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Nigeria : l'appel au secours des otages de Boko Haram
Mis à jour le 18/03/2013 à 23:19 | publié le 18/03/2013 à 19:22
Une image du 25 février montant Tanguy Moulin-Fournier (à gauche), son épouse Albane (au centre), son frère Cyril et les quatre enfants.
Après l'intervention au Mali, François Hollande a indiqué aux familles d'otages que la France ne paierait plus de rançon.C'est un appel au secours, pressant et angoissé, que lance Tanguy Moulin-Fournier, enlevé avec six autres membres de sa famille, dont ses quatre enfants âgés de 5 à 12 ans, dans le nord du Cameroun, le 19 février. «Nous perdons nos forces chaque jour et commençons à être malades, nous ne tiendrons pas longtemps», dit-il dans un enregistrement diffusé lundi par ses ravisseurs, les islamistes de Boko Haram, et qui a été rapidement authentifié. Dans ce communiqué, le père de famille, qui évoque des «conditions de vie très dures» depuis l'enlèvement, «il y a vingt-cinq jours», confirme être détenu par Boko Haram, qu'il désigne par son nom arabe.
Il s'agit du deuxième «témoignage» de la famille française capturée près de la frontière du Nigeria, depuis celui diffusé sur YouTube le 25 février par des individus se réclamant de Boko Haram. Une fois encore, s'adressant à l'ambassadeur de France au Nigeria, puis au président camerounais Paul Biya, l'otage réitère la requête déjà formulée par Boko Haram: la libération des activistes du groupe détenus au Nigeria et au Cameroun.
Cette pression mise par les ravisseurs intervient au lendemain d'un déplacement de Laurent Fabius au Cameroun et au Nigeria ce week-end. Si peu de choses ont filtré, sur le fond, de cette visite expresse, il en ressort avant tout un message de «détermination et de discrétion», selon les termes du chef de la diplomatie française. Son homologue nigérian a été plus explicite, samedi, en affirmant que «nous ne payons pas de rançon aux terroristes». Fin février, peu après l'enlèvement de la famille Moulin-Fournier, Laurent Fabius avait déclaré qu'«il faut faire le maximum pour libérer nos otages mais (que) rien ne serait pire que de céder».
«Guerre totale» contre AqmiCette ligne de fermeté a été formulée par François Hollande lui-même au moment où se déclenchait l'opération «Serval» au Mali. Selon
Le Monde, le chef de l'État, recevant les familles d'otages le 13 janvier, leur aurait déclaré qu'«il est impensable que l'on donne de l'argent à des organisations contre lesquelles nous sommes en guerre». De fait, l'intervention au Mali, et surtout l'incursion des militaires français dans le sanctuaire des djihadistes, a changé la donne et fortement réduit la marge de manœuvres des diverses tentatives de négociations avec les ravisseurs. «La France applique une doctrine, elle ne néglige aucune piste», soulignait-on lundi à l'Élysée.
Si, dans le passé, Paris a fréquemment payé pour obtenir la libération d'otages, l'option de la force s'est progressivement imposée, sous la pression de divers facteurs (dont l'expérience afghane), avec des succès limités. Certains y verront une mise en cohérence avec les pays anglo-saxons qui, eux, ont pour tradition de ne pas négocier avec les preneurs d'otages.
«Payer une rançon peut revenir à armer la main qui va nous tirer dessus», commentait lundi une source diplomatique, allusion à plusieurs tentatives infructueuses menées par des «négociateurs» français.
À l'Élysée, on se montre soucieux de dissiper tout signal alarmiste. Il n'en reste pas moins que l'élimination présumée d'Abou Zeid, le chef d'Aqmi, détenant les quatre Français enlevés en 2010 à Arlit, au Niger, et la lutte à mort engagée par les soldats français et tchadiens contre les djihadistes dans les Adrars montrent que le sort des otages français du Sahel est subordonné aux impératifs de la guerre, et non l'inverse. Les experts avertissent que chaque cas est particulier et que toute la palette des moyens doit être conservée. La règle du non-paiement pourrait, si besoin, connaître des entorses. Mais depuis le Mali et la «guerre totale» contre Aqmi, il est patent que le sort des otages ne peut plus être le déterminant de l'action.