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Congrès de Toulouse : petites tractations entre amis
Mis à jour le 23/10/2012 à 09:46 | publié le 22/10/2012 à 20:20
Laurent Fabius, Martine Aubry et Harlem Désir pendant l'université d'été du Parti socialiste, à La Rochelle, fin août.
Harlem Désir a reçu lundi les ténors socialistes pour rechercher un accord sur la représentation des sensibilités dans la future directionLes courants et les luttes d'ego ont la vie dure au PS. Derrière la belle unanimité des ténors derrière Harlem Désir et la motion majoritaire (initiée par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault), c'est une véritable bataille pour les places dans les futures instances du parti qui est menée en sourdine, sur fond de rivalité entre hollandais et aubrystes. «Tout le monde défend son bout de gras avec le sourire aux lèvres», ironise le ministre français Kader Arif.
Entamées après les universités d'été de La Rochelle fin août, les tractations ont repris en fin de semaine dernière. Pour le nouveau premier secrétaire, qui doit composer avec les différentes sensibilités de sa motion (hollandais, aubrystes, hamonistes, royalistes, etc.), c'est un baptême du feu. Lundi, Harlem Désir a reçu à déjeuner les «barons» du parti, venus demander leur part de gâteau parmi les 143 postes obtenus par la «motion 1» (sur les 204 que compte le conseil national). «Avant le vote des militants sur les motions, les calculs avaient été faits sur une base de 90 % pour la motion 1, explique un ministre. Désir n'ayant obtenu que 68,44 %, une décote va devoir s'opérer pour chaque sensibilité. Chacun doit y mettre du sien.»
Lors du déjeuner, lundi, c'est le «cas Hamon» qui a suscité le plus de remous. La plupart des ténors du PS se sont émus des revendications de Benoît Hamon et des amis de l'aile gauche. Ces derniers ont rejoint la motion 1, après avoir obtenu l'assurance d'être représentés à hauteur de 30 places au conseil national. Une représentation «démesurée», au regard du score important réalisé par la motion 3 (13,28 %, soit 27 places au CN), portée par Emmanuel Maurel, autre représentant de l'aile gauche. «Il faut qu'au total, l'aile gauche - les amis d'Hamon et ceux de Maurel - ne dépasse par les 39 sièges qu'elle avait obtenus au congrès de Reims en 2008, résume un négociateur. Les hamonistes vont devoir baisser leurs prétentions.» Hors de question pour ces derniers. «Sinon, on arrivera divisés au congrès», menace le négociateur du courant Hamon, Guillaume Balas.
«N'humilier personne»Quant aux hollandais, qui ont été les sacrifiés du congrès de Reims, gagné à l'arraché par Aubry contre Royal, ils veulent leur «revanche». La bande des quatre (Stéphane Le Foll, Pierre Moscovici, Vincent Peillon et Manuel Valls, qui se sont alliés pour se rendre incontournables dans l'appareil), devait tenir une veillée d'armes lundi soir, à l'occasion d'un dîner. «L'enjeu, c'est qui aura la majorité au sein de la majorité», sourit un ministre hollandais pour qui la victoire de Hollande sur Aubry aux primaires a dessiné un nouveau rapport de forces. «Cette fois, les égorgeurs se trouvent chez François Hollande», note un élu PS. Ségolène Royal, elle aussi, refuse de descendre en deçà d'un certain nombre de postes (18) pour les siens. «Ce sera moins de dix», pronostique un négociateur. Un ministre s'inquiète: «Il faut faire attention à n'humilier personne.»
La liste des membres du CN sera dévoilée dimanche à Toulouse. Les négociateurs aimeraient boucler le casting mardi soir, à l'occasion d'une dernière réunion de calage autour d'Harlem Désir. «On veut régler cette affaire avant le début du congrès, assure le sénateur Luc Carvounas, qui négocie pour Valls. Les Français attendent autre chose du PS qu'une comptabilité de boutiquier.» Un hollandais historique soupire: «Comme d'habitude, ça se terminera dans la nuit de samedi à dimanche.»