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Le terrifiant bilan des armes chimiques au Moyen-Orient
Publié le 04/12/2012 à 12:39
Damas dispose de tout un arsenal pour disperser des armes chimiques, des missiles balistiques Scud aux bombes aériennes et aux obus d'artillerie.
Les armes chimiques, dont les États-Unis redoutent qu'elles soient employées contre les rebelles syriens par Bachar el-Assad, ont déjà été utilisées au Moyen-Orient, principalement par l'Irak.
Le recours aux armes chimiques par Bachar el-Assad, considéré comme une «ligne rouge» par les Occidentaux, ranime le spectre d'une «guerre sale» et des massacres perpétrés ces dernières années au Moyen-Orient, principalement par l'Irak. Fin septembre, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, reconnaissait que le régime syrien avait disséminé ses stocks d'armes chimiques dans le pays, possible prélude à une utilisation de cet arsenal redoutable contre les rebelles.
Selon les experts, les stocks syriens s'élèveraient à «plusieurs centaines de tonnes» de gaz moutarde et d'agents neurotoxiques comme le Sarin et le VX. Les vecteurs dont disposerait Damas pour épandre ces substances létales vont des missiles balistiques Scud aux bombes aériennes et aux obus d'artillerie. Une «task force» d'environ 150 militaires américains, essentiellement des forces spéciales, se trouve depuis plusieurs mois en Jordanie, prête à agir si le régime syrien mettait en œuvre ces armes.
L'inquiétude américaine se fonde notamment sur le précédent irakien. Dans un contexte fort différent il est vrai, l'armée de Saddam Hussein a massivement utilisé les armes chimiques durant la guerre Iran-Irak, entre 1980 et 1988, faisant quelque 10.000 morts. Surtout, à la fin du conflit, Saddam Hussein a eu recours à cette arme fatale pour regagner le contrôle de territoires qui lui échappaient. En 1988, le bombardement au gaz de la ville de Halabja, le Guernica du Kurdistan, coûta la vie à 5000 personnes.
En 2010, les États-Unis ont détruit 75% de leur stockSi les troupes américaines n'ont jamais pu mettre la main sur les armes de destruction massives invoquées par l'Administration Bush pour déclencher l'invasion de l'Irak, plusieurs attentats survenus dans ce pays depuis 2007 ont révélé l'utilisation de charges explosives combinées à du chlore. En Syrie, une explosion survenue dans une usine d'armes chimiques près d'Alep, lors de l'installation de gaz moutarde dans des ogives de missiles Scud, a tué 25 militaires.
Connues de longue date pour leurs effets dévastateurs contre lesquels il est difficile de se prémunir, les armes chimiques ont été utilisées lors de conflits bien au-delà du Moyen-Orient. En Europe, l'inconscient collectif a longtemps conservé le cauchemar du gaz moutarde lâché par les Allemands à Ypres, en avril 1915. Cette première attaque chimique massive fit environ 10.000 morts. En Asie, durant la guerre du Vietnam, l'épandage par les Américains de défoliant par l'agent Orange a également fait de très nombreuses victimes, ses effets toxiques se propageant aussi aux générations ultérieures.
L'utilisation des armes chimiques est théoriquement prescrite par une convention internationale entrée en vigueur en 1997 qui prévoit également la destruction des stocks. En 2010, les États-Unis ont ainsi annoncé avoir détruit 75% de leur stock, qui s'élevait en 1997 à 31.100 tonnes. La Syrie fait partie des quelques pays n'ayant ni signé ni ratifié ce texte. Damas ne s'estime donc pas tenu de respecter ces interdits.