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Éthylotest : une obligation, mais pas de sanction
Mis à jour le 01/03/2013 à 19:34 | publié le 01/03/2013 à 19:21 Fabrication d'un éthylotest, dans une entreprise du Bas-Rhin.
Au terme d'un interminable cafouillage politique, le gouvernement renonce à punir les automobilistes et laisse certains fabricants mécontents.
Reportée depuis des mois par le gouvernement, l'amende de 11 euros en cas de non-détention d'un éthylotest ne figurera pas dans le Code de la Route. Le décret publié vendredi au Journal officiel par le ministère de l'Intérieur confirme que «tout automobiliste est tenu de posséder un éthylotest à bord de son véhicule» mais supprime toute sanction dans le cas contraire.
Décidée par le gouvernement de François Fillon, l'entrée en vigueur de l'obligation accompagnée d'une sanction a d'abord été fixée au 1er juillet 2012, puis reportée au 1er mars par le nouveau gouvernement, pour cause de pénurie dans les boutiques françaises. «C'est la cacophonie depuis des mois», regrette Guillaume Neau, directeur commercial de Contralco, principal fabricant français d'éthylotests. Dernier exemple en date: le 12 fevrier dernier, le cabinet de Manuel Valls assurait que «l'obligation et les sanctions restent à l'ordre du jour». Trois jours plus tard, le ministre de l'Intérieur déclarait au Parisien qu'il n'y aurait «pas d'éthylotest obligatoire et encore moins de sanction». En optant pour une obligation sans verbalisation, le gouvernement mise donc sur la bonne volonté des automobilistes.
Des fabricants dubitatifs
Du côté des fabricants, qui se sont réunis au sein d'un collectif, certains saluent une décision «innovante». «En abandonnant la verbalisation, on met l'accent sur la prévention. Ce décret fait appel au sens civique des gens», se félicite Pierre Eleftériou, PDG de Pelimex, une entreprise du Bas-Rhin. Tous plaident pour de nouvelles campagnes de communication et de sensibilisation.
D'autres fabricants sont plus sévères. «Les distributeurs étrangers se moquent déjà de nous», assure Guillaume Neau, de Contralco. «Comment va-t-on expliquer aux automobilistes que l'éthylotest est obligatoire mais que l'on ne risque rien si l'on n'en possède pas un?», demande-t-il, regrettant que «tout n'ait pas été stoppé depuis le 1er juillet dernier, pour ne rien faire miroiter aux fabricants». L'éthylotest en France représenterait 1500 emplois. Contralco, le leader du marché, affirme avoir investi 3,7 millions d'euros et recrutés 236 intérimaires en 2012. «C'est un beau gâchis», résume Guillaume Neau.
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Les motards oubliés Contesté sur le fond par des associations d'automobilistes, qui y voient «le décret le plus ridicule qui ait jamais été publié», le décret de vendredi sur les éthylotests n'échappe pas à certaines maladresses sur la forme.
Ne parlant que des «automobilistes», il oublie de citer les «cyclo-motoristes». Les motards pourraient donc, en l'état actuel, être verbalisés s'ils ne possèdent pas d'éthylotest. Pierre Eleftériou, un fabricant, insiste: «Les Français n'y comprennent plus rien. Il faut porter un message clair.»