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Egypte : Morsi annule le décret mais maintient le référendum
Publié le 08.12.2012, 11h26 | Mise à jour : 09.12.2012, 09h37
Vendredi soir, des milliers de manifestants étaient rassemblés au Caire autour du palais présidentiel gardé par l'armée, tandis que le pouvoir a fait savoir qu'il pourrait reporter le référendum sur un projet de Constitution qui divise profondément le pays.
Le président égyptien Mohamed Morsi a annulé samedi soir le décret du 22 novembre par lequel il s'était octroyé des pouvoirs renforcés, provoquant une grave crise politique. Mohamed Morsi a en revanche confirmé la date du 15 décembre pour la tenue d'un référendum sur un projet controversé de Constitution. Ces décisions ont été annoncées après une rencontre entre le chef de l'Etat et des personnalités politiques.
Un geste envers l'opposition, un autre envers les islamistes. Après l'annulation du décret et le maintien du référendum, le mouvement du 6-Avril, une organisation de jeunes très active lors de la révolte contre Hosni Moubarak, a qualifié ces annonces de «manoeuvre politique visant à tromper le peuple». Elle a appelé à «poursuivre les manifestations pour faire échouer le référendum sur la constitution des Frères musulmans».
Le FSN se réunit ce dimanche. Avant même les annonces de samedi, la principale coalition de l'opposition, le Front du salut national (FSN), avait déjà appelé à poursuivre le mouvement de protestation jusqu'à ce que ses «revendications légitimes et pacifiques se concrétisent», dont le report du référendum. Le FSN a aussi laissé planer une menace de grève générale. Il se réunit de nouveau ce dimanche pour affiner sa position après les nouvelles annonces de Mohamed Morsi.
La fermeté des Frères musulmans. L'ensemble de l'opposition souhaite un report du référendum sur la Constitution, afin d'élaborer un texte plus consensuel. Elle accuse la mouture actuelle d'ouvrir la voie à une islamisation accrue de la législation et de manquer de garanties pour les libertés, en particulier d'expression et de religion. Mais les formations islamistes, dont les Frères musulmans du président Morsi, refusent catégoriquement tout report du référendum constitutionnel.
L'opposition a fait du report du référendum et de l'annulation du décret sur les pouvoirs présidentiels ses chevaux de bataille. Elle les suspecte d'ouvrir la voie à une islamisation accrue de la législation et de manquer de garanties pour les libertés, en particulier d'expression et de religion.
Les avertissements de l'armée. L'influente armée égyptienne est sortie de sa réserve samedi et a sommé le pouvoir et l'opposition de dialoguer pour éviter au pays «un désastre». Ces derniers jours, elle a assuré la protection du palais présidentiel au Caire visé par des manifestations, tout en faisant savoir qu'elle n'emploierait pas la violence. Dans son communiqué, l'armée prévient que, faute de dialogue, l'Egypte emprunterait «un sentier obscur qui déboucherait sur un désastre», ce que l'institution militaire «ne saurait permettre». Elle appelle aussi au «respect des règles démocratiques».
Les manifestations s'apaisent.
En attendant l'amendement du projet de Constitution, de petits groupes de manifestants continuaient de se rassembler à proximité du palais présidentiel, épicentre des manifestations massives des pro et anti-Morsi ces derniers jours, et protégé par des soldats et des chars. Plus de 10 000 opposants s'étaient massés devant la présidence vendredi. Nombre d'entre eux avaient pu franchir les barbelés pour s'approcher du palais, sans toutefois provoquer d'incident ni pénétrer dans le complexe. Des affrontements entre partisans et adversaires du président mercredi soir avaient fait sept morts et des centaines de blessés.