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Au congrès de Toulouse, le PS s'offre une thérapie de groupe
Mis à jour le 29/10/2012 à 08:44 | publié le 28/10/2012 à 22:00
Jean-Marc Ayrault, samedi, à Toulouse.
Dans le rôle du «psy», les ministres se sont relayés pendant les trois jours du congrès au chevet du chef du gouvernement, en difficulté face aux critiques d'amateurisme et à la série de couacs.Faire taire les critiques d'«amateurisme» émises par l'opposition. Tourner la page des couacs. Et redonner le moral à des militants parfois déstabilisés par la multiplication des mauvais sondages et la gravité de la crise. Réunis ce week-end à Toulouse pour leur premier congrès depuis la victoire, les socialistes se sont offert une véritable thérapie de groupe, tout en s'efforçant de se montrer unis et soudés derrière leur «soldat Ayrault».
Dans le rôle du «psy»: les ministres, qui se sont relayés trois jours durant au chevet du chef du gouvernement. Manuel Valls a pris la tête de l'escouade, louant «un premier ministre disponible, à l'écoute, qui arbitre et qui tranche, qui coordonne, qui agit et met en œuvre les engagements» de François Hollande. «Je suis fier d'être ministre de Jean-Marc Ayrault», a ajouté le ministre le plus populaire du gouvernement.
L'ex-première secrétaire Martine Aubry est venue en renfort, louant les qualités d'«honnête homme» de Jean-Marc Ayrault, tandis que son successeur Harlem Désir saluait «un grand premier ministre de gauche». «Tu peux compter sur chaque militant», a ajouté Désir, faisant applaudir à tout rompre Jean-Marc Ayrault qui, porté à bout de bras par la salle, a fini par se lever, pour saluer les participants.
Réactiver la liesse du 6 maiDans un discours très offensif, le chef du gouvernement s'est employé lui-même à défendre sa méthode, celle de la négociation et du dialogue social, même si cela doit prendre «du temps» et «au risque d'être critiqué sur le rythme des réformes». «J'assume et je revendique, a-t-il martelé. Cette méthode, elle marche!» Accusé de ne pas faire assez de pédagogie sur le sens de son action, le premier ministre a tenté une mise en perspective, dessinant les contours d'un «nouveau modèle français», basé sur le préalable d'une réduction des déficits.
Trois jours durant, face à des militants souvent inquiets, les ténors socialistes se sont employés à réactiver la liesse de la victoire du 6 mai. Comme ils le faisaient durant la campagne présidentielle, ils n'ont eu de cesse de charger Nicolas Sarkozy et François Fillon, qui portent, selon eux, la responsabilité de la situation du pays. «Nous n'avons aucune leçon à recevoir de la droite, a lancé Harlem Désir. La droite, c'est 600 milliards d'euros de dette en cinq ans, les comptes sociaux plombés, 70 milliards de déficit extérieur et plus d'un million de chômeurs supplémentaires en cinq ans.»
Le premier secrétaire s'est employé à réactiver les ressorts porteurs de l'antisarkozysme: «Ils essaient de nous faire croire à une nostalgie Sarkozy. Mais de quoi les Français devraient-ils être ­nostalgiques ?, a-t-il interrogé. Du yacht de M. Bolloré ou de celui de M. Takieddine? (…) De la tente de Kadhafi plantée dans les palais officiels? Du paquet fiscal ou de la TVA sociale?» Succès garanti dans la salle.
Lignes de fractureTout cela n'a pas suffi à éclipser les doutes, alors que les clivages se multiplient au sein de la majorité (droit de vote des étrangers, compétitivité, réduction des déficits publics, etc.). Proche de Ségolène Royal, la ministre de l'Écologie, Delphine Batho, a ainsi estimé que le gouvernement devait faire preuve «de lucidité et d'ambition». Et admis «les difficultés qu'a rencontrées la gauche lors de son arrivé au pouvoir». De son côté, le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis a évoqué une «situation épouvantable sur le plan politique et médiatique».
Chez les militants, qui ont pourtant voté pour la motion majoritaire portée par Harlem Désir, des lignes de fracture subsistent. Et certains ne sont pas prêts à mettre leurs critiques en sourdine au seul motif que Hollande est désormais président de la République. Le membre de l'aile gauche du parti, Gérard Filoche, qui a tenu un discours très ancré à gauche samedi, a ainsi été vivement applaudi quand il a asséné: «Le travail n'est pas un coût, c'est une richesse.» Tout comme Manuel Valls sur l'ordre républicain et la sécurité. «Entre Filoche et Valls, on se demande quelle est la ligne», résume en plaisantant un congressiste.