WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International Syrie : le pouvoir utilise des armes chimiques
Mis à jour le 27/05/2013 à 11:09 - Publié le 27/05/2013 à 10:27
Un homme marche dans la fumée, dans l'Est de la Syrie (photo d'illustration).
Deux envoyés spéciaux du Monde affirment avoir été témoins d'attaques chimiques dans un faubourg de Damas.
Le quotidien
Le Monde confirme à son tour l'usage d'armes chimiques par le régime du président Bachar el-Assad. Dans son édition de dimanche-lundi, les envoyés spéciaux du journal affirment avoir constaté par eux-mêmes «pendant plusieurs jours d'affilée» les effets de l'utilisation de gaz toxiques par les forces gouvernementales dans le faubourg de Jobar, «à moins de 500 mètres de la place des Abbassides», non loin du centre de la capitale syrienne. Un guerre sans merci se déroule depuis plusieurs mois pour le contrôle du quartier de Jobar, investi en janvier par la rébellion. Les deux journalistes du
Monde font état «d'un usage occasionnel et localisé visant les points de contact les plus durs» avec les rebelles. Le 13 avril, notamment, des combattants «ont commencé à tousser, puis s'accroupir, suffoquer et vomir». Le photographe du
Monde lui-même «souffrira, quatre jours durant, de troubles visuels et respiratoires».
Les deux hommes disent avoir aussi recueilli les témoignages de médecins dans la Ghouta, une zone tenue par les rebelles dans la périphérie est de Damas. Ces médecins, qui font état d'un usage régulier d'armes chimiques par les forces de Bachar el-Assad, parlent de gaz sarin. «Les gens qui arrivent ont du mal à respirer. Ils ont les pupilles rétractées. certains vomissent. Ils n'entendent plus rien, ne parlent plus, leurs muscles respiratoires sont inertes. Si on ne traite pas de toute urgence, c'est la mort.»
Produits toxiquesAu cours d'un reportage de deux mois dans les environs de la capitale syrienne, les journalistes du
Monde disent «avoir réuni des éléments comparables dans une couronne beaucoup plus large. La gravité des cas, leur multiplication, la tactique d'emploi de telles armes montrent qu'il ne s'agit pas de simples gaz lacrymogènes utilisés sur les fronts, mais de produits d'une autre classe, bien plus toxiques.»
Les États-Unis, la Turquie et Israël affirment posséder des éléments matériels prouvant l'utilisation d'armes chimiques, et l'on sait que Damas possède d'importants stocks de gaz neurotoxiques comme le sarin. L'ONU a fait état également d'«informations de plus en plus nombreuses» sur l'utilisation de ces armes. À la suite des accusations réciproques lancées par le pouvoir et l'opposition concernant le recours à des armes chimiques, l'ONU exhorte le gouvernement syrien à laisser ses experts enquêter dans le pays. La France et la Grande-Bretagne ont également demandé une enquête sur plusieurs incidents qu'ils attribuent à l'armée syrienne, notamment à Homs, en décembre 2012. Mais le régime de Bachar el-Assad veut restreindre cette enquête à un incident survenu près d'Alep le 23 mars et impliquant, selon lui, l'opposition armée.
Barack Obama a fait de l'usage d'armes chimiques une «ligne rouge» à ne pas franchir par le régime syrien, sous peine d'une réaction des États-Unis. Le président américain juge cependant qu'il ne dispose pas de preuve irréfutable pour le moment à ce sujet.