gouvernement italien exprime sa plus ferme condamnation» et dénonce «une violence barbare et aveugle», démentant qu'il y ait eu une action militaire pour tenter de libérer les otages. «Aucune intervention militaire dont l'objectif aurait été de libérer les otages n'a jamais été tentée de la part des gouvernement intéressés», poursuit le communiqué des autorités italiennes.
Pas de confirmation des autorités nigérianesSelon le réseau américain de surveillance des sites islamiques SITE, le groupe Ansaru a déclaré dans son communiqué avoir été «poussé à exécuter les otages», après des «actions menées par les gouvernements britannique et nigérian pour libérer ces personnes, et aux arrestations et aux exactions qu'ils auraient perpétrées».
Un employé de la société Setraco au Nigeria disait toujours, ce dimanche, attendre la confirmation de la mort des otages par les autorités nigérianes. Mais le colonel Yerima, porte-parole des armées, s'est refusé à tout commentaire, tandis que le porte-parole de la police, Frank Mba, a déclaré ne pas être en mesure de confirmer quoi que ce soit.
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Ansaru, un groupe de terroristes sans pitiéIls ont revendiqué l’exécution de sept otages qu’ils détenaient au Nigeria. Les jihadistes d’Ansaru (« Avant-garde pour la protection des musulmans en Afrique noire ») sont les très redoutés dissidents de Boko Haram, la secte islamiste qui sévit au nord du pays. Le noyau dur de cette organisation de jeunes terroristes islamistes ne serait constitué que de quelques dizaines à quelques centaines de combattants, épaulés par des hommes qui ne se consacrent pas à plein-temps au jihad. « Il y a une vraie convergence entre leur action et celle d’Aqmi », souligne le spécialiste Jean-Charles Brisard. « Ils sont très culottés, ils ont beaucoup d’audace », relève Yves Trotignon, ancien membre de la DGSE devenu expert du terrorisme salafiste pour la société Risk & Co. Depuis sa création, en juin 2012, Ansaru a revendiqué l’enlèvement d’un ingénieur français et plusieurs attaques contre des bâtiments officiels nigérians.
Ces exécutions laissent-elles planer une angoisse supplémentaire pour le sort des sept otages français qui seraient aux mains de Boko Haram ? « Ce n’est pas une bonne nouvelle, analyse Yves Trotignon. D’abord, ça tend tout le monde. Et cela crée une sorte de compétition entre les groupes terroristes. Pour eux, chacun doit rester crédible et être le pôle d’attraction des radicaux dans la zone. »