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Inde : le témoignage poignant de l'ami de l'étudiante violée
Publié le 04/01/2013 à 22:42
Une manifestation vendredi en hommage à la victime du viol, à Janta Mantar.
Le rescapé de l'agression raconte que l'étudiante indienne décédée des suites d'un viol collectif à New Delhi est restée dévêtue dans la rue pendant près d'une heure, malgré la présence de la police et des passants.Il brise le silence pour évoquer son traumatisme. Le petit ami de l'étudiante violée dans un autobus à New Delhi le mois dernier, et qui a succombé samedi à ses blessures, a évoqué vendredi pour la première fois la «cruauté» des assaillants. «J'ai essayé de lutter contre les hommes mais après je les ai suppliés encore et encore de la laisser», a confié le jeune homme de 28 ans, qui souffre notamment d'une fracture de la jambe.
Un calvaire de près d'une heure La scène s'est déroulée le 16 décembre dernier. Alors qu'ils revenaient du cinéma, le couple a pris l'autobus. «Je n'avais pas confiance en montant dans le bus mais mon amie était en retard, alors on est montés. Ce fut ma plus grosse erreur et après ça, tout a dérapé». Dans le véhicule se trouvait un groupe d'hommes, partis en «virée nocturne» dans la ville. Selon le petit ami, le chauffeur a commencé à faire des remarques obscènes et les autres individus se sont joints à lui. Ils s'en sont vite pris aux deux jeunes gens, agressant le petit ami pendant que l'étudiante en kinésithérapie de 23 ans était violée à plusieurs reprises, et agressée sexuellement avec une barre de fer rouillée. «Le chauffeur et les autres hommes ont violé mon amie et l'ont battue de la pire façon sur les parties les plus intimes de son corps (…). Je ne peux pas vous dire ce que je ressens lorsque j'y pense. Je tremble de douleur», témoigne le rescapé.
Après un calvaire qui a duré environ une heure, les deux ont ensuite été jetés hors du véhicule. Le jeune homme raconte alors que personne ne leur est venu en aide et que sa compagne est restée dévêtue dans la rue pendant près d'une heure, malgré la présence de la police et des passants. «Nous n'avons pas arrêté de demander à la police ‘s'il vous plaît, donnez-nous des vêtements' mais ils étaient trop occupés à décider quel commissariat allait s'occuper de notre cas», a déclaré le petit ami au réseau Zee News, ajoutant que «cela a pris une heure et demie avant que nous ne soyons transférés à l'hôpital». Selon le porte-parole de la police de Delhi, Rajan Bhagat, des enregistrements GPS prouvent toutefois que le premier véhicule de police était arrivée sur place quatre minutes seulement après avoir été appelé, et avait emmené l'homme et la femme à l'hôpital en 24 minutes.
Explosion de colère L'étudiante, souffrant d'importantes lésions à l'intestin et au cerveau, avait été transférée à Singapour, où elle est décédée samedi dernier. Six hommes, dont un mineur, ont été arrêtés: les cinq majeurs ont été formellement inculpés jeudi de viol et de meurtre. Le sixième sera jugé par un tribunal pour enfants.
Le père de la victime a dit souhaiter que les auteurs de l'agression soient condamnés à la pendaison et qu'une nouvelle loi sur les crimes sexuels porte le nom de sa fille. Le meurtre est passible de la peine de mort en Inde et la pendaison est réservée aux «cas les plus rares». La dernière exécution dans le pays remonte à novembre dernier, avec la pendaison du seul survivant du commando responsable des attentats de novembre 2008 à Bombay. Il s'agissait de la première exécution capitale depuis 2004.
Cet acte a suscité une vague de manifestation dans ce pays, où un viol est signalé aux autorités toutes les vingt minutes en moyenne. Le premier ministre, Manmohan Singh, s'est engagé à alourdir les peines prévues pour les auteurs de crimes sexuels. Un groupe d'experts dirigé par un ancien président de la Cour suprême a été mis en place dans cette perspective.