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Proclamé président, M. Copé tend la main à M. Fillon, qui crie au "coup de force"
Publié le 25.11.2012 à 08h09 • Mis à jour le 26.11.2012 à 19h58
Jean-François Copé, avec Michèle Tabarot et Roger Karoutchi, proclame une nouvelle fois sa victoire après la décision de la Commission de recours, au siège de l'UMP, rue de Vaugirard à Paris, lundi 26 novembre. | Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde
Après l'échec de la médiation d'Alain Juppé, l'affrontement pour la présidence de l'UMP est entrée lundi 26 novembre dans sa deuxième semaine. "Je pense que rien n'est réglé en fait", a réagi le fondateur de l'UMP et maire de Bordeaux, interrogé par des journalistes après la proclamation de Jean-François Copé comme président de l'UMP par la commission de recours du parti.La commission des recours désigne Jean-François Copé vainqueurPeu après 17 heures, la commission nationale des recours de l'UMP a confirmé l'élection de Jean-François Copé à la tête du parti, avec 86 911 voix contre 85 959 à François Fillon, soit 952 voix d'avance, après avoir notamment annulé les résultats contestés de Nouvelle-Calédonie et ceux des premier et troisième bureaux des Alpes-Maritimes.
Jean-François Copé avait été proclamé vainqueur par 98 voix d'avance le 19 novembre. Deux jours plus tard, l'oubli des trois départements étant avéré, François Fillon avait affirmé que les résultats s'inversaient et qu'il devenait le vainqueur avec une vingtaine de voix d'avance, ce que confirmait la Cocoe.
M. Copé : "Choisir le pardon plutôt que la division"Après l'annonce de ces résultats, Jean-François Copé a estimé dans une déclaration au siège de l'UMP qu'il
"appartient en conscience de choisir le pardon plutôt que la division". Il a promis qu'il
"ne [polémiquerait]
pas" avec son rival et ses soutiens.
"C'est un devoir que je m'impose", a-t-il dit, ajoutant :
"Je vais proposer à François Fillon de participer à cette équipe, avec ceux qui l'entouraient pendant la campagne. Nous avons besoin de lui. Je ne peux pas imaginer que François Fillon poursuive ses poursuites judiciaires contre son propre parti, sa propre famille politique.""Je m'engage à créer toutes les conditions pour rendre irréversible l'organisation en 2016 de primaires ouvertes afin de désigner le ou la candidate de notre famille politique pour la présidentielle", a-t-il promis. Il s'est également engagé à "
veiller à ce qu'aucune alliance électorale ne soit tolérée avec l'extrême droite".
Le camp Fillon parle d'une décision "illégale" et d'un "coup de force"Dans un communiqué, le camp Fillon a immédiatement qualifié d'
"illégale" la décision de la commission nationale des recours de l'UMP, estimant que
"Jean-François Copé se fait proclamer président par un coup de force".
"Malheureusement le résultat de ce soir – c'est la troisième fois que M. Copé annonce sa victoire – nous confirme que l'UMP s'est transformée en fort Chabrol, a ensuite commenté Jérôme Chartier, porte-parole de François Fillon.
Jean-François Copé s'est enfermé dans une logique qui est la sienne." L'avenir du groupe UMP en question mardi à 9 h 30Deux députés UMP, David Douillet, pro-Fillon, et Marc Le Fur, pro-Copé, ont lancé un appel à l'unité, déjà co-signé par une cinquantaine de leurs collègues, contre la scission du groupe UMP et un recours en justice contre l'élection de Jean-François Copé.
Selon eux,
"la scission de notre groupe parlementaire serait de nature à nous interdire toute forme de réconciliation", car
"seul le groupe uni pourra proposer une parole commune et un projet partagé. Diviser le groupe parlementaire, c'est s'interdire une action collective au service de nos concitoyens."Interrogé sur la création d'un nouveau groupe à l'Assemblée, Jérôme Chartier a confirmé qu'une réunion des élus soutiens de l'ancien premier ministre se tiendrait mardi à 9 h 30.
"Demain matin, toutes les questions seront évoquées : quelles suites allons-nous donner ? Aucun sujet ne sera éludé, aucune piste n'est plus particulièrement engagée", a-t-il dit.
Le camp Fillon a entamé une offensive juridiqueDans la matinée, l'équipe de François Fillon avait annoncé avoir demandé une
"saisie à titre conservatoire" des données électorales du scrutin du 18 novembre. Des huissiers ont été mandatés à cette fin au siège du parti, avait elle également annoncé dans un communiqué.
"On ne peut (...) considérer que les documents électoraux soient à l'abri de manipulations ou d'altérations, et d'autre part il est certain que l'égal accès des parties en présence n'est aucunement garanti", écrit notamment le camp Fillon pour justifier cette procédure.
