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Armes chimiques : Paris brandit les preuves
Mis à jour le 02/09/2013 à 22:16 - Publié le 02/09/2013 à 20:22
Un homme tient le corps d'un enfant dans une morgue improvisée après l'attaque aux gaz toxiques, le 21 août, près de Damas.
Des documents «déclassifiés» pointent la responsabilité de Bachar el-Assad dans l'attaque aux gaz du 21 août.
Le renseignement est le socle sur lequel le gouvernement français entend fonder sa riposte militaire à Bachar el-Assad. C'est cette «pierre angulaire» que Jean-Marc Ayrault a dévoilée lundi aux parlementaires, à l'avant-veille du débat prévu mercredi. Le premier ministre a transmis aux membres de la représentation nationale une compilation de documents secrets recueillis par divers services de renseignements, notamment la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et la Direction du renseignement militaire (DRM). Des sources essentiellement françaises, pour souligner la «décision de souveraineté» prise par François Hollande.
Une telle déclassification est «très rare», souligne-t-on au ministère de la Défense, même si la note de synthèse dévoilée lundi ne recouvre pas bien évidemment l'ensemble des pièces dont dispose le président de la République.
Cette note de synthèse (qui ne comporte pas de documents bruts) accrédite le «caractère dangereux du régime de prolifération» syrien en renseignant sur le programme chimique de Bachar el-Assad, son avancement, son volume, son niveau de sophistication. La note évoque le «caractère massif» des stocks d'agents toxiques dont dispose Damas: plusieurs centaines de tonnes d'ypérite, plusieurs dizaines de tonnes de gaz VX, une version hautement létale du sarin, lui-même présent par centaines de tonnes dans l'arsenal syrien.
La note apporte aussi des informations précises sur les vecteurs en possession des forces du régime pour répandre ces substances chimiques: Scud C, susceptibles d'emporter tous les agents cités, d'une portée de 500 kilomètres, Scud B (300 kilomètres), M600 (250 kilomètres) ou roquettes d'artillerie tactique de courte portée pouvant emporter chacune plusieurs centaines de litres d'agents toxiques. Des éléments sont également apportés sur la chaîne de commandement liée aux armes chimiques - relevant de Bachar el-Assad - et éclaire le rôle du Centre d'études et de recherches scientifiques (Cers) autour duquel s'articule tout le programme syrien.
Des informations «totalement inédites»
Dans un deuxième volet, la note livre des informations «totalement inédites» sur les attaques chimiques perpétrées ces derniers mois par l'armée syrienne et dont la responsabilité, insiste le document, incombe directement au régime de Damas. Ainsi à Saraqeb, le 29 avril dernier, la population a été la cible d'un bombardement effectué par des hélicoptères qui ont largué à haute altitude des petites munitions chimiques. Une attaque lancée afin de terroriser les habitants de cette ville stratégique de la province d'Idlib, estiment les services secrets.
Une situation distincte de celle de l'attaque du 21 août à Damas, événement focal de la note. Dans ce cas, indique-t-on, il s'agissait de terroriser mais l'objectif était également tactique. Les agents chimiques ont été projetés sur des quartiers tenus par les insurgés ou en lisière de zone, dans le but de reconquérir des quartiers tenus par l'opposition.
Les services secrets s'attachent à démontrer la responsabilité de Damas dans cette attaque par une série d'arguments, étayés notamment par les images satellites. Les zones touchées étaient tenues par les rebelles, la zone de départ des tirs étant aux mains de forces loyalistes. Les roquettes utilisées, de fabrication industrielle, ne sont pas celles détenues par les rebelles. En outre, les bombardements massifs, à l'est et à l'ouest, supposaient des capacités de coordination outrepassant celles des opposants. Enfin, les zones visées ont été la cible de bombardements ultérieurs destinés à faire disparaître les traces des attaques. Des «preuves» confortées par 47 vidéos amateurs tournées sur les lieux que les services français ont authentifiées.