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Inde : appel au calme après la mort d'une étudiante violée
Mis à jour le 29/12/2012 à 13:00 | publié le 29/12/2012 à 10:16
Des manifestants sont descendus dans les rues de New Delhi à l'annonce du décès de la jeune femme.
Les autorités assurent que «très bientôt des décisions solides seront prises» pour protéger les femmes. Les six suspects arrêtés dans le cadre de l'enquête sur le viol ont été inculpés de meurtre.L'étudiante indienne victime d'un viol collectif le 16 décembre à New Delhi est décédée dans la nuit de vendredi à samedi, a annoncé l'hôpital de Singapour où la jeune femme luttait contre la mort depuis deux jours. L'annonce de ce décès a horrifié le pays où les autorités, craignant de nouvelles manifestations, ont mis en place de forces anti-émeutes dans les rues de New Delhi et ont bouclé plusieurs quartiers du centre-ville.
Les autorités craignent des débordements et ont bouclé une partie du centre-ville de New Delhi.
La police de New Delhi a également appelé la population au calme et au recueillement, dans un communiqué publié par le chef de la police Neeraj Kumar. Le chef du gouvernement local de New Delhi, Sheila Dikshit, a assuré que «très bientôt, des décisions solides seraient prises» pour protéger les femmes dans la capitale indienne. «S'il vous plaît, gardez votre calme et en même temps, nous devons garantir que tout ce qui est possible pour assurer la sécurité des femmes est fait», a-t-elle déclaré devant des journalistes.
Le premier ministre indien Manmohan Singh s'est dit «profondément attristé» par la nouvelle du décès de la jeune femme, - dont le corps doit être rapatrié samedi soir en Inde, selon l'ambassadeur indien à Singapour. La chaîne de télévision indienne NDTV a rendu hommage à la jeune fille en affichant ce bandeau: «Que cette fille de l'Inde repose en paix!».Un rassemblement serait en cours, selon le live mis en place par le
Times of India , à l'arrêt de bus où la jeune femme a rencontré ses agresseurs.
Une agression d'une insoutenable violenceLa jeune femme, dont l'identité n'a jamais été révélée, était une étudiante en kinésithérapie d'origine modeste, venant d'une région rurale de l'Uttar Pradesh, le plus grand Etat de l'Inde. Ses parents, venus la rejoindre à Singapour après son évacuation par vol sanitaire jeudi soir, avaient vendu leur lopin de terre pour financer ses études, selon la télévision NDTV. Ces gens sont décrits comme des «paysans simples», selon la même chaîne.
Le 16 décembre, après avoir vu au cinéma
L'odyssée de Pi, la jeune indienne et son ami étaient montés dans un bus aux vitres teintées pour rentrer chez eux. Mais là les attendait un cauchemar: une explosion de violences et de viols barbares commis par six hommes ivres. Avant son transfert à l'hôpital de Singapour, la jeune femme avait pu renseigner la police indienne sur ce qui s'était passé: les six hommes s'étaient disputés avec son ami, puis avaient emmené la jeune femme au fond du bus et l'avaient violée tandis que le bus circulait dans New Dehli. Ils l'avaient aussi agressée sexuellement avec une barre de fer rouillée, lui causant de graves blessures aux intestins, avant de la jeter pour morte hors du bus. Le bus avait rencontré de nombreux points de contrôle de police pendant cette équipée, mais à aucun moment les policiers ne s'étaient inquiétés de ce qui se passait à l'intérieur du véhicule.
La police de New Delhi a annoncé samedi que les six suspects arrêtés dans le cadre de l'enquête sur le viol avaient été inculpés de meurtre, après l'annonce du décès de la victime.
Le corps de la jeune femme sera rapatrié samedi soir en Inde.
Un tansfert contesté à SingapourLa décision de transférer la jeune femme à Singapour avait été prise lors d'une réunion mercredi du gouvernement Singh, qui avait promis de prendre en charge tous les frais médicaux. Certains médias ont toutefois allégué que ce transfert était destiné à apaiser l'opinion publique et éviter la réédition des violentes manifestations qui ont ébranlé New Delhi et entraîné la mort d'un policier. «C'est une décision politique», qui n'a aucun sens, s'est ému Samiran Nundy, chef du service de transplantation d'organes et de chirurgie digestive de l'hôpital Sir Ganga Ram de New Delhi. «Je ne comprends pas comment on peut transférer un patient dans un état critique qui souffre de septicémie avec une forte fièvre et qui est placé sous respiration artificielle», a-t-il dit.
Le premier ministre a reconnu que les violences contre les femmes étaient «un problème» significatif en Inde où près de 90% des 256.329 crimes violents enregistrés en 2011 ont une ou des femmes pour victime(s), selon les chiffres officiels. Manmohan Singh s'est engagé à mieux protéger les femmes contre les crimes sexuels et a souhaité des peines plus sévères pour leurs auteurs. Il a également ordonné la création d'une commission d'enquête spécialement chargée de cette affaire. Les photos, noms et adresses des violeurs condamnés seront désormais publiés sur les sites de l'administration fédérale. La mesure concernera d'abord New Delhi dont l'insécurité lui a valu le surnom de «capitale du viol».
Au moins deux autres jeunes femmes ont été violées depuis le calvaire vécu par l'étudiante.
Par ailleurs, davantage de femmes officiers seront recrutées par la police de New Delhi. La police a indiqué vendredi qu'une jeune écolière de 15 ans avait été égorgée après un viol collectif, jeudi, dans l'Etat d'Uttar Pradesh. Une autre adolescente indienne de 17 ans, victime d'un viol collectif, s'était suicidée jeudi après qu'un policier eut tenté de la convaincre de retirer sa plainte et d'épouser un de ses violeurs.