Le camp Fillon prépare aussi une procédure au civil pour demander l'annulation de l'élection interne pour la présidence de l'UMP, a indiqué à l'AFP l'avocat qui défend dans ce dossier les intérêts de l'ancien premier ministre, Me François Sureau.
"La règle classique" dans un tel cas
"est qu'on fait une nouvelle élection", a-t-il ajouté.
Le camp Copé étudie une contre-offensive.
MM. Copé et Fillon ont parlé avec Sarkozy François Fillon et Nicolas Sarkozy se sont rencontrés lundi à la mi-journée dans les bureaux de l'ancien chef de l'Etat, rue de Miromesnil dans le 8
e arrondissement de Paris. Nicolas Sarkozy
"n'a ni découragé ni encouragé François Fillon dans ses différentes démarches. Tout en essayant de trouver la meilleure solution, il le laisse évidemment entièrement libre de prendre les responsabilités qu'il estime nécessaire", a affirmé à l'AFP une source proche de M. Fillon.
Un peu plus tôt, l'entourage de Jean-François Copé avait fait état d'
"une longue et chaleureuse conversation téléphonique" entre le président proclamé de l'UMP et l'ancien président de la République.
Le filloniste Dord a démissionné avec pertes et fracas de son poste de trésorier de l'UMPLe filloniste Dominique Dord a annoncé au
Dauphiné libéré qu'il démissionnerait dans l'après-midi de son poste de trésorier national de l'UMP,
"ne pouvant plus supporter l'ambiance au sein de la direction du parti". Le député-maire d'Aix-les-Bains (Savoie) déclare qu'il se
"refuse à cautionner la mascarade qui se joue actuellement".
Dans un long réquisitoire contenant des accusations graves, il dénonce
"l'inégalité" de traitement entre candidats.
"Plusieurs d'entre nous avaient demandé à Jean-François Copé de se mettre en retrait du secrétariat général le temps de la campagne pour éviter toute suspicion. Il l'a refusé."NKM, Guéant et Estrosi pour un nouveau vote, Copé refuse
La députée Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé lundi sur Europe 1 qu'elle demandait à
"revoter" à l'UMP :
"Je lance une pétition jeveuxrevoter.fr pour revoter. La légitimité politique [de l'élection du 18 novembre]
n'est pas acquise", a affirmé l'ancienne ministre et ancienne porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy à la dernière élection présidentielle. NKM n'avait pas pris parti entre Jean-François Copé et François Fillon pour la présidence de leur parti.
Claude Guéant, ancien ministre de l'intérieur et proche de Nicolas Sarkozy, a lui aussi inclus le revote dans les deux solutions qu'il envisage, sur BFM TV lundi.
"Je souhaite ardemment que l'on redonne très rapidement la parole aux militants pour sortir de cette impasse (...). Soyons responsables et revotons", a également déclaré Christian Estrosi, par ailleurs secrétaire général de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy.
Dans un sondage publié par
Le Journal du dimanche, 71 % des Français et 67 % des sympathisants UMP estiment que ce serait
"une bonne chose" de refaire l'élection.
Copé refuse :
"Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que ce n'est pas responsable", a déclaré le président proclamé de l'UMP sur BFMTV-RMC, raillant cette
"nouvelle mode" de vouloir faire revoter les militants.
"L'élection, elle a eu lieu. Ce qu'on attend du juge de l'élection, c'est qu'il proclame les résultats au vu de ce qu'il a observé."Alain Juppé, opposé au recours en justice, s'exprime sur Nicolas SarkozyAlain Juppé a estimé lundi matin sur RTL que le recours annoncé par le camp Fillon risquait d'aggraver la cassure au sein de leur parti commun. "
J'ai tout fait pour l'éviter, a-t-il indiqué.
Transférer cette querelle aux mains de la justice, tout à fait à l'extérieur du mouvement, c'est augmenter les risques d'explosion." "Constatant que ses propositions n'[avaient]
pas été acceptées", le maire de Bordeaux avait mis fin dimanche après-midi à sa médiation.
Interrogé sur une éventuelle intervention de Nicolas Sarkozy, le maire de Bordeaux a laissé l'ancien chef de l'Etat choisir ce qu'il voulait faire.
"A lui de jouer", a déclaré M. Juppé :
"Il apparaît clairement qu'il est le seul aujourd'hui à avoir l'autorité suffisante pour proposer éventuellement une sortie que je n'aperçois pas pour ce qui me concerne." "Je doute que Sarkozy plonge dans la mêlée, a de son côté estimé Claude Guéant.